Celui qui aurait l'idée de mettre chaque année
entre 50 et 200 euros à la poubelle passerait pour un fou! C'est pourtant ce que vous
faites en payant pour l'enlèvement et le traitement de vos déchets, et ce n'est qu'un
début car vous produisez toujours plus de déchets qui coûtent de plus en plus cher à
traiter. En plus, ça ne va pas s'arranger avec la hausse du prix du pétrole, bien au
contraire!
Tout ça c'est de la faute des maires, car ce sont
eux les responsables devant la loi de l'enlèvement et de l'élimination (sic) des
déchets des ménages. Mais c'est bien vous qui élisez votre maire, non? Rendez-vous en
2008 pour les élections municipales!
Une taxe inéquitable.
Depuis la loi du 15 juillet 1975 les communes sont dans l'obligation d'assurer
l'élimination (sic) (1) des
déchets des ménages. C'est aussi pour cela que la plupart des communes se sont
regroupées, soit en Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI):
Communautés de communes ou d'agglomération, soit en Syndicats intercommunaux.
Les communes ou leur groupement disposent de 3 modes de financement, au choix:
-a) la REOM, redevance des ordures ménagères, qui résulte du partage entre les
usagers des frais de collecte et de traitement. Notons au passage que cette redevance
basée sur le coût réel va disparaître en 2006 au profit de la taxe, bien qu'elle soit
plus équitable. Elle permet en effet de proportionner le coût à la quantité de
déchets produite par un ménage: c'est la redevance incitative qui favorise aussi
le tri, permet le recyclage et limite d'autant l'incinération (2). Mais elle n'intéresse pas les maires:
une dizaine de communes seulement ont fait ce choix en France.
-b) la TEOM, taxe des ordures ménagères, qui
est un impôt direct calculé sur la base de la taxe foncière et qui s'ajoute à
celle-ci. Ce n'est plus l'usager qui paye un service mais le contribuable qui paye un
impôt. Qu'est-ce que ça change? D'abord, l'État se sert au passage (3), ensuite
il n'y a aucune incitation à la limitation des déchets ni au tri, donc le coût de
traitement est maximum et les bons citoyens (qui trient) paient pour les mauvais!
-c) le budget communal, alimenté par les impôts locaux, peut compléter la
TEOM.
Une politique calamiteuse.
Jusqu'en 1990 les communes "éliminaient" les ordures dans des décharges ou
les brûlaient sans trop de précautions. Résultat: pollution du sol, des eaux et de
l'air. Depuis 1991 il faut traiter les fumées et contrôler les polluants (4). En 1992, enfin, une politique basée sur
la réduction, le tri et la valorisation (recyclage ou récupération d'énergie).
Malheureusement la loi du profit maximum fera dévier de ces objectifs; en 2005 il n'y a
toujours pas de réduction des déchets, le tri et le recyclage sont très en dessous du
souhaitable et seule l'incinération a progressé (en utilisant le faux nez de la
valorisation énergétique) alors que c'est le moyen le plus polluant et le plus onéreux
pour l'usager mais le plus rentable pour les entreprises qui exploitent le filon.
Nos maires dans tout ça? Les plus honnêtes ont été bernés, les autres ont été...
complaisants!
Une facture très salée.
Quand le recyclage coûte en moyenne 35 la tonne, l'incinération revient à 100
, auxquels s'ajoute le coût de la collecte et du transport jusqu'à
l'incinérateur. Pour la 2C2A (5) par
exemple, le coût était en 2004 de 176 /t dont 100 pour l'incinération par
le SIDEFAGE (6) à Bellegarde, plus 45
pour la collecte, plus 31 pour le transport en train d'Annemasse à
Bellegarde (7). A cette facture déjà
salée vont s'ajouter en 2005 l'augmentation des coûts de collecte et de transport liée
au prix du carburant et celle de l'incinération elle-même qui devra répondre à des
normes de pollution de plus en plus serrées.
Ne croyez pas que la production d'électricité ou de chaleur par certains
incinérateurs va contenir les augmentations à venir: elle n'équivaut qu'à 10% environ
du montant de l'incinération alors que le transport, collecte comprise, en représente
les deux tiers!
Ne croyez pas non plus que les normes antipollution vont s'assouplir! C'est tout le
contraire car on mesure de mieux en mieux les coûts indirects liés aux maladies
environnementales causées par la pollution. Attendez-vous donc à une augmentation
vertigineuse de vos impôts locaux tant que l'incinération restera le moyen privilégié
(pourquoi? par qui?) pour le traitement de 80% de vos déchets.
Comment sortir de l'impasse?
Quand des choix erronés engagent l'avenir pour longtemps il n'est pas facile de faire
marche arrière. Les EPCI, les SIVOM et autres SITOM, sont propriétaires encore pour
longtemps des ruineuses machines à polluer que sont les incinérateurs. S'il est
malheureusement impossible de les arrêter (que faire de millions de tonnes de déchets?)
il faut chercher par tous les moyens à réduire leur activité et donc leurs nuisances.
Cela suppose d'avoir du courage, de faire les efforts nécessaires pour sortir de cette
impasse car le choix est simple: ou bien vous réduisez et vous triez vos déchets ou bien
vous payez très cher votre négligence.
Réduire c'est possible pour un consommateur averti qui refuse de payer deux fois le
prix des emballages: une première fois à l'achat du produit, une deuxième fois pour
incinérer l'emballage. Trier c'est possible en utilisant les "Points verts" qui
existent dans toutes les communes ou presque en attendant d'avoir chez soi les 2, 3 ou 4
poubelles qui permettront de trier efficacement et donc de recycler, alors que quand tous
les déchets sont mélangés on ne peut plus que les incinérer.
Choisissez de ne plus mettre autant d'argent à la poubelle! Exigez de vos élus qu'ils
vous facilitent la vie!
Pierre Ottin Pecchio,
Union Santé Contre Pollution.
1. On sait maintenant que le terme est impropre: on n'élimine pas un déchet, on ne
peut que le transformer en un autre déchet qui ira dans une décharge sauf les rejets
gazeux qui iront polluer l'air.
2. Le recyclage coûte moitié moins que l'incinération.
3. La gestion de la taxe par le Trésor public se traduit par un prélèvement de 8%.
4. Sauf les dioxines dont le contrôle n'est obligatoire que depuis 1997 pour un petit
nombre d'usines d'incinération et ne sera applicable à toutes qu'à partir du 28
décembre 2005.
5. Communauté de Communes de l'Agglomération d'Annemasse
6. Syndicat mixte de gestion des déchets du Faucigny et du Genevois
7. D'après Le Messager du 21 juillet
2005, édition du Genevois.
La commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL), qui s'est
réunie le 10 novembre pour sa 44ème session annuelle, s'inquiète au sujet des
substances déversées dans le Rhône par les industries chimiques et les stations
d'épuration; car ces produits peuvent agir en très petites quantités comme
perturbateurs hormonaux sur la faune du lac. Malgré un bilan globalement positif à
mi-parcours du plan d'action 2001-2010 en faveur du lac, les micropolluants sont un
problème de taille pour la reproduction des poissons car on a pu constater des
perturbations hormonales et des atteintes de l'immunité (vulnérabilité plus grande aux
maladies).
On a pu dénombrer une trentaine de pesticides dans le lac, provenant principalement des
usines valaisannes d'industrie chimique, mais on a constaté aussi dans le lac des
résidus médicamenteux, des antibiotiques et un antiépileptique...
Il faut savoir que ces produits peuvent agir très longtemps quand ils sont inclus dans
les boues du fond du lac. On estime que l'eau du Léman ne se renouvelle totalement que
tous les 12 ans, et de façon inégale: la couche d'eau la plus profonde (au-delà de
-200m) est la moins brassée, et la couche moyenne (entre -50 et -200m) est la couche
régénérante pour ce grand lac.
On a déjà trouvé des truites qui ont changé de sexe en aval des stations
d'épuration, mais pas encore dans le lac.
Il est certain que ces constatations ne font que renforcer le besoin de connaissance de
l'impact de ces substances chimiques sur l'environnement, et qu'il est urgent que le
programme REACH, proposé aux pays européens par la Commission, soit mis en oeuvre
rapidement. Mais le nouveau gouvernement allemand, appuyé par la France, retarde cette
mise en oeuvre et tend à vider, sous la pression des lobbys chimiques, ce programme de
son contenu.
Les habitants de la riante commune de Passy, sur les coteaux ensoleillés de la rive
droite de lArve, ont une vue magnifique sur la chaîne du Mont-Blanc, le mont Joly
et les Aravis. Enfin, pas tous, car ceux du hameau de Chedde nen profitent guère!
Chedde, cest un peu le dépotoir où se trouve ce quon ne supporterait pas
dans les riches communes touristiques des alentours: Megève, Saint-Gervais, Chamonix et
autres Chedde cétait la cheddite, et cest toujours le graphite, les
déchets, les usines et les retombées du viaduc de lautoroute du tunnel du
Mont-Blanc: pollution industrielle et par les camions, dans un fond de vallée entouré de
hautes montagnes où les fumées se concentrent et stagnent du fait de leffet de
vallée et de linversion de température en hiver.
Cest donc à Chedde qua eu lieu le 7 octobre la cinquième réunion publique
de lUnion Santé Contre Pollution (USCP) (2) à linvitation de Michel Duby,
conseiller municipal, membre de lAssociation Citoyenne de Passy (3), sur le thème
"Les maladies causées par la pollution. Pourquoi incinérer les déchets?"
Par pure coïncidence lhebdomadaire Le Messager (4) du 6 octobre titrait en
première page sur 4 colonnes "Incinération: mauvais plan pour le four de
Marignier" et y consacrait une page intérieure. Lévènement, cétait la
requête en annulation du Plan Départemental dÉlimination des Déchets,
présentée au Tribunal administratif de Grenoble par Me. Thierry Billet au nom de
lassociation "Les Amis de la Terre 74". Lincinération des déchets
a été souvent mise en question dans cette rubrique Environnement et Santé et Le
Savoisien a publié en mai dernier une interview de Me. Billet à propos du scandale
de Gilly sur Isère. Ce qui motive cette requête cest la non-conformité du PDED 74
vis-à-vis de la circulaire "Voynet" de 1998 qui préconise de limiter le
recours à lincinération des déchets (dont on sait bien maintenant quelle
nest quune forme trompeuse, dangereuse et inefficace de prétendue
valorisation des déchets) alors que le PDED 74 repose sur le doublement de
lincinérateur de Marignier par la construction dun deuxième four.
Cette information était bien de nature à renforcer la perplexité des habitants de
Chedde vis-à-vis de lunité de valorisation énergétique du SITOM des Vallées du
Mont-Blanc quils côtoient tous les jours! Dun côté les déclarations trop
rassurantes des responsables du traitement des déchets et de lautre les
réclamations trop inquiétantes des écologistes et maintenant du corps médical. Trop
cest trop! La trentaine de personnes présentes va donc presser de questions les
représentants de lUSCP qui tenteront bénévolement de compenser des carences
du Plan National Santé Environnement de juin 2004. Celui-ci ne considérait-il pas comme
un "objectif majeur" de faciliter laccès à linformation en Santé
Environnement et de favoriser le débat public? Il est vrai quavec un budget
ridicule de 80 millions deuros pour 2005 lAdministration na pas dû
pouvoir faire grand-chose
A fortiori, que peut faire un citoyen isolé et sans moyens face aux puissants groupes
industriels qui contrôlent le lucratif
traitement des déchets en France? (5)
Il peut adhérer à une association qui avec dautres associations pourra
constituer un groupe de pression qui fera valoir les droits des citoyens à un
environnement sain, comme latteste larticle 1er de la Charte de
lEnvironnement: "Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré
et favorable à la santé". Auprès de qui? Des maires et des conseillers généraux,
puisque ces derniers sont responsables depuis le 1er janvier 2005 du Plan
Départemental dÉlimination des Déchets.
À partir du 28 décembre 2005 tous les incinérateurs devront être en conformité avec
la norme européenne de 2002 sous peine de fermeture par le Préfet
Au fait, cest quand les prochaines élections?
Pierre Ottin Pecchio,
Union Santé Contre Pollution
(1) "Not In My Back-Yard", littéralement "pas dans ma cour". En
français: "allez faire vos saletés ailleurs!"
(3) Association Citoyenne de Passy, BP 7, 74190 Passy
(4) Dans son édition "Faucigny".
(5) Par exemple, lincinérateur de
Passy-Chedde, propriété du SITOM des Vallées du Mont-Blanc, est géré par la SET
Mont-Blanc, filiale du groupe Novergie qui est rattaché au groupe SITA, contrôlé par
Suez Environnement. Le chiffre daffaire de SITA était de 5,77 milliards
deuros en 2002 (source www.sitagroup.com)
Il suffit davoir un bout de terrain ou un pot de fleurs sur son balcon pour que
les mauvaises herbes se lapproprient. Comme elles sont souvent plus vigoureuses que
les bonnes la culture tourne au désastre. Comme le désherbage est fastidieux et
comme il est tentant dacheter un herbicide sélectif qui tuera les mauvaises herbes
sans faire trop de mal aux plantes et aux fleurs! Quand lherbicide est efficace et
de plus biodégradable pourquoi sen priver? Alors, comme des millions de
cultivateurs et de jardiniers vous devez avoir quelque part un bidon de ce produit
inoffensif...
Désolé! Le glyphosate, principe actif du Roundup vendu par Monsanto, la firme
américaine géante de lagrochimie, nest probablement ni inoffensif ni
biodégradable (1). Cest ce que prétendent démontrer les auteurs des plaintes
déposées depuis 2002 par trois associations: AUDACE (2), Eaux et rivières de Bretagne
et UFC-Que choisir. Pour elles, le glyphosate nest pas biodégradable car depuis
1999 les prélèvements deau dans les rivières de Bretagne détectent la présence
de glyphosate à forte dose. Il nest pas non plus inoffensif car il a été classé
par lEurope parmi les produits "toxiques pour les algues et pour la faune
aquatique" et "dangereux pour lenvironnement". Des travaux de
recherche publiés par le CNRS en 2004 auraient enfin montré un caractère
potentiellement cancérigène du glyphosate.
Dabord le défoliant à la dioxine au Vietnam, maintenant lherbicide
cancérigène Merci bien oncle Sam!
Bien entendu Monsanto nie en bloc mais si les plaintes pour publicité mensongère sont
fondées, comment le croire? Il sera dit sans aucun doute, une fois encore, que les
preuves ne sont pas suffisantes, quil faudrait des études épidémiologiques
portant sur des milliers de personnes durant des années pour avoir une certitude
Cest sans doute vrai mais en attendant que les tribunaux délibèrent et sachent
comment utiliser le Principe de précaution décrit dans la Charte de
lenvironnement, quest-ce quon fait quand on est un agriculteur ou un
jardinier savoisien? On met un masque, des gants et des lunettes ou mieux une combinaison
étanche pressurisée pour désherber? À mon avis, il vaudrait mieux désherber à la
main ou ne pas désherber du tout plutôt que de risquer sa peau pour faire gagner une
poignée de dollars à Monsanto!
Jean Aymard.
(1) voir larticle paru dans Libération du 4 juin 2004 où le site www.mdrgf.org
(2) Association des utilisateurs et des
distributeurs de lagrochimie européenne
Nous navons pas de centrales, mais nous en partageons quand même les risques!
Les autorités françaises citent nommément la centrale du Bugey (Ain, environ 30km à
lest de Lyon) dans une note aux parents délèves des établissements
scolaires de Savoie.
Cette note concerne lutilisation de pastilles diode en cas daccident
nucléaire dans cette centrale. Les pastilles devraient être mises à disposition des
chefs détablissements suivant le plan de distribution de la commune pour les
écoles, ou auprès des pharmacies hospitalières pour les établissements du second
degré. Si lon comprend bien la note, il semble quaucun stock ne soit
disponible directement dans les écoles, mais quil y aurait une distribution en cas
de problème.
Est jointe une "procédure" qui décrit les directives générales en cas
daccident, soit la "mise à labri", et la "prise
diode" (extraite des recommandations et posologie de la notice du médicament).
Ainsi il aura fallu 27 ans avant que les
"autorités" décrivent des mesures à prendre en cas de problème au Bugey!
Rappelons en effet que cette centrale a été mise en service en 1978. LÉtat le
plus nucléarisé au monde reconnaît implicitement que lincident ou laccident
est possible.
La centrale du Bugey est déjà vétuste,
et accumule les problèmes.
Régulièrement lASN (Autorité de Sûreté
Nucléaire), ainsi que la DRIRE Rhône-Alpes (Direction Régionale de lIndustrie, de
la Recherche et de lEnvironnement), épinglent la Direction de la centrale. Le
rapport de synthèse souligne lexistence de "défaillances occasionnelles et
dun manque de transparence". Parmi les dysfonctionnement relevés: "une
importante fuite détectée depuis Novembre 2003 et non réparée sept mois plus tard, des
procédures erronées, incomplètes ou mal réalisées". Des informations erronées
ou carrément non transmises aux services de contrôle; insuffisance deffectif qui a
contribué à un climat préjudiciable à la qualité des interventions; manque de rigueur
dans le respect des règles en matière de radio-protection. La situation est telle que
lautorité de contrôle exige des "actions correctives dans un délai de deux
mois". En marge de mouvements de grève, le 12 juin 2003, un acte de malveillance a
entraîné larrêt durgence de la centrale. Il y a un an , un responsable de
lASN soulignait en outre que le risque sismique avait été sous-évalué. Les
associations écologistes sinquiètent aussi de larrêté ministériel du 11
Juin 2004 qui autorise la centrale à dépasser les normes jusque là en vigueur du niveau
des rejets thermiques (suite à la canicule de 2003). Le service de presse de la centrale
répond quil tiendra compte des observations qui lui ont été faites et quun
"processus correctif pour progresser" sera mis en uvre
La note aux parents, volontairement
rassurante, a ceci dambigu quelle sous-entend que ces pastilles diode
sont lantidote miracle à un accident nucléaire. Quen est-il exactement?
La boîte de 10 comprimés dosés à 130 mg d'iodure de potassium, vendue 6,15 en
pharmacie (sur commande), est produite par la Pharmacie centrale des armées à Orléans.
Elle porte la mention "À NE PRENDRE QUE SUR INSTRUCTIONS DES AUTORITÉS
COMPÉTENTES".
La directive est claire quant à ladministration des pastilles diode: il
faut les prendre au bon moment! Ni trop tôt, ni trop tard: il faut attendre le signal des
"autorités compétentes", lidéal étant de les prendre, daprès la
directive, "de 6 heures avant le passage du nuage (!!) jusquà 3 heures
après". Daprès le réseau SdN, cest plutôt 1 à 3 heures AVANT le
passage du nuage. Car laction est préventive: la thyroïde se sature rapidement en
iode et il ny a plus guère de place pour liode radioactif, qui ne peut plus
alors sy concentrer. En Pologne, une mobilisation sans précédent des pouvoirs
publics a permis ladministration à 10 millions denfants de 0 à 16 ans
diodure de potassium dans les premiers jours après Tchernobyl. Il y a eu moins
dun cas sur 10 millions deffets secondaires graves imputables à liode
chez ces enfants. Pas mal pour un pays "en voie de développement"!
Selon les conclusions de lOMS tirées de lexemple polonais après
Tchernobyl:
Le niveau dintervention pour les enfants de moins de 18 ans doit être
abaissé à 10mGy (1 RAD), au lieu de 100mGy (10 RADS): cest dix fois plus sévère
que précédemment.
Pour les adultes de plus de 40 ans la prise diode stable nest pas
utile, sauf si les niveaux diode radioactif sont très élevés. Les moins de 40 ans
en prendront utilement, les femmes enceintes représentent un groupe à risque très
menacé.
LOMS constate que peu de régions en Europe sont situées assez loin
dun réacteur nucléaire ( ); lOMS recommande que les plans
dintervention prévoient un stockage ou une distribution à domicile diode
stable jusquà 500 km dun réacteur. Ce qui veut donc dire que toute la
population française est concernée, (et pas seulement les écoles!), ainsi que nos
voisins proches
Voulant en avoir le cur net, habitant à environ 100km du Bugey, je suis allé
à ma pharmacie à Novalaise; effet de surprise garanti, autant pour les clients présents
que pour le personnel! Lapothicaire ne peut que me répondre par la négative: il
na pas de pastilles diode, il ne sait pas comment sen procurer! Mais,
intéressé par ma requête originale il consulte son Vidal; une seule adresse: la
pharmacie centrale des Armées. Il se souvient alors dune collègue pharmacienne pas
très loin de Creys-Malville qui "a dû faire un travail sur le sujet", et la
joint au téléphone. Celle-ci lui répond quà sa connaissance seule la population
dans un rayon de 20 à 30km autour dune installation nucléaire est concernée, et
peut disposer dun stock gratuit de pastilles Et pour les autres? Finalement,
quelques jours plus tard mon pharmacien ma dégotté une de ces précieuses boîtes,
gratuitement! Donc cest difficile mais pas impossible!
Je vous livre un extrait de la notice de lantidote (terme officiel):
"Le risque de contamination de la thyroïde par liode radioactif est tel que
les mesures de prévention sont dautant plus indispensables que les sujets sont plus
jeunes. Les femmes enceintes sont prioritaires, quel que soit lâge de la grossesse.
Le médicament doit être pris dès lalerte donnée.
Les limites de la prophylaxie à l'iode
stable.
Il faut absolument noter que, sil est donc indispensable que chaque Français et
chaque Savoyard ait de liode stable chez lui, ce produit ne protège nullement des
autres radioéléments également présents dans un nuage radioactif, inhalés et
ingérés en même temps que liode radioactif. Il sagit essentiellement du
Césium 137, dont la demi-vie est de près de trente ans, mais aussi du Strontium 90, du
Ruthénium et dautres, comme le Plutonium (demi-vie de plusieurs milliers
dannées), "émetteur alpha" excessivement dangereux, qui peut sous forme
daérosol à léchelle du micron se loger dans les poumons et engendrer des
foyers cancéreux dévastateurs.
En plus de ladministration diode stable, il faut se confiner chez soi
pendant le passage du nuage (fermer les fenêtres, arrêter les systèmes de ventilation,
ne pas sortir les enfants), en attendant une éventuelle évacuation.
Il faut aussi, et la directive scolaire ne le dit pas, sabstenir de toute
consommation de produits frais (lait et légumes verts) pendant environ six semaines. Il
est également impératif de tenir les vaches laitières et tout le bétail à
lintérieur pendant six semaines, leur donner du foin ou de lensilage stocké
à labri et récolté avant laccident. Ces mesures ne prétendent pas tout
régler, elles peuvent limiter les dégâts.
Français, Savoyards, Savoisiens, ayez confiance en nos "autorités
compétentes", en EDF "qui a tout prévu"! Mais faites quand même vos
stocks de pastilles, écoutez quand même Radio France Bleu Pays de Savoie (radio
"agréée" en cas dalerte), sachez quand même observer le sens des vents!
Mais surtout priez pour que cela narrive jamais.
Source: Réseau Sortir du Nucléaire, lettres dinformation n°14 (juillet 2001),
n° 16 (Décembre 2001) et n° 26 (Février 2005).
Le projet de délocaliser à Marseille le procès de l'incinérateur de Gilly (sur
lequel Le Savoisien vous alertait en mai dernier en donnant la parole à l'avocat Thierry
Billet) a échoué. Cet échec, salué avec joie et soulagement par les victimes de la
dioxine, est doublement exceptionnel:
madame Hélène Lastéra, jeune juge d'instruction dont la compétence est
reconnue, a refusé d'obéir à son procureur, lui-même en fin de carrière;
et la Cour de cassation n'a pas fait droit aux souhaits du ministre de la
Justice.
Dominique Perben a été déchargé d'un ministère où il avait d'ailleurs accumulé
les échecs. Notons qu'il n'est pas plus chanceux au ministère des Transports: à peine
nommé il a dû aller constater l'incendie et la fermeture du tunnel du Fréjus...
Le Savoisien salue le courage de madame Lastéra, et se réjouit de la bonne progression
de son instruction, qui permettra que le procès de la dioxine se tienne à Albertville en
2006. De là à ce que la lumière et la justice soient faites...
Un avocat marseillais nous a adressé son commentaire, relevé au sel de l'esprit
d'impertinence:
Il est de bon ton de se gausser des magistrats français.
On a bien tort de le faire. Les magistrats français sont, à de très rares exceptions
près, pétris du sens de lintérêt général et scrupuleusement attachés à la
manifestation de la vérité.
Ainsi, contrairement à ce que certains esprits chagrins ont laissé entendre, le
procureur de la République dAlbertville, en demandant le dépaysement de
laffaire de lincinérateur de Gilly-sur-Isère, navait pour seul
objectif que de remettre linstruction dun dossier complexe à des magistrats
extrêmement compétents, ceux du pôle santé publique de Marseille. Le fait que des
personnalités politiques de premier plan (préfets, ministres et maire) aient été mises
en cause dans le cadre de linstruction conduite à Albertville est évidemment sans
incidence aucune sur cette démarche.
Lattitude de la jeune juge dinstruction préalablement saisie de cette
affaire paraît en revanche beaucoup plus discutable: pourquoi cette réticence à
reconnaître lévidente supériorité intellectuelle de ses collègues marseillais?
En tant quauxiliaire de justice, jimagine sans peine le dépit du procureur
de la République dAlbertville, si justement pressé de voir laffaire confiée
à des magistrats instructeurs talentueux spécialement formés à traiter des dossiers de
ce type, et qui doit aujourdhui se résigner à la voir traitée au milieu des
goitreux exophtalmiques et des crétins des Alpes si nombreux dans ces lointaines terres
de Savoie.
Jimagine son dépit et je le partage.
Cette affaire savoyarde méritait un procès marseillais.
Au demeurant, il serait urgent, afin de traiter les affaires relatives aux zones
franches aujourdhui pendantes en Savoie, où se donne libre cours la démagogie
séparatiste, de créer un pôle douanier dans le Midi.
Les juridictions marseillaises ayant déjà beaucoup à faire, en raison de la présence
des différents pôles déjà constitués en leur sein, il pourrait être envisagé
dinstaller ce pôle dans un tribunal proche de la Grande Cité phocéenne.
Je suggère, pour ce faire, le Tribunal dinstance de Tarascon, localité fluviale
au charme indéniable et aux attraits innombrables, ancienne ville frontière entre le
royaume de France et lEmpire germanique dont relevait la Provence médiévale,
patrie de Tartarin, qui pourrait constituer la référence et le modèle incontournables
des procureurs de la République de ce beau pays de France que le monde entier nous envie.
Depuis janvier 2001, selon la législation française en vigueur, les fabricants,
importateurs, commerçants, distributeurs détaillants ou grossistes sont tenus de
collecter gratuitement les piles que rapportent les consommateurs, et d'en organiser
ensuite le tri et le recyclage.
La grande distribution (comme Auchan ou Leclerc) gère le plus souvent ses propres
filières, mais tous les magasins distributeurs ne "jouent pas le jeu". Les
fabricants de piles préfèrent quant à eux déléguer la collecte et le recyclage en
acquittant une cotisation financière à COREPILE. Et pourtant deux piles sur trois
finissent encore à la poubelle! Pourquoi?
"Que choisir" a fait une enquête en mars 2004 et constate que trois ans
après l'obligation de collecte et de recyclage, les vendeurs de piles sont encore loin de
posséder une logistique performante.
Les constats: trouver le réceptacle de collecte des piles usagées relève du parcours
du combattant, 40% des points de collecte sont peu ou pas visibles, ou l'aspect artisanal
du réceptacle ne le rend pas identifiable; il faut se renseigner pour le trouver et le
personnel n'est pas toujours sensibilisé à la nécessité du recyclage. Et pas la
moindre affichette pour inciter le consommateur à une démarche de préservation de
l'environnement.
L'usage d'appareils à piles est en croissance rapide (jouets, photo, video,
téléphone...), donc le gisement de piles et d'accus usagés continue de grossir... alors
que les sites de traitement ont la capacité de recycler la totalité de ces déchets.
L'Union Européenne a adopté une nouvelle directive qui imposera, à partir de 2006, la
collecte et le recyclage des piles mises sur le marché, avec l'objectif de recycler 90%
des piles vendues. C'est mieux qu'aujourd'hui en France, mais comment admettre encore que,
si une pile sur 10 part à l'incinération ou à l'enfouissement, la filière sera
considérée comme pleinement efficace?
À suivre, mais déjà pensez à ne pas jeter vos piles: elles sont très dangereuses
pour la nature.
Depuis la sortie de son livre (1) au printemps 2004, le Professeur Dominique Belpomme
est venu deux fois en Savoie: à Chambéry en novembre et à Annecy le 22 juin dernier,
pour évoquer "Cet environnement qui nous rend malade". Le message des deux
conférences était identique à celui du livre et je lai déjà longuement analysé
et commenté(2): la plupart des maladies actuelles proviennent de la dégradation de notre
environnement et progressent dune manière très préoccupante. Le nombre des
cancers, par exemple, a doublé depuis cinquante ans.
Si le message reste le même et fait appel à une prise de conscience de la société
civile, le ton du Pr. Belpomme a changé. Lan dernier cétait celui dun
notable qui faisait confiance aux politiques et en premier lieu au Président Chirac pour
prendre en mains lavenir de la planète. Mais cette confiance a visiblement été
trahie: ni le Plan National Santé Environnement (mai 2004), ni la Charte de
lEnvironnement (février 2005) nont répondu à ses attentes. La stratégie de
communication tient lieu de politique, la gesticulation médiatique remplace
laction. Cancre et persévérante dans lerreur, la France continue à occuper,
mais avec panache (!?), la dernière place de la classe Europe pour la protection de
lenvironnement.
Nous souhaitions lan dernier au Pr. Belpomme de réussir dans ses fonctions
"sans oublier que dans le monde politique, et en France en particulier, les promesses
nengagent que ceux qui y croient"(2). Maintenant, cest fait, il ny
croit plus!
Mais que faire? Quand on est convaincu, comme Belpomme, que notre Société creuse la
tombe de lHumanité en continuant à tout miser sur le développement économique,
que les politiques à la barre vont droit sur les écueils, shootés à mort par les
lobbies industriels et financiers, et quon veut, comme Belpomme, croire en
lHomme et rester optimiste...
Il ny a que deux solutions, à mon avis, et je vous conseille dy réfléchir
pour de bon:
rester ou devenir schizophrène: "Je ne veux pas polluer mais je pollue quand
même, je ne veux pas mourir du cancer mais je continue à fumer ou à laisser incinérer
mes déchets, je veux avoir des enfants en bonne santé mais je continue à rouler en
diesel, etc."
retrouver la liberté de dire: "Non, ça suffit! Jen ai marre! Je ne
fais plus confiance! Je veux savoir où on me mène et je veux comprendre pourquoi! Je
veux décider moi-même de ce qui me concerne et de ce qui concerne mes enfants!"
Bien sûr il est plus facile de se dire quon est malade, ou quon est une
victime, ou les deux à la fois(3) que de se rebeller contre le politiquement correct et
la pensée unique. Cest un pas difficile à faire, qui vous engage à agir à
découvert, à donner lexemple pour encourager les hésitants.
Belpomme, tout notable quil est, a fait ce pas. Il dit que ça ne va pas
continuer, quil va se passer quelque chose de grave, que cest pour bientôt.
Les deux ou trois cents Annéciens réunis le 22 février à Bonlieu par les Amis de la
Terre ont dû lentendre comme moi. Ils ont dû être un peu secoués. Certains ont
même pu être guéris de leur schizophrénie: Belpomme, cest bon pour la Santé!
Merci aux Amis de la Terre(4)!
"Soyez résolus de ne plus servir et vous serez libres" (La Boétie)
Pierre Ottin-Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1)Pr. Dominique Belpomme, Ces maladies créées par lHomme, Ed. Albin Michel
S.A.,Paris 2004
(2) LÉcho de Savoie n°74, août 2004 et n°75, septembre 2004
(3) Voir dans Le Savoisien les extraits de Libérer Sa Voie du Dr Fontaine
(4) Les Amis de la Terre, 2812 route des
vignes, 74370 Villaz, www.amisdelaterre.org,
À linvitation de lAdret, association de Saint-Gervais Le Fayet, les membres
de lUnion Santé Contre Pollution (USCP) sont allés à la rencontre dun
public exposé aux risques créés par la pollution. Beaucoup dhabitants ne se
doutent pas quau pied du Mont-Blanc la basse vallée de lArve concentre les
polluants du fait de leffet de vallée et de linversion des températures en
hiver. Ces polluants proviennent de deux sources principales: le trafic autoroutier et
lusine dincinération des ordures ménagères implantée à Chedde sur la
commune de Passy.
La lutte contre la pollution par les camions ayant déjà été illustrée depuis des
années par lARSMB (1) cest à la pollution causée par lusine que
lUSCP sest attaquée le 15 avril. Cette usine, baptisée "unité de
valorisation des déchets", est gérée par le SITOM (2) des Vallées du Mont-Blanc,
dont le président est M. Bernard Ollier, maire adjoint de Chamonix. Elle traite environ
50.000 tonnes de déchets par an, ce qui en fait la plus grosse unité de Haute-Savoie
après celle du SILA (3) à Chavanod, près dAnnecy.
Après avoir remercié la municipalité et salué les personnalités présentes le Dr.
Bernard Bluteau, Président de lUSCP, rappelait les dernières avancées dans le
domaine de la protection de lenvironnement.
Larticle 1 de la Charte de lenvironnement promulguée le 1er mars 2005
affirme que "Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et
favorable à la santé". Ce qui devrait sappliquer aussi dans la vallée de
lArve!
Le Plan national santé environnement, entré en vigueur en juin 2004, part du
recensement des impacts multiples de la pollution sur la santé et il conclut "Face
à un tel constat, il y a urgence à agir, pour empêcher que ces impacts aillent à
lencontre de lespérance de vie" (4). Ce constat a été établi par une
Commission dorientation, composée dexperts officiels, qui à propos des
incinérateurs écrit: "...les pathologies observées autour des incinérateurs (...)
peuvent être rattachées aux substances émises (dioxines, furanes, mais aussi plomb,
mercure, divers hydrocarbures...)"(5). Ce qui sapplique aussi à
lincinérateur de Passy!
Cest de ces maladies causées par les incinérateurs que le Dr Bluteau a parlé
ensuite, dabord pour leur personnel, puis pour les personnes vivant à proximité,
c'est-à-dire jusquà plusieurs kilomètres: des cancers, des malformations
congénitales; des troubles de la reproduction.
Puis la question "Pourquoi incinérer les déchets?" a été abordée en
prenant des exemples à lincinérateur de Passy.
On peut comparer un incinérateur à une énorme chaudière qui fournit de la vapeur
deau sous pression à un turboalternateur qui produit de lélectricité. Dans
le foyer brûlent les ordures ménagères, les boues des stations dépuration et les
incinérables provenant des déchetteries, soit au total 50.000 tonnes par an; il est
produit environ 24.000 mégawatts/heure délectricité par an. Cest ce
quon appelle la valorisation énergétique des déchets, terminologie utilisée dans
la littérature officielle et volontiers reprise par la presse. Cest le bon côté,
dont on parle, mais il y en a de moins bons dont on ne parle pas.
En effet, une chaudière fabrique aussi des gaz émis dans lair, des cendres et
des suies dont il faut pouvoir se débarrasser. Avec un incinérateur tout ce qui sort est
dangereux et dabord les dioxines et les furanes, des substances chimiques
extrêmement toxiques qui nexistent pasdans les déchets et qui sont
fabriquées dans le four par la combustion des matières organiques. On les retrouve dans
les gaz sortant du four avec dautres produits très nocifs, les métaux lourds. Il
est donc obligatoire de traiter les fumées, pour éliminer le plus possible des dioxines,
des furanes et des métaux lourds, qui se retrouvent avec la suie dans les résidus de
filtration, les REFIOM (6), véritables concentrés de poisons. Le SITOM Vallées du
Mont-Blanc en produit 1.600 tonnes par an, qui doivent être transportées par camion
jusquen Haute-Saône pour être enfouis dans une décharge spéciale.
Lincinérateur produit aussi 12.000 tonnes de cendres appelées mâchefers, qui
sont également imprégnés de produits toxiques et doivent être traités avant
dêtre en partie "valorisables" puisque le SITOM doit payer pour sen
débarrasser (7). La partie non valorisable doit être également mise en décharge.
En résumé, la "valorisation" de 50.000 tonnes de déchets par le SITOM
produit des émissions toxiques, plus 15.000 tonnes par an de produits dangereux pour la
santé et lenvironnement, plus de lélectricité vendue à lEDF pour un
montant qui représente moins de 10% des recettes du SITOM, les 90% restant étant à la
charge des communes, donc des contribuables locaux.
Le public a donc bien compris que lincinération nest pas un moyen
acceptable de traiter les déchets. Il reste cependant la question suivante, posée par
les élus municipaux présents: "Quest-ce quon peut faire
dautre?" La réponse mérite dêtre étudiée, ce que lUSCP va
faire en évaluant les possibilités offertes par la méthanisation et le compostage des
déchets, méthodes ignorées par la France mais développées à létranger(8) en
complément de la réduction des déchets à la source. Cela pourrait être le sujet
dautres réunions publiques auxquelles lUSCP pourrait participer
bénévolement à linvitation des associations locales.
Pierre Ottin-Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1) Association pour le respect du site du Mont-Blanc
(2) Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères
(3) Syndicat intercommunal du lac dAnnecy
(4) Résumé du Plan national santé environnement 2004-2008, page 2.
(5) Rapport de la Commission dOrientation du Plan National Santé Environnement,
Agence française de sécurité sanitaire environnementale, page 50, 12 février 2004
(6) Résidus dépuration des fumées dincinération des ordures ménagères
(7) 11 euros la tonne, versés par le SITOM à des entreprises de travaux publics qui,
dans certaines conditions, peuvent utiliser les mâchefers comme remblais routiers.
(8) Par exemple dans le canton de
Genève.
Il y a une volonté
politique d'étouffer le scandale de Gilly sur Isère!
(Le Savoisien, mai 2005)
Entretien avec Me. Thierry Billet,
Avocat des parties civiles au procès de l'incinérateur de Gilly sur Isère (1).
Aujourd'hui (6 avril 2005) le Canard Enchaîné publie un article intitulé
"Comment Perben a écarté une juge trop impétueuse" (2). Est-ce que vous
confirmez que l'ordre de dépayser l'affaire de Gilly sur Isère d'Albertville à
Marseille a été donné par le ministre français de la justice?
Ça ne peut pas être autrement. Depuis que la droite est revenue au pouvoir, il
est très clair que les ordres individuels au Parquet sont redevenus à la mode (la gauche
les avait exclus). Bien entendu sur un dossier comme celui-là, qui met en cause en
particulier Michel Barnier, le procureur d'Albertville n'a pas pris la décision tout
seul! Il a très clairement dit qu'il a eu des contacts avec le Parquet général, avec la
Chancellerie, et il se s'en cache pas du tout: il reconnaît qu'il a agi sur ordre mais
qu'il a pris la décision tout seul, ce qui fera sourire tout le monde. Bien entendu la
requête est signée par le procureur, mais il est tout à fait clair qu'elle a été
négociée en haut lieu.
Comment allez-vous organiser la défense des victimes de l'incinérateur de Gilly dans
ces nouvelles conditions?
Si l'affaire est renvoyée au tribunal de Marseille ce serait d'une gravité
particulière: il ne s'agit pas seulement de l'instruction mais aussi du jugement,
c'est-à-dire toute l'audience. Pendant plusieurs semaines on renverrait à Marseille le
jugement d'un dossier qui ne concerne que Gilly sur Isère. On favoriserait ainsi les mis
en examen. Pour eux cela ne pose aucune difficulté d'aller à Marseille. C'est bien plus
simple pour monsieur Gibello d'aller à Marseille aux frais du contribuable, et de même
pour son avocat: vos impôts paient les frais de défense des mis en examen, les
déplacements ne leur coûtent rien. Pour les victimes de la pollution, c'est très
différent: elles doivent prendre à leur charge l'ensemble des frais de déplacement,
transports, hébergement, etc. C'est une situation d'inégalité totale!
Il faut donc d'abord se battre pour que le dossier ne soit pas transféré. L'ACALP
(Association Citoyenne Active de Lutte contre les Pollutions) mène campagne à bon droit
pour que la juge d'instruction (madame Lastéra) et le tribunal d'Albertville ne soient
pas dessaisis. On ne sait pas encore si la juge d'instruction va accepter ou refuser son
dessaisissement. Si par hasard elle l'accepte, ce sera vraiment contrainte et forcée, et
alors nous attaquerons sa décision (avec son accord) devant la chambre criminelle de la
Cour de Cassation; si elle refuse de se dessaisir, c'est le procureur qui pourra saisir la
chambre criminelle. Ce n'est pas couru d'avance. Nous essayons d'expliquer au public
comment on en arrive là: une instruction judiciaire qui a énormément avancé et dont on
veut tout à coup confier la conduite à une magistrate qui travaille à mi-temps dans une
"pôle de santé publique" à Marseille où il n'y a personne! C'est pour
étouffer ce dossier qu'on fait ça.
Dernière heure:
Le 20 avril, madame Lastéra, juge d'instruction, a refusé de se dessaisir du dossier.
Affaire à suivre...
Est-il possible à madame Lastéra de refuser son dessaisissement? Quelles conséquences
pour sa carrière?
Elle peut le refuser, et alors elle est "grillée", c'est clair. Dans
un cas comme celui-là, c'est plus que du courage: elle se trouvera au ban de toutes les
promotions du ministère de la justice, au moins pendant tout le temps où la droite sera
là. La pression sur madame Lastéra est très forte: non seulement de sa hiérarchie,
mais aussi de la plupart de ses collègues qui préfèreraient qu'elle ne vienne pas
embouteiller le tribunal d'Albertville avec son dossier.
Pourtant le tribunal de Bonneville, qui n'est pas plus grand, a été capable
d'organiser le procès de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc. Alors?
Bien sûr, mais le maire de Bonneville n'était pas poursuivi pénalement par le
parquet de Bonneville.
Mais le maire de Chamonix l'était!
C'est là que l'on voit le traitement de faveur promis à monsieur Gibello, c'est
tout à fait scandaleux. Il n'y a pas de commune mesure: le coût d'un procès à
Albertville serait bien moindre que celui de Bonneville, ne serait-ce que parce qu'il n'y
a pas besoin de traductions. On aurait pu imaginer un dépaysement de l'affaire du
Mont-Blanc sans grande difficulté puisque les familles des victimes viennent de partout,
cela n'aurait gêné personne. Pour Gilly, toutes les victimes habitent à proximité
d'Albertville!
Il y a donc une volonté politique. Pour la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc on n'a
pas mis en examen les préfets alors qu'ils avaient une part de responsabilité évidente.
À Albertville madame Lastéra a exprimé son intention de mettre en examen les préfets:
pour éviter cela, d'une part on n'a pas renouvelé sa greffière depuis septembre 2004 de
façon à la "coincer" au niveau de la procédure, et maintenant qu'il y a une
greffière on veut dessaisir la juge! Parce que, derrière les préfets, il y a Michel
Barnier, c'est ça qui est visé.
Pour élargir le sujet, que pensez-vous du PDED 74 (Plan Départemental d'Élimination
des Déchets de la Haute-Savoie) qui a fait l'objet d'une récente enquête publique?
Ce plan est piloté par la DRIRE (Direction Régionale de l'Industrie, de la
Recherche et de l'Environnement) sous le contrôle du préfet. C'est un plan du 19e.
siècle! Le plan de 1996 a été annulé par Dominique Voynet parce que la part de
l'incinération était trop forte et qu'il n'y avait pas assez de recyclage, et on nous
refait exactement le même plan aujourd'hui avec quelques phrases sur la réduction des
déchets à la source. L'essentiel de ce plan, c'est de "vendre" le doublement
de l'incinérateur de Marignier et une décharge de classe 2. Gérer les déchets de
classe 2 en Haute-Savoie est une nécessité dans le département, mais faire une seule
décharge le plus loin possible des habitations pour que les camions puissent y déposer
tout ce que l'on veut, à commencer par les mâchefers des usines d'incinération que l'on
ne sait pas traiter...
C'est un plan qui ne tire pas les conséquences de la circulaire Voynet de 1998, qui n'a
aucune ambition en matière de réduction à la source, et qui ne tire aucune conséquence
d'une catastrophe sanitaire aussi grave que celle de Gilly sur Isère. Pour les
fonctionnaires, l'incinération est encore la voie royale, comme s'il n'y avait rien
d'autre à faire en matière de gestion des déchets. Ils sont encore dans le mythe du feu
purificateur.
Continuer à produire toujours plus de déchets et les incinérer, c'est un gaspillage
délirant!
L'incinération réduit un peu le volume des déchets, mais libère dans l'atmosphère
des métaux lourds et des dioxines qui sont la cause de cancers, on en a maintenant la
certitude à Gilly.
L'État est-il responsable?
Il faut que vos lecteurs le sachent: la personne que le gouvernement a nommée
secrétaire général des DRIRE, c'est-à-dire celui qui organise le travail des
directions régionales, celui qui a le contrôle de la police de toutes les installations
classées pour la protection de l'environnement et en particulier des incinérateurs,
s'appelle Alain Vallet. Il a été mis en examen pour ne pas avoir fait respecter la
réglementation à Gilly sur Isère. On est dans une situation où le pyromane est le chef
des pompiers! Et on voudrait nous faire croire que la réglementation va être
appliquée...
Propos recueillis par Patrice Abeille le 6 avril 2005, relus et amendés par Thierry
Billet.
(1) Thierry Billet est Conseiller municipal (opposition) à Annecy.
(2) Le Canard Enchaîné publiait le 13
avril un nouvel article encore plus affirmatif sur la volonté du ministre de la Justice
de protéger Michel Barnier, Hervé Gaymard et deux anciens préfets de la Savoie du sud
(Paul Girod de Langlade et Pierre-Étienne Bisch) très proches de Jacques Chirac et de
Jean-Pierre Raffarin.
La justice
aveugle et la juge trop clairvoyante dAlbertville.
(Le Savoisien n°5, mai 2005)
Ce nétait pas le jaune vif des forsythias qui égayait le Palais de justice
dAlbertville le mercredi 30 mars, mais les tracts de même couleur distribués par
lACALP (1) à une centaine de manifestants. On y lisait "La vérité est là,
pourquoi la chercher ailleurs?". On aurait pu lire aussi sur une pancarte tenue par
un aveugle "Le printemps est là mais je ne le vois pas".
La Justice, elle aussi, est aveugle. Son allégorie a une balance dans une main pour
peser le pour et le contre, un glaive dans lautre main pour punir le coupable, et
les yeux bandés pour rester insensible à la superbe des puissants. À Albertville aussi
elle a les yeux bandés, mais c'est pour ne pas voir ce qui déplairait à ses amis. Ses
amis au pouvoir, bien sûr!
En Savoie autrefois, au temps des ducs et des rois, il y avait séparation du pouvoir
exécutif et du pouvoir judiciaire. En France une séparation est difficile à apercevoir.
En Chiraquie on n'a plus aucun scrupule, on dessaisit, on dépayse. On nomme un nouveau
juge à Marseille plutôt que de laisser travailler une juge compétente mais trop
clairvoyante à Albertville. Elle pourrait mettre en examen nos beaux ministres savoyards!
On préfère gagner du temps, quelques années... cest toujours ça de pris!
Si cest ça, cest ignoble. Deux cent quarante victimes de
lincinérateur ont porté plainte. Combien seront encore en vie, combien auront
encore la force daller témoigner à Marseille, disons dans cinq ans, le temps que
le procès sy tienne? Déjà que toutes nont pas pu venir manifester devant le
Tribunal dAlbertville...
Jean Aymard
(1) Association Citoyenne Active de Lutte contre les Pollutions
Incrédules, les habitants de Marignier (Faucigny) invités à une réunion sur les
"Maladies causées par la pollution" un premier avril, ont cru à une blague et
sont restés chez eux. Pas tous, quand même, car il y avait une trentaine de personnes
dans la salle.
La participation du Maire, Conseiller Général, Président du SIVOM Raymond Mudry se
réduisit à quelques minutes. Après son départ, le niveau de lauditoire ne tomba
pourtant pas à zéro puisquil restait dans la salle M. Chavanne, maire de Mieussy,
M. Rubin, maire-adjoint de Marignier, des conseillers municipaux et le Directeur de
lUIOM (1) de Marignier. Sils étaient venus là pour sinstruire, ils
nont pas dû être déçus!
Le Dr. Bluteau, président de lUSCP (2), commençait par la présentation des
autres membres de la tribune: Dominique Frey et Pierre Trolliet, coprésidents de
lACALP (3) et Pierre Ottin Pecchio, vice-président de lUSCP. Il rappelait les
principales initiatives internationales pour limiter les conséquences de la pollution.
Les principaux polluants de lair sont le gaz carbonique (effet de serre,
réchauffement du climat), les gaz déchappement (destruction de la couche
dozone), les particules produites par les moteurs diesel (asthme, allergies), les
métaux lourds et les dioxines (effets CMR) (4).
Les dioxines sont des poisons redoutables à des doses infinitésimales. Elles sont
générées par toutes les combustions et principalement par les foyers industriels (1/3)
et les incinérateurs dordures ménagères (2/3). Pour éviter que les fumées de
ces usines contiennent trop de dioxines il faut installer des systèmes de filtration
très complexes, donc très coûteux et peu fiables. Tous les incinérateurs devront en
être équipés avant la fin de décembre 2005. Celui de Marignier dont les émissions en
dioxines sont encore très supérieures à celles dun incinérateur moderne (5)
devra en disposer avant cette date au prix dune augmentation de 54% du budget 2005.
Comment les responsables du SIVOM vont-ils faire pour respecter la Charte de
lenvironnement, promulguée en 2005 avec la force dune loi constitutionnelle,
dont larticle 1 affirme que "Chacun a le droit de vivre dans un environnement
équilibré et favorable à la santé"? Le public attend toujours la réponse...
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1) Usine dIncinération des Ordures Ménagères.
(2) Union Santé contre Pollution, 98 route de Corbier, 74650 Chavanod, e-mail:
uscp_savoie@ yahoo.fr
(3) Association Citoyenne Active de Lutte Contre les Pollutions, Mairie, cd 925, 73200
Grignon, www.acalp.org
(4) Cancérigène : provoque le cancer ; Mutagène :
provoque des mutations, maladies ou malformations transmises à la descendance ; Reprotoxique :
nocif pour la reproduction.
(5) Dépassement de 38 fois (en 2002) et de
14 fois (en 2003) du taux de 0,1 ng/m3.
Depuis janvier 2001 la collecte des piles électriques usagées par les points de vente
est obligatoire.
Ces objets usuels sont, après usage, des déchets dangereux. C'est pourquoi la loi
impose aux fabricants et distributeurs (grandes surfaces, photographes, magasins de
jouets, de bricolage, de hi-fi et vidéo...) de mettre gratuitement à la disposition des
consommateurs des conteneurs destinés à la récupération des piles usagées.
Les piles contiennent des métaux lourds toxiques: nickel, cadmium, mercure, plomb, fer,
zinc, calcium, aluminium, magnésium, lithium. C'est pourquoi elles constituent les
déchets les plus polluants parmi nos ordures ménagères.
Entreposées dans les décharges et exposées aux intempéries, les piles usagées sont
soumises à des dégradations entraînant l'infiltration des composants dans les sols et
les cours d'eau: ils risquent de se retrouver dans la chaîne alimentaire. Une seule pile
"bouton" au mercure pollue ainsi un mètre cube de terre pendant 50 ans...
On estime que sur 20 000 tonnes de piles vendues annuellement, 14 000 finissent dans les
décharges, soit les deux tiers, autrement dit 114 piles à la minute partent à la
poubelle!
Or le traitement de 100 tonnes de piles usagées permet la récupération d'environ 60
tonnes de métaux, dont 150 kilos de mercure. Le recyclage permet donc la récupération
de matières premières et la fabrication de nouvelles piles, économisant ainsi les
ressources naturelles (la plupart des composants des piles sont des matériaux non
renouvelables). Si la totalité des piles usagées étaient retraitées, ce serait 10 000
tonnes de métaux et 10 tonnes de mercure au moins qui pourraient être réutilisées.
Alors, par respect pour l'environnement et les générations futures, pensons à mettre
de côté nos piles et accumulateurs électriques, et déposons-les dans les déchetteries
ou dans les conteneurs présents dans les magasins.
"La France nuit aux efforts déployés pour préserver la faune et la flore
dEurope et sape les actions en faveur dune meilleure gestion des risques pour
lenvironnement et la santé humaine" (Communiqué de la Commission
Européenne, 12 janvier 2005).
On savait déjà que la France est un mauvais élève, qui néglige ses devoirs et les
rend toujours en retard. Mais cette fois ça barde! LEurope en a ras-le-bol, après
le deuxième avertissement ça va être maintenant la punition
Une punition pour qui? Pas pour le Président Chirak, pas pour Raffarin, pas pour les
ministres ni pour lAdministration, non, bien quils soient responsables de ne
pas respecter ou faire respecter les engagements signés par la France! Pas non plus pour
les députés et sénateurs de la majorité qui auraient dû voter de nouvelles lois. Non,
la punition sera pour les contribuables de payer les amendes infligées par lEurope:
plusieurs dizaines de millions deuros. Cest peinard dêtre politicien ou
fonctionnaire en France: responsable peut-être, mais jamais coupable!
Au fait, quest-ce quelle lui reproche, lEurope, à la France? De ne
pas avoir transposé en lois françaises plusieurs directives européennes sur
lenvironnement. Celles de 1979 sur les oiseaux sauvages, de 1990 sur laccès
à linformation sur lenvironnement, de 1990 sur les OGM, de 1992 sur les
habitats despèces végétales ou animales, de 2003 sur le déversement de
substances dangereuses dans leau et de 2004 sur les déchets des véhicules hors
dusage.
Nous sommes dans la situation invraisemblable davoir à payer des amendes parce
que lÉtat français ne nous protège pas!
Mais, dites-moi, si la France est un État nuisible, pour lEurope et pour nous en
Savoie, quest-ce qui nous oblige à la supporter indéfiniment?
Jean Aymard
(1) "Le Monde" du 14/01/2005 et le
"Canard Enchaîné" N°4395 du 19/01/2005
Traitement des déchets: Dieu recycle, le diable brûle!
(Le Savoisien n°4, avril 2005)
On ne sait plus quoi faire des ordures, des détritus, des déchets: chaque Savoisien en
produit plus dun kilo par jour, plus de 365 kg par an. Il y plus dun million
de Savoisiens et donc beaucoup plus de 365.000 tonnes de déchets par an dans les Pays de
Savoie, car il nest pas fréquent que les touristes emportent leurs poubelles, au
contraire!
Cest un casse-tête pour nos maires et nos conseillers généraux et un
casse-tirelire pour ceux qui payent, c'est-à-dire nous: vous et moi.
La loi du 15 juillet 1975 a attribué aux communes la responsabilité de la collecte et
de lélimination des déchets ménagers. La taxe pour les ordures ménagères a
dabord servi à payer les bennes qui ramassaient les poubelles et emmenaient les
déchets dans une décharge. Dans les villes surtout, la place a vite manqué pour les
décharges. Alors on sest mis à brûler les ordures et autres déchets dans des
chaudières dusine puis dans des usines spéciales, les Usines dIncinération
des Ordures Ménagères ou UIOM.
Les décharges et la valorisation matière.
Les décharges ça puait, ça polluait les sources et les rivières. Bref, si lon
peut dire, ça na duré que dix-sept ans. La loi du 13 juillet 1992 a fixé un
ultimatum aux communes en interdisant à partir de 2002 la mise en décharge des déchets
bruts. Ce qui signifie que les communes doivent désormais trier (ou faire trier) leurs
déchets afin de récupérer tout ce qui peut lêtre et le valoriser, soit en le
recyclant, soit en fabricant du compost, soit en lincinérant pour récupérer de la
chaleur ou de lélectricité.
Les déchets ménagers, par exemple, se composent denviron 30% de matières
organiques végétales et animales qui peuvent servir dengrais après compostage
(comme le font les jardiniers), de 50% de matières recyclables (papier, carton, verre,
matières plastiques, métaux) et de 20% seulement de matières non recyclables. Après
avoir été triés, le compost et les produits recyclés peuvent être vendus et il ne
reste que 20% des déchets à mettre en décharge. Cest par la valeur des produits
vendus quon valorise les déchets.
Les incinérateurs et la valorisation énergétique.
Lautre valorisation possible, la valorisation énergétique, passe par
lincinération dans les UIOM. Cela consiste à brûler les déchets dans une
chaudière spéciale en évitant, dans la mesure du possible, de polluer
lenvironnement car toute combustion produit des fumées et des cendres. En plus de
tous les polluants qui se trouvent déjà dans les déchets et qui sont libérés par leur
combustion (1) (2), celle-ci fabrique des dioxines et des furanes extrêmement toxiques
(3). Tout ces produits nocifs, dangereux ou toxiques se retrouvent dans les déchets
produits par lUIOM sous forme de fumées et de cendres et sont nocifs pour la santé
et lenvironnement.
Les fumées doivent donc être filtrées pour ne faire passer dans lair
quune dose "acceptable" de polluants par rapport aux normes (4). Ces doses
très faibles réclament une technologie dépuration complexe, donc coûteuse et
aléatoire (les pannes sont fréquentes). Les résidus de filtration des fumées (5) qui
concentrent les toxiques, sont dangereux à manipuler pour le personnel et ne peuvent
être mis que dans des décharges spéciales (6).
Les cendres des chaudières contiennent aussi des produits dangereux mélangés à des
métaux et à des matériaux inertes qui constituent le mâchefer. Les métaux sont lavés
(7), triés et récupérés. Le mâchefer doit également être lavé (7) et stocké avant
dêtre "valorisé" (8).
On comprend donc que lincinération des déchets requiert une technologie poussée
et quelle est potentiellement dangereuse pour les employés des incinérateurs,
ainsi que pour les habitants alentour et lenvironnement. Ces risques vaudraient
peut-être la peine si la valorisation énergétique donnait des résultats probants, mais
son bilan nest pas du tout convaincant (9). À environ 100 euros la tonne de
déchets incinérés la "valorisation énergétique" coûte cher aux communes et
plombe les impôts locaux!
Pourquoi avoir fait un pacte avec le diable?
La loi de 1975 ayant posé le principe des plans délimination des déchets, la
loi de 1992 en précisant le contenu (interdiction de la mise en décharge et
valorisation) la circulaire "Voynet" du 28 avril 1998 insiste sur la nécessité
daugmenter la part du recyclage et de la valorisation matière et, ainsi, de limiter
le recours à lincinération et au stockage. Comment se peut-il, par conséquent,
que les plans départementaux délimination des déchets (PDED) pour la Savoie et la
Haute-Savoie prévoient de ne recycler quune petite partie des déchets (10) et
dincinérer la quasi-totalité du reste? Pourquoi polluer en brûlant ce qui
pourrait être recyclé ou valorisé par compostage? Les maires et conseillers généraux
auraient-ils vendu leur âme au diable pour sêtre laissé entraîner sur la voie
périlleuse du tout incinération?
Lexplication est moins rocambolesque: ils ont seulement mis le doigt dans un
engrenage.
Que faut il pour incinérer des déchets ? Une UIOM, plus le personnel compétent pour
la faire fonctionner, ce qui nest pas à la portée dune commune. Ce ne sont
donc que des groupements de communes qui ont pu rassembler les fonds (11) nécessaires à
la construction des UIOM par les entreprises spécialisées qui en assurent
lexploitation. Ces entreprises ne font des profits suffisants quà la
condition dincinérer des quantités énormes de déchets ce qui "oblige"
à limiter le plus possible la valorisation matière. Cest un système vendu
"clés en mains", ce qui est bien pratique pour les élus, mais coûte très
cher aux électeurs, qui payent les taxes et les impôts locaux
Si, encore, il suffisait de payer pour être débarrassé une bonne fois de ces satanés
déchets !
Avec lincinération, ça nest vraiment pas le cas et les Plans
délimination des déchets ne méritent vraiment pas leur nom puisquils ne
font que transformer des déchets en dautres déchets qui concentrent les produits
nocifs et en fumées qui les dispersent dans lair que nous respirons.
Qui plus est, les Plans concoctés par les administrations préfectorales de Savoie et
de Haute-Savoie ne tiennent aucun compte du principe de précaution (12) énoncé dans la
Charte de lenvironnement, bien que celle-ci fasse partie maintenant de la
Constitution de la République française. Ils ne valent pas plus que leur poids de papier
recyclé.
La production de plans serait-elle devenue la principale activité du gouvernement
français? Rien que pour la Santé, voici le troisième en un an: après le plan Cancer et
le plan Santé-Environnement, voici le plan Santé-Travail (PST).
Il est vrai que le travail pose des problèmes de santé publique: les accidents de
travail sont repartis à la hausse (1) ainsi que les maladies professionnelles (2). Mais
celui qui est à lorigine de ce plan, annoncé en avril 2004, cest plutôt le
Conseil dÉtat qui, en mars 2004, avait reconnu la responsabilité de lÉtat
dans laffaire de lamiante, catastrophe sans précédent dans lhistoire
des maladies professionnelles (3), en soulignant que les pouvoirs publics navaient
entrepris "aucune recherche afin dévaluer les risques".
Quà cela ne tienne! Le plan Santé-Travail prévoit de créer une nouvelle
"agence publique" qui répondra de lévaluation des risques pour les
ministères, en plus de charger lInstitut de Veille Sanitaire (INVS) du suivi des
travailleurs.
Pour le contrôle de lapplication des règles de prévention (4) le PST prévoit
diverses mesures mais ne finance que 30 nouveaux postes, alors quil en faudrait 800
pour que la France rejoigne la moyenne européenne! À quoi bon de nouveaux inspecteurs
puisque leurs rapports sont souvent classés sans suite, ce que déplorent les médecins
du travail (5).
On sattend maintenant à la prochaine sortie dun plan Santé-Coiffure qui
annoncera triomphalement: Demain on rase gratis!
Jean Aymard
760.000 accidents avec arrêt de travail et 700 morts en 2002.
35.000 cas, soit +14%, en 2001.
Voir larticle "Amiante: économie ou santé publique? Le choix qui tue"
dans Le Savoisien n°2, février 2005.
Règles insuffisantes, tardives et peu observées pour lamiante.
Selon le Syndicat professionnel des
médecins du travail "il faut des condamnations plus fréquentes et plus
sévères" des employeurs.
La législation européenne des substances chimiques comportant de nombreuses lacunes,
la Commission Européenne a adopté le 29 octobre 2003 un projet de règlement intitulé
Registration Evaluation and Authorisation of Chemicals, plus connu sous le nom de projet
REACH.
Destiné à réglementer les quelques 30.000 substances chimiques fabriquées ou
importées sur le territoire de lUnion Européenne, le projet REACH avait une
portée considérable:
Il rendait obligatoire lenregistrement des produits concernés auprès
dune Agence européenne des substances chimiques.
Il soumettait à une autorisation préalable lutilisation des produits les
plus dangereux tels les cancérigènes et les PRT (produits persistants, bio-accumulatifs
et toxiques).
Il obligeait les industriels à apporter la preuve de linnocuité des
produits avant de les commercialiser.
Il donnait à la Commission le pouvoir dinterdire les utilisations
comportant des risques "inacceptables".
Il autorisait la publication des informations non confidentielles sur les
produits enregistrés.
Lapplication de ces mesures permettrait de connaître les risques liés à
lutilisation de produits chimiques, dont la plupart (plus de 90%) nont jamais
fait lobjet dune étude de leur impact sur lenvironnement ou de leur
nocivité pour la santé. Ces substances entrent pourtant dans la composition de la
plupart des produits de consommation courante comme les cosmétiques, les produits
ménagers, les peintures, les vêtements, etc. etc. Ces mesures permettraient aussi de
mieux prévenir les maladies professionnelles dont sont victimes plusieurs millions de
travailleurs européens.
Cependant une démarche conjointe (1) des chefs de gouvernements ou dÉtat
dAllemagne, dAngleterre et de France auprès du président de la Commission
européenne, se disant "préoccupés" par le projet REACH en raison de son
approche "trop bureaucratique et inutilement compliquée", aura pour effet de
repousser en 2006 la promulgation dune version édulcorée de la directive.
Il est vrai que cette réglementation coûterait aux industries chimiques entre 0,1%
(évaluation des associations) et 1,35% de leur chiffre daffaires (évaluation du
lobby chimique). Elle coûterait probablement des emplois, mais combien? Le Dr. Geneviève
Barbier pose ainsi cette question: "Personne ne sest-il jamais demandé combien
la généralisation des tests créerait demplois ou éviterait de cancers,
dinfertilités et de maladies chroniques?" (2)
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1) Lettre du 20 septembre 2003 signée T. Blair, J. Chirac et G. Schröder.
(2) Geneviève Barbier, La société cancérigène, p. 136, Éditions de
La Martinière (2004)
Il na pas de vergogne le président de lUnion des Industries Chimiques, pour
avoir osé appeler "Chimie Pride" les premiers états généraux de la chimie
qui ont eu lieu le 6 décembre à Paris! On peut comprendre que les homosexuels qui ont
inventé la Gay Pride en aient eu plus quassez de vivre dans lombre pour
vouloir revendiquer en plein jour leur différence mais sagissant de
chimistes? Sont-ils victimes de discrimination, de chimiophobie? Sont-ils victimes
dagressions? De vexations? Pas à ma connaissance! Mais ne seraient-ils pas tentés
den rajouter, par mauvaise conscience?
Quand Madame Michèle Rivasi, présidente de Greenpeace-France et députée européenne,
constate que sur les deux cent mille produits chimiques commercialisés en Europe il
ny en a que deux mille dont la toxicité a été étudiée, elle ne montre pas
dun doigt accusateur les chimistes qui ont fabriqués ces produits! Elle déplore
les insuffisances de la réglementation.
Quand Monsieur Serge Lepeltier, actuel ministre de lécologie de la République
française, apprend quune analyse de son propre sang montre quil contient 35
substances chimiques qui nont rien à y faire, il ne porte pas plainte pour
empoisonnement contre lindustrie chimique! Peut-être déplore-t-il les
insuffisances de la réglementation?
Mais quand la Commission Européenne adopte un projet de règlement appelé REACH(2) qui
sappliquerait aux 30.000 substances chimiques produites ou importées sur le
territoire de lEurope en quantité supérieure à une tonne par an, que se
passe-t-il?
Eh bien, les industries chimiques déclenchent loffensive de leur groupe de
pression à Bruxelles pour contrer ce projet! Elles font jouer à plein leurs relations
auprès de leurs amis politiques à Berlin, à Londres et à Paris ce qui déclenche
lintervention de leurs amis Blair, Chirac et Schröder auprès de la Commission
Européenne, forçant celle-ci à revoir sa copie pour en limiter la portée.
Ce nest quun nouvel épisode du combat sans merci que livrent, au nom du
Profit, les groupes industriels aux instances européennes qui se préoccupent de la
protection de la santé publique. Il a lintérêt de mettre en évidence, même pour
le public le moins averti, la collusion qui existe entre nos dirigeants politiques et le
pouvoir industriel. Combien de bons Français croient encore que la Maffia cest en
Italie?
Cet accroc a eu pourtant une heureuse conséquence: déclencher lintervention
dun quatrième protagoniste, lopinion publique, alertée par la Déclaration
internationale sur les dangers sanitaires de la pollution chimique, connue sous le nom
dAppel de Paris.(3)
Avec déjà 100.000 signataires lAppel de Paris est beaucoup plus quun appel
au secours lancé par quelques médecins et scientifiques inquiets. Cest la preuve
dune mobilisation de gens comme vous et moi qui ont compris que leur santé est en
danger et quils ont eu tort de faire confiance à des hommes et à des partis qui
les trahissent.
Cest aussi une bonne raison pour que la Chimie soit moins fière delle-même
et quelle convainque ses dirigeants de rabattre leur caquet.
Jean Aymard.
(1) Mot anglais signifiant honte, le contraire de pride qui signifie fierté.
(2) Abréviation de Registration Evaluation and Authorisation of Chemicals, soit
Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques.
(3) Voir Le Savoisien, n° 1, p.11, janvier 2005.
Amiante:
économie ou santé publique? Le choix qui tue.
(Le Savoisien n°2, février 2005)
Lamiante est un produit naturel dorigine minérale qui a été largement
utilisé dans lindustrie et le bâtiment: le fibrociment (mélange de fibres
damiante et de ciment) pour les toitures et le flocage à lamiante pour isoler
et ignifuger les immeubles.
Pourtant, dès 1945 lamiante figurait dans le tableau des maladies
professionnelles. En 1970 le CNRS avait alerté les pouvoirs publics sur les risques de
cancer par inhalation de particules damiante. En 1977 lamiante était classée
comme cancérigène par lAgence internationale de recherche sur le cancer (IARC).
On sait donc depuis 60 ans que cest un produit dangereux et depuis presque 30 ans
que linhalation des poussières damiante est à lorigine de cancers de
la plèvre et des poumons. Comment est-il possible que ce produit, dangereux mais bien
connu depuis longtemps, puisse faire 100.000 morts en France et représenter près de la
moitié (48%) des 372 millions deuros dindemnités versés en 2001 pour les
maladies professionnelles du secteur privé?
Les victimes sont connues et les milliers de témoignages recueillis par
lAssociation nationale de défense des victimes de lamiante (Andeva) montrent
quelles travaillaient dans des entreprises où la réglementation nétait pas
respectée.
Qui sont les responsables, où se cachent les coupables?
(Le Savoisien n°2, février 2005)
Ces questions restent sans réponses bien quune vingtaine de plaintes aient été
déposées depuis plus de huit ans par les victimes et lAndeva. Pourtant la liste
des fautes commises est longue et les responsables faciles à identifier pour M. François
Desriaux, Président de lAndeva : ce sont les industriels de lamiante,
les employeurs des victimes et les pouvoirs publics.
"Les premiers à avoir gravement manqué à leurs responsabilités sont les
industriels de lamiante. Dès 1971 ( ) les industriels vont sorganiser
pour que la réglementation quils pressentent soit la moins contraignante possible.
Ils vont faire appel à des experts en relations publiques et en communication pour
contrer les attaques venant du corps médical ou des épidémiologistes. Les industriels
français créeront le Comité permanent amiante (pour) tromper lopinion publique
sur les dangers réels de ce matériau.
Les employeurs également ont commis de nombreuses fautes caractérisées. Des milliers
de témoignages ( ) montrent que dans certaines entreprises ( ) les aspects les
plus élémentaires de la réglementation nétaient pas appliqués. ( )
Les pouvoirs publics, enfin, ont failli à leur mission de protection de la santé des
populations, et notamment des salariés. ( ) Le Conseil dÉtat a sanctionné en
avril de cette année, les pouvoirs publics. ( )
Comment peut-on admettre que ceux qui ont privilégié les intérêts économiques au
détriment de la santé publique naient pas à rendre des comptes à la
justice?"
Le ministre de la justice dispose pourtant, avec la loi Perben II, du pouvoir de donner
des instructions aux procureurs sur les poursuites quils doivent engager. Mais les
magistrats peuvent sabriter derrière la loi Fauchon sur les délits non
intentionnels pour ne pas poursuivre Ce quils ont fait à Dunkerque, où les
"Veuves de lamiante" ont manifesté en vain en décembre dernier pour
réclamer un procès contre les employeurs de leurs défunts maris. Ce quils
nont pas encore fait à Paris mais on peut sy attendre où les
universités Paris VI, Paris VII et lInstitut de physique du globe ont été mis en
examen le 12 janvier en tant que personnes morales.
Pour résumer, est-il excessif de dire que les industriels ont sciemment dissimulé la
dangerosité de lamiante? Que les employeurs ont sacrifié la santé et la vie de
leur personnel au profit? Que lÉtat français a été leur complice et na pas
fait son devoir? Que la Justice ne sattaque quaux responsables qui ne pourront
être pas être déclarés coupables?
Le procès de lamiante, qui rappelle celui du sang contaminé, débouchera-t-il
sur des non-lieux comme cela pourrait être le cas en 2005 pour le procès du tunnel du
Mont-Blanc et celui des dioxines à Gilly-sur-Isère?
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1) Voir le rapport annuel du Conseil supérieur de la prévention des risques
professionnels rendu public le 13 avril 2004 et son analyse par Michel Delberghe dans Le
Monde du 20 avril 2004.
(2) Cf. son article dans Le Monde daté des 28-29 novembre 2004, p. 15.
(3) Il sagit de lannée 2004.
(4) Des plaintes ont été déposées depuis
1996 par des enseignants et des employés de luniversité atteints de maladies
respiratoires attribuées à lamiante.
Environnement et
Santé, Conférence du Pr. Dominique Belpomme le 30 novembre 2004 à Chambéry
(Echo de Savoie, décembre 2004)
Pour sa première conférence à Chambéry, le Pr. Belpomme a déplacé la foule. Le
centre de congrès Le Manège était trop petit pour accueillir les 300 à 400 personnes
qui ont répondu à linvitation de la mutuelle Radiance.
Le Pr. Belpomme fait-il déjà partie des stars qui cartonnent ? Son dernier livre (1), paru en mars, na pourtant pas fait beaucoup de bruit dans les
Pays de Savoie, lEcho de Savoie ayant été la seule publication à lui consacrer
quatre pleines pages (2) Est-ce le parrainage de sa conférence par
le Conseil Général de Savoie et la Ville de Chambéry qui a attiré lattention des
Chambériens ?
Les sponsors dans la galère
Le Conseil Général, qui est maintenant responsable du Plan Départemental
dElimination des Déchets Ménagers et Assimilés (plan qui prévoit la construction
dun énorme incinérateur pour remplacer celui de Gilly-sur-Isère, de sinistre
mémoire), pourrait se trouver mal quand on lui rapportera les propos du Pr.
Belpomme : les dioxines, produites par les incinérateurs, font partie des poisons
les plus toxiques Ce sont des mutagènes puissants qui provoquent des cancers
Et qui voudra de cet incinérateur près de chez lui, maintenant que le Pr. Belpomme a
recommandé, pour éviter le cancer, de ne pas habiter près dun
incinérateur !
La Ville de Chambéry avait également accordé son parrainage avec quelques uns de ses
satellites comme Ville de Chambéry Développement Durable, lOffice du Tourisme
Chambéry Promotion et même la SCDC Chauffage Urbain dont on pouvait
naïvement- se demander ce quelle venait y faire. Parmi toutes les mauvaises
raisons qui pourront être avancées, il y en a au moins une bonne : lunité
dincinération des ordures ménagères de la ville est à la fois le plus gros et le
plus polluant des incinérateurs de Savoie ! On risque de vous dire à la
Mairie : " Circulez, il ny a rien à voir " bien
quil suffise de circuler sur lautoroute pour voir le panache de fumée qui
sen échappe jour et nuit, surtout la nuit dailleurs car il se voit
moins On risque de vous dire aussi que ça nest pas de la fumée mais
seulement de la vapeur deau, que ça nest pas dangereux !
Cest là que vous pourrez rapporter à vos élus les propos du Pr. Belpomme !
Vous pourrez aussi leur rappeler les derniers chiffres publiés par le Ministère de
lEcologie et du Développement Durable en octobre 2003 pour lincinérateur de
Chambéry : 1,72 grammes de dioxines ont été émis en 2002 soit plus de 28 fois la
limite autorisée pour les incinérateurs modernes. Il ne reste plus quun an pour
mettre aux normes cet incinérateur puisque lEtat français a différé (3) jusquen décembre 2005 lapplication de la directive
européenne du 4 décembre 2000, ce qui a fait cinq ans de gagnés pour la Ville de
Chambéry mais cinq ans de perdus pour ses administrés vivant sous la menace des
dioxines.
Alors, faute de pouvoir sopposer au Pr. Belpomme, responsable national du Plan
Cancer et expert auprès de la Commission Européenne, le Conseil Général de Savoie et
la Ville de Chambéry ont dû appliquer le proverbe arabe " La main que tu ne
peux couper, baises-là " !
Ils peuvent commencer à trembler les élus qui ont seulement essayé déponger
les débordements de la pollution alors quils auraient dû en fermer les robinets.
Lopinion publique se réveille : le Pr. Belpomme a déjà recueilli 80.000
signatures pour lAppel de Paris et il en espère un million pour bientôt. Combien
de milliers de signatures à Chambéry ?
Un professeur désobéissant
Pendant plus dune heure le public a été soumis à une perfusion accélérée de
connaissances sur le cancer et les autres les maladies causées par la pollution de
lenvironnement, puis sur les mesures à prendre pour sen sortir,
individuellement et collectivement. Il sagissait pour le Pr. Belpomme, en reprenant
la démonstration faite dans son livre, de détruire un par un les foyers de
désinformation qui infectent la pensée unique, de convaincre aussi quil nest
pas trop tard pour agir.
LAppel de Paris (voir encadré), lancé le 7 mai dernier par lARTAC a
marqué le début dune véritable croisade contre la dégradation de
lenvironnement qui met lespèce humaine en danger. Cet Appel a déjà été
signé par plus de 400 scientifiques dont plusieurs Prix Nobel, par 250 associations et
par environ 80.000 personnes. Le but est datteindre un million de signataires.
Les questions du public ont permis ensuite au Pr. Belpomme de préciser son point de
vue.
Le Plan National Santé Environnement, lancé en juin par le Gouvernement français, est
très critiquable pour son manque dambition. Il ne sattaque pas aux causes de
la pollution et vise seulement à en limiter les effets. " Ce plan nest
pas bon ! " a dit le Pr. Belpomme, " On fait linverse de ce
quil faudrait ! "
Attaquer de front les industriels serait pourtant une erreur car nous avons besoin du
progrès. Seulement, cest dun progrès au service de lHomme que nous
avons besoin, non pas dun progrès qui met lHomme au service de
lindustrie.
Dans la lutte contre les O.G.M. le Pr. Belpomme nhésite pas à donner raison à
José Bové. Il avoue être favorable à la désobéissance civique comme moyen de
pression mais ne le dirait pas à la télévision !
Encore beaucoup de questions dont certaines très pratiques et dautres plus
scientifiques trouveront des réponses avant que le Pr. Belpomme naille dédicacer
son livre et recueillir des centaines de signatures sur lAppel de Paris.
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1) Ces maladies créées par lHomme, comment la dégradation de
lenvironnement met en péril notre santé, Editions Albin Michel S.A., Paris, 2004
(2) Echo de Savoie n°74, août 2004, p.6-7, et n°75, septembre 2004, p.4-5
On pouvait chanter " Les Allobroges " sans inquiétude il y a
cinquante ans, mais ce nest plus possible maintenant. Cest le passage
" Et jaime à respirer lair pur de nos montagnes " qui
pose problème : on peut encore respirer, les montagnes sont toujours là, mais où
est lair pur ?
Il ny a plus dair pur, il ny a plus que de lair pollué dans nos
montagnes et ailleurs cest pire. Mais comme on ne peut pas sarrêter de
respirer, que faire ?
Je propose de commencer par savoir comment on en est arrivé là et de comprendre
comment on peut espérer sen sortir, en lisant le livre intitulé " Ces
maladies créées par lHomme " du Professeur Dominique Belpomme (1) qui
explique " Comment la dégradation de lenvironnement met en péril notre
santé ".
Si vous voulez respirer à nouveau lair pur de nos montagnes, lisez ce livre
ou au minimum cet article même si la réalité nest pas vraiment agréable à
découvrir.
Qui est Dominique Belpomme ?
Il faut commencer par cette question car dans le domaine de la pollution de
lenvironnement nimporte qui peut écrire nimporte quoi. Malgré son nom
lécologie nest pas encore vraiment une science. Si beaucoup
d " écolos " barbus et chevelus se sont pris pour des
savants ou des prophètes, ça nest pas le genre du Pr. Belpomme !
Médecin cancérologue, professeur de Médecine, chef de service des Hôpitaux de Paris,
fondateur en 1984 de lARTAC (2), le Pr. Belpomme est chargé de mission pour le
Plan Cancer qui vient dêtre lancé par le gouvernement français. Son livre, paru
en mars 2004, montre comment la dégradation de lenvironnement par la pollution est
maintenant à lorigine de la plupart des maladies et de la pire
dentre-elles : le cancer.
Le cancer causé par la pollution ?
Pour le Pr. Belpomme " il faut combattre lidée fausse mais qui a
toujours cours, y compris dans le corps médical, que laugmentation du nombre de
cancers est liée à la vieillesse, autrement dit que le cancer est une maladie de
vieillesse. Ce nest pas parce quon est âgé et quon a des défenses
immunitaires (3) diminuées quon a une plus grande probabilité de faire un cancer.
Cest en réalité parce quon a eu une durée dexposition plus grande aux
facteurs de risque cancérigène présents dans lenvironnement. De la même façon,
plus on passe de temps sur la route et plus le risque davoir un accident est
grand. "
Tout le monde sait que fumer nuit gravement à la santé et cause le cancer du poumon.
Mais " tous les cancers ne sont pas liés au tabac. De très nombreux
cancers sont secondaires aux facteurs de cancérisation physiques (4) et surtout chimiques
(5), que nous introduisons dans lenvironnement ". Alors que
" sur 150 000 morts par an en France par cancer on admet quil y a 30 000
morts par cancers liés au tabac. Il reste 120 000 morts à expliquer par des causes
autres. Où les trouver, si ce nest dans lenvironnement, pris au sens large,
cest à dire en considérant quil inclut aussi notre mode de
vie ? "
Le cancer causé par le stress ?
" Depuis les vingt dernières années, la situation a terriblement changé.
Les aliments que nous ingérons, leau que nous buvons et lair que nous
respirons sont beaucoup plus pollués. En outre, les recherches toxicologiques actuelles
concluent indiscutablement à leffet cancérigène de nombreux polluants. Ce ne sont
donc pas seulement 10% ou même 40% des cancers qui sont induits par la pollution (6) mais
très probablement 60 à 70% dentre eux, au minimum ". Le Pr. Belpomme
ajoute que " même le tabagisme témoigne dun certain type de pollution,
si on admet quil est dû au stress induit par notre société, comme le sont aussi
en très grande partie les autres pratiques additives (7). Le stress est en réalité la
conséquence neuropsychologique de la dégradation de lenvironnement, pris au sens
large du terme. On peut donc considérer que ce sont 80 à 90% des cancers qui sont
causés par la dégradation de notre environnement ".
Le cancer, ça se soigne ?
Alors que notre environnement est de plus en plus dégradé, alors quil ny a
jamais eu autant de cancers, peut-on au moins compter sur les progrès de la médecine en
thérapie anti-cancéreuse ? La réponse du Pr. Belpomme est dautant plus
crédible quil sest consacré depuis vingt ans à la recherche de médicaments
anti-cancéreux avec lARTAC (8) : " Où en sommes-nous dans notre
lutte contre le cancer ? Cette question mérite une réponse nuancée. Il est vrai
quon a amélioré la qualité des soins en découvrant de nouveaux médicaments et
en standardisant les protocoles de traitement. Jai fait le bilan des bénéfices
réellement obtenus grâce aux médicaments anticancéreux mis au point depuis ces quinze
à vingt dernières années. Le constat est amer : les nouveaux médicaments
anti-cancéreux naugmentent pratiquement pas le taux de guérison à cinq ans, et
très modestement lespérance de vie des malades ". Et pourtant
" Le cancer est la maladie la plus étudiée dans le monde " !
Ce constat ne marque til pas la fin dune croyance encore très
répandue ? Le progrès scientifique nest plus capable de résoudre les
problèmes causés par lévolution de notre société vers " un système
économique aveugle, ayant exclu de ses objectifs la nature, la morale et même
léthique ".
Mais puisquon court des risques graves en respirant, en buvant et en mangeant, que
faut-il faire pour avoir une chance de sen sortir ?
Arrêter de respirer, de boire et de manger ?
On peut, on doit ou on devrait, déjà, commencer par arrêter de fumer. Arrêter nous
même, si ce nest pas encore fait, et arrêter aussi les autres. Cest
lintérêt de tous, cest dutilité publique. Tout le monde sait que
fumer nuit gravement à la santé, cest écrit sur tous les paquets de cigarettes.
Cest écrit de manière à ne pas trop choquer car on devrait lire " Fumer
provoque le cancer ", une évidence pour le Pr. Belpomme qui écrit
" Le tabac est avec certitude lun des facteurs ou le facteur
responsable ".
On ne doit pas laisser les fumeurs se suicider de cette manière là !
" Sur les 150 000 morts par an en France par cancer, on admet quil y a 30
000 morts par cancers liés au tabac " assène le Pr. Belpomme qui
nen a malheureusement pas chiffré le coût pour lAssurance Maladie !...
Mais rappelez-vous quil ajoute aussi : " Il reste 120 000 morts (9)
à expliquer par des causes autres. Où les trouver, si ce nest dans
lenvironnement, pris au sens large du terme, c'est-à-dire en considérant
quil inclut aussi le mode de vie ? Il faut dons lutter contre
lutilisation des produits cancérigènes que nous introduisons dans
lenvironnement ".
La solution nest donc pas darrêter de respirer, de boire et de manger (elle
serait pire que le mal) mais de finir par comprendre que la santé dépend de
lenvironnement, car lenvironnement est dégradé par la pollution et la
pollution nuit gravement à la santé.
La pollution, ces sont dabord des produits polluants qui sont fabriqués et
dispersés un peu partout.
Les polluants qui dégradent lenvironnement
" Hormis le tabagisme, les causes chimiques à lorigine des cancers sont
de très loin les plus fréquentes. En deux générations -10), nous avons déversé
plusieurs millions de produits toxiques dans lenvironnement, le plus souvent en
labsence de contrôle et de réglementation suffisante ". Seules quelques
milliers de ces molécules ont été étudiées pour leurs effets toxiques :
" certaines sont mutagènes (11), dautres des perturbateurs hormonaux
(12), et un certain nombre dentre-elles cancérigènes ou tératogènes (13).
Les produits cancérigènes appartiennent à trois catégories : les produits
naturels résultant de lactivité humaine ; les intrants agricoles utilisés
pour fertiliser le sol ou combattre les nuisibles, mauvaises herbes et parasites ;
les produits synthétiques introduits dans lalimentation, ou à usage domestique, ou
utilisés pour nous soigner. " Cest donc nous qui fabriquons les cancers,
soit parce que nous utilisons des produits naturels en trop grande quantité, soit que
nous les transformons en déchets cancérigènes, soit parce que nous fabriquons de
nouveaux produits que nous introduisons intentionnellement dans notre
environnement ".
Les produits naturels cancérigènes sont produits essentiellement par lindustrie
sous forme de fumées et goudronspar la combustion des produits
fossiles : pétrole, charbon, gaz naturels. " On les trouve en grande
quantité dans les gaz déchappement des voitures, mais aussi dans ceux des
tracteurs et des avions (14). On les trouve dans les fumées des usines. Elles sont à
lorigine de la pollution de lair et de leau dans nos villes et plus
particulièrement dans les zones industrielles ". Cest ainsi que le taux
de cancers est plus élevé dans les villes quà la campagne. Le risque cancer du
poumon lié à la pollution atmosphérique serait dû à la présence de fines particules
dhydrocarbures (15) en suspension dans lair " produites dans les
fumées dusine et par le trafic routier, en particulier les voitures diesel.
" Le tabagisme potentialise cet effet ".
Les dioxines sont également des produits naturels de la combustion des
substances organiques en présence de chlore. Elles sont principalement émises dans
lair par les usines dincinération des ordures ménagères " et la
France détient un triste record : celui de posséder le plus grand parc européen
dincinérateurs, et le plus grand dans le monde après le Japon ". Or,
" il est maintenant clairement démontré que les dioxines sont cancérigènes
chez lhomme " et " de nombreuses études épidémiologiques ont
révélé laugmentation du nombre des cancers au voisinage des incinérateurs
(16) ". Comme les pesticides, " les dioxines sont des composés non
biodégradables qui polluent pendant longtemps lenvironnement " et
" leurs effets cancérigènes ne sont pas les seuls à considérer :
maladies du système nerveux, déficits immunitaires et stérilité le sont tout
autant ".
Bien que certains composants des matières plastiques soient directement
cancérigènes cest parce quon les incinère quelles produisent des
dioxines et des métaux lourds. " De nombreux métaux lourds, tels que le
plomb et le cadmium, mais aussi larsenic, le chrome et le nickel, sont
cancérigènes ".
Lamiante a été très utilisée pour ses propriétés isolantes et
ignifuges, en particulier dans le Bâtiment. " Dans tous les cas, ce ne sont pas
tant les fibres que les poussières damiante qui sont à lorigine de cancers,
essentiellement de cancers de la plèvre (17) et des poumons. ( ) Dici à
lan 2020 un total de 50 000 à 100 000 morts pourraient être provoqués par
lamiante "!
" Les engrais nitratésfont partie des intrants agricoles
hautement cancérigènes ". Les champs ne sont plus fertilisés par du fumier
dorigine animale puisque la spécialisation des agriculteurs en fait soit des
éleveurs, soit des cultivateurs. " Lutilisation des engrais nitratés
est aujourdhui devenus excessive. Or les plantes traitées ne fixent que 10% des
fertilisants. Quatre-vingt-dix pour cent des nitrates se dispersent donc dans
lenvironnement, c'est-à-dire dans les sols et leau, et en particulier dans
les nappes phréatiques. ( ) Et cest surtout leau de boisson contaminée
qui apporte à notre organisme des nitrates qui se transforment dans notre gros intestin
en produits cancérigènes. "
De très nombreux pesticides sont utilisés dans lagriculture ou à la
maison comme herbicides, insecticides, raticides, vermicides, fongicides, etc. Parmi les
plus connus : le DDT, laldrine, la dieldrine, les dérivés de la thiourée,
des thiocarbonates, de luréthane. " Leffet cancérigène de
plusieurs pesticides est certaine, probable ou possible " suivant les listes
publiées par le CIRC (18) et ils persistent dans lenvironnement car peu
biodégradables. " Le DDT est interdit en France depuis 1972 mais il est
toujours décelé dans lenvironnement, donc y compris dans lorganisme de
nombreux individus. ( ) Les effets toxiques des pesticides, comme ceux des dioxines,
ne concernent pas seulement linduction des cancers, mais aussi celle de maladies
dégénératives du système nerveux, de malformations congénitales et surtout de
stérilité chez les hommes ". Et pourtant environ 100 000 tonnes de
pesticides sont utilisées chaque année en France dans lagriculture et la
viticulture pour un chiffre daffaires de 2 milliards deuros ! Et
pourtant la France reste le troisième utilisateur de pesticides après les
Etats-Unis et le Japon !
Les produits synthétiques utilisés à la maison ou dans lalimentation
forment le troisième groupe décrit par le Pr. Belpomme. " La liste est longue
et tous les produits potentiellement cancérigènes ne sont pas connus à ce jour, malgré
les efforts de lIARC (19). ( ) Compte tenu de la multitude de ces produits et
de leur mise sur le marché sans que lensemble des tests adéquats aient été
réalisés ", ils ne sont étudiés qua posteriori lorsquun
drame survient.
" Laffaire est beaucoup plus grave encore dans lalimentation, car
cest intentionnellement que lindustrie agro-alimentaire ajoute des additifs
aux aliments et boissons, afin de les rendre plus attrayants". Ce sont des colorants,
des modificateurs de goût, des conservateurs et des antioxydants. Pour ces derniers, le
Pr. Belpomme explique que " lindustrie alimentaire dispose de nombreux
conservateurs capables de retarder ou darrêter la fermentation ou
lacidification des aliments, liées à la pullulation microbienne, et aussi
dautres substances anti-oxydantes, capables de sopposer au rancissement des
graisses. Or, les composés nitrés, bien quindiscutablement cancérigènes sont
toujours utilisés en charcuterie. Quant aux antioxydants, la situation nest pas
meilleure. Ceux de la classe des tocophérols et certains dérivés phénolés ( )
devraient être retirés du marché ".
Dernière catégorie : les médicaments et les matériels médicaux. Un seul
exemple : " lutilisation dstrogènes, pour retarder
artificiellement la ménopause, multiplie par trois le risque de cancer de
lutérus ". Ces molécules sont classées comme cancérigènes par
lIARC.
Sommes-nous des assassins ?
Le lien entre environnement et santé étant établi, existe til dautres
risques que le cancer ? Le Pr. Belpomme répond : " On découvre
quil y a aussi grave, voire plus grave que le cancer : la fréquence croissante
des problèmes de stérilité, en particulier masculine, et celle des malformations
congénitales de lenfant, dans les pays industrialisés. "
Des espèces sauvages ont déjà disparu : des insectes, des oiseaux, des poissons
et même des mammifères. " Il a été démontré que cette disparition
nest pas naturelle ( ) mais quelle est causée par les modifications que
nous infligeons à la nature, et en particulier par les produits toxiques que nous
déversons dans lenvironnement. " Des polluants chimiques sont mutagènes,
dautres sont des perturbateurs hormonaux qui modifient le comportement sexuel et
induisent des malformations chez les nouveaux-nés ou la stérilité des adultes.
Déjà en 1991 la déclaration de Wingspread indiquait que la stérilité et le cancer
sont deux menaces importantes pour lhumanité. Bien que signée par des
scientifiques américains elle a été ignorée aux Etats-Unis et étouffée par les
lobbies industriels qui ont continué à polluer leur propre environnement. Les goélands
ont disparu du lac Ontario pollué par les dioxines.
Quobserve ton maintenant pour lhomme ? La menace des pesticides
sur la santé. Dispersés dans le sol, dans leau et dans lair ils circulent
sur toute la Terre, jusquau Pôle Nord où ils se concentrent dans les poissons et
les phoques, pour contaminer les Esquimaux qui sen nourrissent. Ceux-ci connaissent
maintenant des problèmes de stérilité. Avec le Pr. Belpomme " on est fondé
à se demander si les pesticides déversés dans lenvironnement ne provoqueront pas
à long terme leur disparition pure et simple. "
En fait " leffet féminisant des pesticides et autres substances
chimiques à effet strogène concerne toutes les espèces, et en particulier
lhomme. "
Après les goélands et les Esquimaux, ce sera notre tour, celui des habitants des pays
fortement industrialisés, car dès aujourdhui " les stérilités
dorigine masculine sont en fréquence croissante. A la diminution de spermatozoïdes
sassocie souvent une augmentation de la croissance de leurs
malformations. "
Vers la fin de lHumanité ?
Auparavant, on pourrait assister au déclin du monde occidental, à moins que la France
ne réagisse durgence et fortement et réussisse à entraîner lEurope ?
Il faudrait déjà que les médecins et les médias prennent conscience de leurs
insuffisances car, comme lécrit le Pr. Belpomme, " les médecins
sont le plus souvent engrammés dans une vision purement curative des maladies qui exclut
létude de leurs causes, et les médias reprennent dans ce domaine, de préférence,
les bonnes nouvelles, pas forcément les moins bonnes, surtout lorsque celles-ci
sattaquent à des lobbies industriels et économiques puissants. "
Avec des médecins inconscients, des journalistes et des politiciens soucieux de plaire
ou contrôlés par une industrie menée par le profit quelles chances avons nous
déviter le pire ? " Ma conclusion est malheureusement sans
ambiguïté " dit le Pr. Belpomme, " cest la dégradation de
lenvironnement qui est à lorigine de la plupart des maladies actuelles, et
ces maladies risquent de conduire demain lhumanité à disparaître. "
Vers lécologie sanitaire ?
En tant quindividu biologique nous sommes reliés à lenvironnement par
trois types de fonctions..
Les fonctions de subsistance apportent à lorganisme ce dont il a besoin pour
vivre : lair que nous respirons, les aliments que nous ingérons, les
rayonnements -dont la chaleur- que nous absorbons par la peau.
Les fonctions neurosensorielles nous font sentir, percevoir et ressentir ce qui nous
entoure, que ce soient des objets inertes ou des êtres vivants. Elles assurent les
relations psychiques que nous avons avec eux et les sentiments que nous éprouvons pour
eux.
Les fonctions cognitives telles que le raisonnement logique, lentendement,
lintelligence, limagination, la morale, la mémoire permettent les
relations avec la société où nous vivons.
Ces trois fonctions nous permettent aussi de modifier notre environnement naturel, voire
de le détruire pour le reconstruire autrement, de le polluer par les produits et les
objets que nous fabriquons. " Ainsi, ( ) la pollution naturelle que nous
induisons directement et la reconstruction environnementale que nous opérons ont pour
conséquence inéluctable notre propre pollution et pour facture à payer, les maladies
que nous induisons. "
La pollution a des impacts sur nos fonctions. Dabord, un impact matériel sur les
fonctions de subsistance, surtout sur la nutrition et la respiration ; ensuite, un
impact sur les fonctions sensorielles comme la vision, laudition, etc. ; enfin,
un impact sur les fonctions de connaissance et de reconnaissance.
La pollution matérielle
Elle est la cause de la modification physique, chimique ou microbiologique de notre
environnement et de nos ressources naturelles. Tout le monde connaît des exemples de
cette pollution : la contamination radioactive (Tchernobyl), les marées noires
(Erika, Prestige), lamiante, la contamination des aliments par les pesticides, les
dioxines produites par les incinérateurs, lépidémie de vache folle causée par
lutilisation dune alimentation animale contaminée Cette pollution
intervient sur la santé par trois voies possibles : alimentaire, respiratoire ou
cutanée.
Dans notre assiette, ce sont des substances chimiques, naturelles ou non, qui sont des
contaminants, des additifs ou des produits de transformation culinaire. Les contaminants,
ce sont par exemple les nitrates, des pesticides ou des rejets industriels (PCB)
" qui se retrouvent non intentionnellement dans leau de boisson, les
fruits ou légumes et même les viandes. Les additifs alimentaires sont ajoutés
aux aliments afin de les rendre plus attractifs ou de mieux les conserver. Ils sont
insuffisamment connus et réglementés et " en fin de course, dans tous les cas,
ce sont les consommateurs que nous sommes qui en sont les victimes. " Les produits
de transformation culinaire dépendent de la manière dont sont préparés nos
aliments. Les produits fumés dans lindustrie agroalimentaire ou grillés chez soi,
peuvent contenir des HAP hautement cancérigènes.
La " mal-bouffe " sy ajoute encore : tromperies sur la
qualité, abus de certains aliments qui déséquilibrent les régimes. " Nous ne
pouvons connaître lorigine de ces aliments, et surtout les conditions de leur
culture et de leur conservation. ( ) Nous ne savons jamais la teneur en pesticides,
nitrates, ou autres molécules chimiques contenus dans les aliments que nous achetons. Or
ce sont justement ces molécules chimiques qui induisent aujourdhui nos maladies.
Nous sommes dons trompés. "
" Une mauvaise alimentation, un régime alimentaire déséquilibré, sont à
la base de certains cancers, en particulier digestifs. "
Le deuxième type de pollution matérielle est le pollution respiratoire. Un seul
exemple : " linhalation de poussières damiante provoque
des cancers. "
Le troisième type de pollution matérielle, la pollution cutanée, est due
essentiellement aux rayonnements, mais aussi à certains produits chimiques. Les accidents
nucléaires ont certainement été à lorigine de cancers, de stérilité et de
malformations congénitales mais les preuves scientifiques font défaut car du fait des
intérêts en jeu " on tend à minimiser laffaire, au détriment des
victimes. ". Autre rayonnement dangereux, les U.V. (20), causent deux types de
cancers (21) qui sont en nette augmentation en raison de la détérioration de la couche
dozone qui entoure le Terre. Parmi les produits chimiques dangereux pour la peau on
retrouve les HAP parmi dautres produits naturels ou synthétiques déversés dans
lenvironnement.
La pollution neurosensorielle
Elle attaque les organes de sens : la vue, laudition, lodorat, le goût
et le toucher qui nous permettent de vivre dans notre environnement. Les traumatismes
dorigine lumineuse (écrans dordinateurs) ou sonore (bruit excessif), par
exemple, détériorent nos organes.
Or, " la surdité, ainsi que les troubles visuels retentissent bien
évidemment sur le psychisme et modifient notre comportement. ( ) Toutes les
perturbations neurosensorielles modifient le cadre de nos capacités cognitives (22).
La pollution cognitive
Notre santé peut aussi être mise en danger par des " informations polluées,
excessives, dirigistes ou même trompeuses, qui nous parviennent et qui peuvent être à
lorigine de perturbations de nos facultés mentales. Les stress renouvelés
interviennent aussi. ( ) A lextrême ces sollicitations peuvent induire des
maladies mentales graves : des névroses et des psychoses. "
" La pollution intellectuelle ou morale peut provenir de la publicité :
on conditionne les gens à penser ou même à agir. A lextrême, les images de
violence peuvent inciter à tuer. " Au delà de la publicité commerciale, des
procédé analogues peuvent déformer notre vision de la réalité, diriger nos pensées
et déterminer nos tendances, ce qui conduit le Pr. Belpomme à conclure
" Jai souligné que nous étions conditionnés à un certain type
dalimentation et même parfois à lintempérance par la publicité. Il en va
de même pour le bulletin de vote que nous mettons dans lurne. Résister ( )
est devenu extrêmement difficile. "
Victoires et défaites de la médecine
La croyance dans le Progrès voudrait que la Médecine triomphe un jour de toute les
maladies. La réalité est différente : le progrès de la médecine a fait
disparaître de nombreuses maladies mais de nouvelles sont apparues. Une maladie qui
disparaît peut être remplacée par une autre (les maladies virales ont remplacé les
maladies bactériennes) et surtout lhomme en fabrique de nouvelles. " Les
épidémies dhier, la peste, la variole, la diphtérie, la syphilis, la tuberculose
ont certes disparu ou presque " mais la situation a changé.
" Cest nous qui fabriquons nos maladies. Celles-ci ne sont, en effet, plus
naturelles comme jadis, mais artificielles car elles sont liées à notre civilisation, ou
plus exactement à la pollution environnementale que nous induisons. "
Les maladies artificielles sont classées schématiquement en cinq groupes par le Pr.
Belpomme :
maladies dorigine génétique ou hormonale
Certains produits chimiques mutagènes, ou perturbateurs endocriniens, ou les deux, sont
à lorigine du cancer, de certaines stérilités et de maladies congénitales, de la
majorité des maladies héréditaires.
" Le cancer était jadis très peu connu ( ). Il est à peu près certain
quil nexistait dans lAntiquité que sous la forme de quelques cas
isolés. " Au XIXème siècle les cancers sont encore extrêmement rares
" et il ne fait donc aucun doute que le cancer est une maladie des temps
modernes et que laugmentation de fréquence observée depuis laprès-guerre
soit liée à lindustrialisation de notre pays. "
Plus grave que le cancer, la stérilité masculine, napparaît jamais chez les
médecins de lAntiquité grecque et romaine. Elle croît régulièrement depuis la
Seconde Guerre mondiale dans les pays industrialisés. " Ce qui veut dire que,
dans certaines populations actuelles, on peut concevoir que les hommes nont plus que
50% des spermatozoïdes quils avaient avant la guerre. " Chez la femme la
stérilité est presque toujours dorigine infectieuse " mais le problème
se pose de leffet nocif des pesticides ou autres substances chimiques. "
Les malformations congénitales sont souvent induites par des facteurs environnementaux
qui perturbent la grossesse. Il a été démontré quil y avait " un lien
statistique entre lexposition aux pesticides et la survenus de certaines
malformations de lappareil uro-génital chez lenfant. "
maladies dorigine infectieuses
Certaines nouvelles maladies sont bactériennes ou virales (sida, sras), ou à prions
(vache folle). Le sida est une maladie des temps modernes et la mondialisation favorise la
propagation du virus. Mais doù vient le VIH (23) ? Pour le Pr. Belpomme ce
nest pas une mutation qui aurait rendu le VIH pathogène mais des modifications du
comportement humain. " Un virus proche du VIH aurait été longtemps latent,
inoffensif, et pour une raison quelconque ( ) ce virus serait devenu actif. ( )
Doù la pandémie actuelle créée par lhomme et amplifiée par la
mondialisation. "
" Le sras est peut-être aussi une maladie créée par
lhomme. " Elle est causée par un virus de la civette, un mammifère
traditionnellement consommé par les Chinois. " Il est probable quil y a
eu une rupture de barrière despèce, expliquant que le virus, présent normalement
chez lanimal, ait pu contaminer lhomme et sy développer. ( ) Il y
a til eu un déficit immunitaire chez les premiers individus contaminés, expliquant
que le virus soit devenu pathogène ? ( ) En fait, cette affection qui
nétait pas connue antérieurement a probablement été fabriquée par
lhomme. "
" Vache folle, ou folie humaine ? " interroge le Pr. Belpomme.
On ne sait pas comment est apparu le prion, qui nest pas un virus mais une protéine
anormale qui infecte les cellules. Mais " on sait, en revanche, avec certitude
que le fait davoir nourri des bovidés avec des protéines animales a provoqué son
apparition " et causé une maladie grave du système nerveux. Cest
" parce quon a transgressé les lois naturelles ( ) que la maladie
est survenue. "
maladies dorigine métabolique
Les maladies cardiovasculaires sont liées à lathérome , une maladie
métabolique qui comprend plusieurs facteurs : le cholestérol, lhypertension
artérielle, lobésité, le diabète. Le tabagisme et le déséquilibre alimentaire,
les perturbateurs hormonaux, pourraient en être la cause. " Au XIXème siècle,
lathérome était inconnu. ( ) Les maladies cardiovasculaires actuelles sont
donc, à lévidence, nouvelles et intégralement induites par nous. "
maladies dorigine toxique ou allergique
Elles représentent la majorité des maladies respiratoires chroniques (asthme),
certaines maladies de peau. Connues depuis longtemps, " ce qui est nouveau
nest donc pas les allergies et la crise dasthme, mais leur fréquence accrue.
On admet que dans notre pays lasthme touche 3,5 millions de personnes, dont
essentiellement des enfants et des adultes jeunes. " Pour lexpliquer on
doit admettre que " dune part, cest la pollution atmosphérique qui,
en fixant les allergènes naturels, les rendent plus offensifs et, dautre part, que
ce sont les allergènes chimiques introduits dans lenvironnement qui provoquent de
nouveaux cas dallergie "
maladies neurosensorielles ou neuropsychiques
Pour le Pr. Belpomme ce sont des maladies qui " dans de nombreux cas sont
induites par notre société. "
La fin des certitudes et limposture de la médecine
" Limpression générale est que notre médecine est toujours très
puissante. Demain tel ne sera plus le cas. Car les maladies générées par lhomme
sont beaucoup plus redoutables et difficiles à contrôler que celles qui existent
naturellement. " Entre la puissance supposée de la médecine et lextrême
difficulté des recherches actuelles il y a un abîme dont le public nest pas
conscient. " Il sagit dune grave erreur, imputable à le fois à une
croyance aveugle, démesurée dans le progrès et à limposture de certains
chercheurs ou médecins qui, trop souvent, pensent détenir des clés scientifiques qui se
révéleront, en réalité, un petit plus. "
La médecine contemporaine bénéficie encore de quelques succès mais son efficacité
tend vers une limite, mal comprise ou même niée par les médecins, alors que la
société exige toujours plus de découvertes. " Poussée par cette
demande, la médecine est inconsciemment amenée à tromper les malades et les citoyens,
parfois même à aller jusquau mensonge, à la fraude scientifique ou à
lescroquerie. " Car la principale découverte des cent dernières années
est amère : " ni la biologie ni la médecine ne seront demain en
mesure déradiquer toutes les maladies, de guérir tous les malades. Et cest
là le constat déchec ou de semi-échec de la médecine contemporaine quil
faut faire et la raison de limposture actuelle quil faut
dénoncer. "
La santé publique en crise
" Partout dans le monde, la santé est menacée. " Dans les pays en
voie de développement elle dépend des organismes internationaux et des ONG mais leur
action nest pas à la mesure de la gravité et de lampleur des problèmes
sanitaires. Dans les pays riches le problème dominant est celui de son financement. En
France les dépenses de santé ont augmenté continuellement depuis la dernière guerre
pour atteindre maintenant 10% du PIB (24). Sécurité sociale et assurance maladie sont en
déficit permanent et les gouvernements successifs sy cassent le dents. Mais, pour
nos concitoyens, la santé est la priorité !
Les dépenses de santé augmentent parce que " nos maladies augmentent en
nombre, le nombre de malades augmente, les maladies actuelles sont de plus en plus
difficiles à traiter et que, pour y remédier les traitements qui sont mis en uvre
sapparentent de plus en plus à des prouesses médico-techniques et donc que
celles-ci coûtent de plus en plus cher, alors que les résultats obtenus ne sont pas à
la hauteur de ce que ces traitements coûtent. La boucle est bouclée, on est dans un
cercle vicieux. "
Pour le Pr. Belpomme il faut distinguer le " sanitaire " du
" social ", ( ) séparer du point de vue financier et structurel
le remboursement des soins et de la prévention de ce qui relève du secteur
" social ". Il y a trois mesures à prendre : " être
beaucoup plus strict pour la mise sur le marché de nouvelles thérapeutiques, ( )
réorganiser notre système de santé, développer la prévention, et plus
particulièrement la prévention primaire. "
Prévenir les maladies
" Il nexiste pas de réelle politique de prévention dans notre pays.
( ) On continue à privilégier la médecine de soins à visée curative au
détriment de la prévention. ( ) Ce qui signifie quen perpétuant cette
politique, on persiste à ne pas vouloir prendre le mal à la racine, cest à dire
à ne pas entreprendre une politique environnementale denvergure. On continue à
fabriquer de nouvelles maladies. " Le Pr. Belpomme pense que cela serait
possible en " associant de façon plus étroite les actions du ministère de
lEnvironnement à celles du ministère de la Santé, car environnement et santé
sont liés ". Ce rapprochement irait dans le sens du concept de lécologie
sanitaire qui étudie les effets de lenvironnement sur la santé.
" Lécologie nest ni de droite ni de gauche, mais lénorme
responsabilité des partis de droite est quils se trouvent ( ) liés aux
lobbies industriels et que, pour des raisons essentiellement politiques, ils continuent à
soutenir ces lobbies qui nont pourtant dautre objectif que de défendre leurs
intérêts financiers. " Le concept de développement durable, né en
1972 à la conférence de Stockholm, cherche à rendre compatible la croissance
économique avec le respect de lenvironnement. Mais pour le Pr. Belpomme
" le développement durable tel quil est appliqué aujourdhui est un
leurre, pas une solution. " La politique reste en effet basée sur la croissance
économique. " Produire plus, augmenter la consommation de biens matériels,
épuiser toujours plus les ressources naturelles, polluer sans égard pour leffet de
serre ni la santé, on ne veut pas percevoir quun jour il y aura une
limite. "
Croissance ou décroissance économique ?
Sil est difficile dadmettre la décroissance, il devrait être possible de
faire évoluer la croissance actuelle dont le critère est la quantité de biens
produits. " Le plus tôt possible, il faudra que ce soit la qualité des
biens. Ce qui revient à fixer le prix en fonction de la qualité de ce quon
achète. "
Polluer, un crime contre lhumanité ?
" Le nouveau code pénal français de 1994 stipule que sont punis de la
réclusion criminelle à perpétuité les actes suivants : le génocide,
latteinte volontaire à la vie, latteinte grave à lintégrité physique
ou psychique, les actes entravant les naissances, le transfert forcé denfants, la
déportation, lesclavage, la torture Il faut faire évoluer le droit et
inclure la pollution comme crime contre lhumanité, puisque celle-ci, en attentant
à la santé, attente à la vie, entrave les naissances et finalement risque de conduire
lhumanité à sa perte. "
Comment sen sortir ?
La situation serait désespérée sans le déclenchement des mécanismes de défense
dun corps sociétal qui réalise enfin quil est en danger. Le Pr. Belpomme
croît dans la force de la société civile pour pousser les gouvernants à faire les
réformes nécessaires.
Les intellectuels, les associations écologistes, les femmes feront évoluer les médias
qui mettront la pression sur les hommes politiques et cest lEurope, pas les
Etats-Unis, qui élaborera le monde de demain.
Enfin, et surtout, Le Pr. Belpomme mets sa confiance dans Jacques Chirac,
" qui a une responsabilité politique sans précédent "
puisquil sagit de sauver lespèce humaine.
Ce dernier chapitre suffira til à ruiner dans lesprit du lecteur les 320
pages qui précédent ?
Ce serait dommage car, en fait, le Pr. Belpomme ne fait que se changer de
vêtement : il quitte la blouse du médecin pour enfiler le costume cravate du
notable ! Il essaie de faire face avec conviction à ses responsabilités
dexpert auprès de la Commission européenne et à celle du " plan
cancer " lancé pour marquer le présent quinquennat présidentiel. Nous lui
souhaitons de réussir dans ces fonctions sans oublier que dans le monde politique, et en
France en particulier, " les promesses nengagent que ceux qui y
croient ".
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
Pr. Dominique Belpomme, Ces maladies créées par lHomme, comment la dégradation
de lenvironnement met en péril notre santé, Editions Albin Michel S.A., Paris,
2004
Association pour la Recherche en Thérapie Anti-Cancéreuse (ARTAC)
Système de protection de lorganisme contre les infections
Par exemple les radiations ionisantes
Par exemple certains pesticides
Estimation faite en 1981 aux Etats-Unis
Par exemple lalcool et la drogue
Voir la note (2) ci-dessus
Par cancer
Soit environ cinquante ans, en gros depuis la seconde guerre mondiale
Elles causent des mutations de nos chromosomes
Elles perturbent le fonctionnement de lorganisme, la sexualité et la reproduction
Elles provoquent des avortements ou des naissances anormales
D. Belpomme oublie les camions dont le nombre se multiplie avec le développement
anarchique du transport routier
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP sont particulièrement nocifs
Rappelons que pour les Pays de Savoie des incinérateurs fonctionnent pour le 73 à Aime
(Bourg St Maurice), Chambéry, Macot (La Plagne) et pour le 74 à Chavanod (Annecy),
Marignier (Cluses), Passy, Thonon-les-bains, plus Bellegarde qui bien que dans lAin
traite des déchets du Faucigny et du Genevois.
Membrane qui enveloppe les poumons
Centre International de Recherche Contre le Cancer (CIRC)
Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC)
Les rayons ultraviolets
Les épithéliomas communs et les mélanomes
Capacité dacquérir des connaissances sur les êtres et les objets de notre
environnement
Même si cest indiscret, je ne peux pas
mempêcher de jeter un coup dil de temps en temps chez les voisins!
Jy vois parfois des choses qui me font envie et dautres qui font réfléchir.
Cest ce qui arrive aux Savoisiens qui ont la curiosité de regarder ce qui se passe
en Vallée dAoste ou en Suisse. Lautonomie régionale dun côté, la
démocratie participative de lautre, ça fait trop envie pour ne pas regretter, par
moment, dêtre de ce côté de la frontière
La Suisse, "ça en jette"! Les banques
pleines de lingots, les boutiques de montres en or et de chocolat au lait, les grands
voiliers blancs sur les lacs bleus des images dÉpinal pour les petits
Savoyards, daccord, mais les Suisses ont bien dautres raisons dêtre
fiers (un peu trop quelquefois) de leur pays. Même pour les poubelles, ce sont les
meilleurs: champions du monde du tri des déchets, comme Roger Federer est champion du
monde de tennis!
Les Suisses trient mieux
Les 19 et 20 mai ils viennent de faire les "Journées coup de balai", deux
jours pour se perfectionner dans la gestion des déchets: portes ouvertes dans les
déchetteries, cours de compostage, fêtes populaires avec gobelets recyclables.
Pour entretenir les bons réflexes et améliorer encore les performances. Comme en sport.
Résultat: la Suisse a rejoint lAutriche en tête en atteignant le taux record de
50% de recyclage des déchets. LAllemagne et les Pays-Bas dépassent les 40%... et
la France plafonne à 18%. La conséquence est bien connue: tout ce qui nest pas
trié et recyclé doit être incinéré (42%) ou mis en décharge (40%) et contribue à la
pollution de lenvironnement. Bravo la France!
En France le taux de 50% de recyclage est un objectif
pour dans 10 ans, selon le Directeur de lAgence de lenvironnement
(Ademe) mais quelle politique soutient encore des objectifs à 10 ans? "Après
moi le déluge" nest-il pas le mot dordre de nos gouvernants?
Mais comment font-ils, les Suisses? Rien de
compliqué: les municipalités organisent des actions de sensibilisation, des
interventions dans les écoles, des permanences téléphoniques. En outre plusieurs
cantons font payer 1 franc plus cher les sacs (obligatoires) destiné aux déchets non
triés, qui ont depuis diminué de 30%. Cest tout et ça suffit pour un peuple
attentif depuis longtemps aux problèmes écologiques, sauf que il reste un
problème!
Les Suisses jettent plus!
Cest un problème de pays riche: plus on est
riche plus on produit de déchets. La Suisse est lun des premiers producteur de
déchets dEurope: 695 kg par habitant et par an, contre 580 kg en moyenne pour
lEurope et 560 kg pour la France qui fait (pour une fois) mieux que la moyenne. Ce
qui fait déborder les poubelles en Suisse, comme ailleurs, ce sont les emballages, à
cause de fabricants peu motivés par leur réduction ou lutilisation de matériaux
biodégradables. Même la taxe de deux centimes deuros payée par les fabricants en
France pour chaque emballage est inopérante: ils représentent 40% des déchets.
À moins que la baisse du niveau de vie des Français
soit suffisante pour réduire les déchets il faudra bien trouver une autre
solution, car comme les champions du recyclage ne sen sortent pas, dans 10 ans la
France se retrouvera au même niveau que la Suisse maintenant!
Recycler ET réduire.
Pour en sortir, il faudra attaquer les emballages par les deux bouts de la chaîne: par
les fabricants et par les consommateurs.
Taxer les entreprises qui commercialisent les emballages, comme cest fait en
France, ne sert à rien dautre quà financer une petite partie du coût de la
destruction (polluante) des emballages. La taxe devrait, pour être efficace, conduire les
fabricants à utiliser des matériaux recyclables ou biodégradables (ils en seraient
alors exemptés) ou leur faire payer le coût réel de la destruction et de la
dépollution suivant le principe du pollueur-payeur.
Répartir également entre tous les ménages le coût du traitement des déchets par
limpôt, comme cest fait aujourdhui en France, est scandaleusement
injuste et nincite pas à réduire les déchets, en particulier les emballages.
Quand on paye la même chose, quon trie ou pas, quon jette beaucoup ou peu,
pourquoi se compliquer la vie? Là aussi le ménage pollueur doit payer plus que celui qui
limite ses achats de produits emballés et qui fait leffort de trier ses déchets.
Le procédé suisse est simple et efficace, pourquoi ne pas ladopter dans votre
commune? Parlez-en à votre Maire...
Avec laugmentation vertigineuse du prix de
lessence et du gazole depuis un an, personne ne peut plus ignorer quil y a un
problème dapprovisionnement en énergie. Les prix montent car la demande augmente
fortement alors que les ressources sont limitées, comme pour toutes les sources
dénergies dites fossiles (pétrole, gaz, charbon). Les experts sont daccord:
il sagit dune crise durable car ce nest pas avant longtemps que les
énergies renouvelables seront capables de prendre le relais. Le dérèglement climatique,
par ailleurs, imposera une réduction de la consommation des énergies fossiles.
La solution proposée par Jean-Marc Jancovici et
Albert Grandjean dans leur livre Le plein sil vous plaît! est de faire
baisser progressivement la consommation par laugmentation régulière de la taxe sur
lénergie non renouvelable (voir Le Savoisien n°13, p.12). Donc
daugmenter les prix encore plus vite, alors que les revenus stagnent ou régressent!
Quon laime ou pas, la chasse au Gaspi va
devenir un sport obligatoire, sauf pour quelques rares privilégiés. Comme tout le monde
nest pas chasseur, voici quelques conseils aux débutants
Gaspi voiture.
Marcher ou pédaler plutôt que de prendre la
voiture pour 5 minutes: 40% des déplacements font moins de 2 km et 95% des conducteurs
sont seuls à bord.
Prendre le bus: un bus plein remplace 40
voitures et économise 100.000 litres de carburant par an alors quun bus vide
vous coûte de largent en impôts locaux.
Moins de carburant consommé = moins
de pollution = moins de dépenses.
Gaspi électricité.
Éteindre la lumière dans les pièces où il ny a personne: trois pièces
éclairées consomment autant délectricité quun réfrigérateur.
Remplacer les ampoules ordinaires, les ampoules à décharge consomment 5 fois
moins.
Éteindre la télé et lordinateur au lieu de les laisser en veille quand
ils sont inutilisés.
Débrancher le chargeur des batteries du téléphone portable sil est
inutilisé.
Fermer les plaques électriques avant la fin de la cuisson: elles chauffent
encore pendant un quart dheure.
Mettre un couvercle sur les casseroles: 30% dénergie en moins pour le
même résultat.
Laver le linge seulement quand la machine est
complètement remplie, à basse température avec le programme court.
Moins délectricité consommée
= moins de pollution = moins de dépenses.
Gaspi eau.
Prendre une douche (30 litres deau) plutôt quun bain (200 à 300
litres): une douche tiède coûte 20 fois moins quun bain brûlant.
Équiper votre WC dune chasse deau avec économiseur.
Fermer le robinet pendant que vous faites la vaisselle ou que vous vous brossez
les dents.
Récupérer leau de pluie pour arroser
le jardin ou utiliser un arrosage goutte à goutte.
Moins deau consommée = moins
deau polluée = moins de dépenses.
Gaspi chauffage (pour cet hiver).
Isoler le toit, les combles et les murs extérieurs: 10 à 20% déconomie
de chauffage.
Faire la chasse aux courants dair par les portes et les fenêtres:
calfeutrez-vous.
Installer un double vitrage aux fenêtres.
Chauffer moins : 19° maximum, moins en shabillant davantage.
Fermer les volets pendant la nuit pour réduire la déperdition de chaleur par les
fenêtres.
Moins de combustible ou
délectricité = moins de pollution = moins de dépenses.
Manifestez votre solidarité avec les Savoisiens en adressant au Journal vos recettes de
chasse au Gaspi. Merci pour eux!
Le gouvernement Villepin continue à avoir de laudace pour fixer des objectifs
ambitieux et faire des annonces fracassantes qui nont aucune chance
dêtre suivies deffets autres que médiatiques. Faire des titres dans les
journaux: voilà le but recherché!
Depuis des années la France tient la place peu enviable de troisième consommateur de
pesticides au monde, des produits chimiques destinés à améliorer le rendement des
cultures, qui sont utilisés principalement par les grandes exploitations agricoles. Ils
sont malheureusement nocifs: ils représentent 50% des risques en santé-environnement (la
santé des agriculteurs en premier) et sont très persistants. La conséquence de leur
utilisation massive depuis des années cest quil y en a partout: dans les
aliments, le sol, lair et leau. Rappelons les chiffres officiels: 80%
(quatre-vingts pour cent!) des eaux de surface sont contaminées et 57% (seulement!) des
eaux souterraines, qui nous fournissent leau de boisson.
Mais que fait le gouvernement? Un nouveau plan interministériel présenté le 28 juin
par les ministres de lagriculture et de lécologie pour réduire de moitié
dici à 2009 (en seulement trois ans?) la vente des substances les plus dangereuses.
Cest la preuve pour le directeur de leau au ministère de lécologie que
les pouvoirs publics "cessent de se voiler la face" bien quil déplore
davance que le prochain bilan montrera une nouvelle détérioration. À part
quelques petites mesures bienvenues (renforcement des contrôles de résidus, réforme de
la procédure dautorisation des nouveaux pesticides, etc.) une taxe devrait être
votée avec la future loi sur leau mais son examen a été une nouvelle fois
reporté.
Pour lessentiel ce "nouveau" plan Pesticides ne fait que prolonger les
mesures en vigueur qui ont déjà montré quelles étaient inefficaces. Pire, il
laisse tout le pouvoir de décision au ministère de lagriculture, toujours plus
soucieux de défendre les intérêts du lobby agricole que de protéger
lenvironnement! Il nest absolument pas question dun partage de la
tutelle des pesticides avec les ministères de la santé et de lécologie À
votre santé!
Par Pierre Ottin Pecchio, Union Santé Contre Pollution
Les efforts de quatre associations et lappui de la FRAPNA ont permis la réunion
à la mairie de Cluses dune assistance nombreuse pour la conférence donnée par M.
Dany Dietmann le 12 octobre.
Mr Dietmann est biologiste et maire dune petite commune alsacienne qui côtoie une
énorme décharge à ciel ouvert. Comme lui-même, ses administrés sont donc
sensibilisés depuis longtemps à des nuisances, ce qui leur a permis de conduire depuis
1991 une expérience exemplaire pour le tri, la collecte et le traitement des déchets.
Tout commence par le tri à domicile qui permet de séparer facilement, dès
lorigine, ce qui ne peut plus lêtre que difficilement et coûteusement
ensuite. La collecte séparée des produits triés permet par la pesée des poubelles de
ne faire payer à chaque ménage que le traitement de ce quil jette. Le traitement
consiste à valoriser tout ce qui a une valeur et à nincinérer ou mettre en
décharge que le minimum. Tout comme Arnold Schwartzeneger, gouverneur de lEtat de
Californie Mr Dietmann recycle à 80% tandis que lÉtat français (et la
vallée de lArve) plafonne à un très médiocre 20%.
Cette priorité au tri est devenue une nécessité impérieuse pour réduire du même
coup le coût et la pollution : jusquen 2000 on se croyait dans une société
dabondance où lon pouvait gaspiller des produits, par exemple en les brûlant
dans des incinérateurs ; depuis 2002 on a compris quon vivait dans une
société de pénurie où il faut réutiliser et récupérer tout ce qui peut
lêtre. Pourquoi brûler du plastique quand il peut servir à fabriquer du pétrole,
comme cela se fait déjà en Allemagne ?
Du coup, il ny a plus de déchets ! Ce sont des " matières
secondaires " qui prendront de plus en plus de valeur au fur et à mesure de
laugmentation des matières premières qui se raréfient : le cours du
plastique récupéré à partir des bouteilles en plastique est passé en six mois de 106
/t à 191 /t.
Du coup il y a moins de pollution par les incinérateurs dont lactivité est
réduite de 60%, il y a réduction de leffet de serre, et donc du réchauffement
climatique. Il y a moins de pollution par les rejets dangereux des incinérateurs dans
lair, par les mâchefers et refioms dans les décharges.
Du coup les ménages font des économies car le bénéfice du recyclage se déduit des
coûts de collecte et de traitement, eux-mêmes en diminution.
Moins de pollution et moins de dépenses inutiles : voilà le message de M.
Dietmann à Cluses " Trier cest économiser la matière plutôt que
de payer pour la détruire ".
Souhaitons que ce message ait été reçu 5/5 par M. Martial Saddier, député-maire de
Bonneville, ainsi que par M. Raymond Mudry, Conseiller général, maire de Marignier et
Président du Sivom qui gère lincinérateur de Cluses-Marignier. Ils avaient la
chance dêtre présents au milieu de 150 à 200 habitants de la vallée de
lArve qui, eux, noublieront pas la leçon du Professeur Dietmann.