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U S C P . Savoie    
UNION SANTE CONTRE POLLUTION (Association sans but lucratif)
98 route de Corbier 74650 CHAVANOD
e-mail : uscp.savoie@free.fr
 
DOCUMENTS
 
SOMMAIRE
 
ÉCOnomies: chasse au Gaspi! (Le Savoisien, août 2006)
Qualité suisse (Le Savoisien, juillet 2006)
Votre argent... à la poubelle! (Le Savoisien, janvier 2006)
NIMBY : tout à Chedde! (Le Savoisien, novembre 2005)
Le risque nucléaire concerne aussi la Savoie. (Le Savoisien, octobre 2005)
Un grand verre de Belpomme c’est bon pour la Santé! (Le Savoisien, juin/juillet 2005)
Santé et travail: Et un plan de plus! (Le Savoisien, avril 2005)
Les riches heures du projet REACH. (Le Savoisien, mars 2005)
Chimie shame... (Le Savoisien, mars 2005)
Respirer, Boire, Manger nuit gravement à la santé (L’Echo de Savoie n°75, 2004)
 
 
Votre argent... à la poubelle!
(Le Savoisien, janvier 2006)
 
Celui qui aurait l'idée de mettre chaque année entre 50 et 200 euros à la poubelle passerait pour un fou! C'est pourtant ce que vous faites en payant pour l'enlèvement et le traitement de vos déchets, et ce n'est qu'un début car vous produisez toujours plus de déchets qui coûtent de plus en plus cher à traiter. En plus, ça ne va pas s'arranger avec la hausse du prix du pétrole, bien au contraire!
 
Tout ça c'est de la faute des maires, car ce sont eux les responsables devant la loi de l'enlèvement et de l'élimination (sic) des déchets des ménages. Mais c'est bien vous qui élisez votre maire, non? Rendez-vous en 2008 pour les élections municipales!
 
 
Une taxe inéquitable.
Depuis la loi du 15 juillet 1975 les communes sont dans l'obligation d'assurer l'élimination (sic) (1) des déchets des ménages. C'est aussi pour cela que la plupart des communes se sont regroupées, soit en Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI): Communautés de communes ou d'agglomération, soit en Syndicats intercommunaux.
Les communes ou leur groupement disposent de 3 modes de financement, au choix:
-a) la REOM, redevance des ordures ménagères, qui résulte du partage entre les usagers des frais de collecte et de traitement. Notons au passage que cette redevance basée sur le coût réel va disparaître en 2006 au profit de la taxe, bien qu'elle soit plus équitable. Elle permet en effet de proportionner le coût à la quantité de déchets produite par un ménage: c'est la redevance incitative qui favorise aussi le tri, permet le recyclage et limite d'autant l'incinération (2). Mais elle n'intéresse pas les maires: une dizaine de communes seulement ont fait ce choix en France.
-b) la TEOM, taxe des ordures ménagères, qui est un impôt direct calculé sur la base de la taxe foncière et qui s'ajoute à celle-ci. Ce n'est plus l'usager qui paye un service mais le contribuable qui paye un impôt. Qu'est-ce que ça change? D'abord, l'État se sert au passage (3), ensuite il n'y a aucune incitation à la limitation des déchets ni au tri, donc le coût de traitement est maximum et les bons citoyens (qui trient) paient pour les mauvais!
 
-c) le budget communal, alimenté par les impôts locaux, peut compléter la TEOM.
 
Une politique calamiteuse.
Jusqu'en 1990 les communes "éliminaient" les ordures dans des décharges ou les brûlaient sans trop de précautions. Résultat: pollution du sol, des eaux et de l'air. Depuis 1991 il faut traiter les fumées et contrôler les polluants (4). En 1992, enfin, une politique basée sur la réduction, le tri et la valorisation (recyclage ou récupération d'énergie). Malheureusement la loi du profit maximum fera dévier de ces objectifs; en 2005 il n'y a toujours pas de réduction des déchets, le tri et le recyclage sont très en dessous du souhaitable et seule l'incinération a progressé (en utilisant le faux nez de la valorisation énergétique) alors que c'est le moyen le plus polluant et le plus onéreux pour l'usager… mais le plus rentable pour les entreprises qui exploitent le filon. Nos maires dans tout ça? Les plus honnêtes ont été bernés, les autres ont été... complaisants!
 
Une facture très salée.
Quand le recyclage coûte en moyenne 35 € la tonne, l'incinération revient à 100 €, auxquels s'ajoute le coût de la collecte et du transport jusqu'à l'incinérateur. Pour la 2C2A (5) par exemple, le coût était en 2004 de 176 € /t dont 100 € pour l'incinération par le SIDEFAGE (6) à Bellegarde, plus 45 € pour la collecte, plus 31 € pour le transport en train d'Annemasse à Bellegarde (7). A cette facture déjà salée vont s'ajouter en 2005 l'augmentation des coûts de collecte et de transport liée au prix du carburant et celle de l'incinération elle-même qui devra répondre à des normes de pollution de plus en plus serrées.
Ne croyez pas que la production d'électricité ou de chaleur par certains incinérateurs va contenir les augmentations à venir: elle n'équivaut qu'à 10% environ du montant de l'incinération alors que le transport, collecte comprise, en représente les deux tiers!
Ne croyez pas non plus que les normes antipollution vont s'assouplir! C'est tout le contraire car on mesure de mieux en mieux les coûts indirects liés aux maladies environnementales causées par la pollution. Attendez-vous donc à une augmentation vertigineuse de vos impôts locaux tant que l'incinération restera le moyen privilégié (pourquoi? par qui?) pour le traitement de 80% de vos déchets.
 
Comment sortir de l'impasse?
Quand des choix erronés engagent l'avenir pour longtemps il n'est pas facile de faire marche arrière. Les EPCI, les SIVOM et autres SITOM, sont propriétaires encore pour longtemps des ruineuses machines à polluer que sont les incinérateurs. S'il est malheureusement impossible de les arrêter (que faire de millions de tonnes de déchets?) il faut chercher par tous les moyens à réduire leur activité et donc leurs nuisances. Cela suppose d'avoir du courage, de faire les efforts nécessaires pour sortir de cette impasse car le choix est simple: ou bien vous réduisez et vous triez vos déchets ou bien vous payez très cher votre négligence.
Réduire c'est possible pour un consommateur averti qui refuse de payer deux fois le prix des emballages: une première fois à l'achat du produit, une deuxième fois pour incinérer l'emballage. Trier c'est possible en utilisant les "Points verts" qui existent dans toutes les communes ou presque en attendant d'avoir chez soi les 2, 3 ou 4 poubelles qui permettront de trier efficacement et donc de recycler, alors que quand tous les déchets sont mélangés on ne peut plus que les incinérer.
Choisissez de ne plus mettre autant d'argent à la poubelle! Exigez de vos élus qu'ils vous facilitent la vie!
 
Pierre Ottin Pecchio,
Union Santé Contre Pollution.
 
1. On sait maintenant que le terme est impropre: on n'élimine pas un déchet, on ne peut que le transformer en un autre déchet qui ira dans une décharge sauf les rejets gazeux qui iront polluer l'air.
2. Le recyclage coûte moitié moins que l'incinération.
3. La gestion de la taxe par le Trésor public se traduit par un prélèvement de 8%.
4. Sauf les dioxines dont le contrôle n'est obligatoire que depuis 1997 pour un petit nombre d'usines d'incinération et ne sera applicable à toutes qu'à partir du 28 décembre 2005.
5. Communauté de Communes de l'Agglomération d'Annemasse
6. Syndicat mixte de gestion des déchets du Faucigny et du Genevois
7. D'après Le Messager du 21 juillet 2005, édition du Genevois.
 
 
 
Des truites transsexuelles bientôt dans le Léman?
(Le Savoisien, décembre 2005)
La commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL), qui s'est réunie le 10 novembre pour sa 44ème session annuelle, s'inquiète au sujet des substances déversées dans le Rhône par les industries chimiques et les stations d'épuration; car ces produits peuvent agir en très petites quantités comme perturbateurs hormonaux sur la faune du lac. Malgré un bilan globalement positif à mi-parcours du plan d'action 2001-2010 en faveur du lac, les micropolluants sont un problème de taille pour la reproduction des poissons car on a pu constater des perturbations hormonales et des atteintes de l'immunité (vulnérabilité plus grande aux maladies).
On a pu dénombrer une trentaine de pesticides dans le lac, provenant principalement des usines valaisannes d'industrie chimique, mais on a constaté aussi dans le lac des résidus médicamenteux, des antibiotiques et un antiépileptique...
Il faut savoir que ces produits peuvent agir très longtemps quand ils sont inclus dans les boues du fond du lac. On estime que l'eau du Léman ne se renouvelle totalement que tous les 12 ans, et de façon inégale: la couche d'eau la plus profonde (au-delà de -200m) est la moins brassée, et la couche moyenne (entre -50 et -200m) est la couche régénérante pour ce grand lac.
On a déjà trouvé des truites qui ont changé de sexe en aval des stations d'épuration, mais pas encore dans le lac.
Il est certain que ces constatations ne font que renforcer le besoin de connaissance de l'impact de ces substances chimiques sur l'environnement, et qu'il est urgent que le programme REACH, proposé aux pays européens par la Commission, soit mis en oeuvre rapidement. Mais le nouveau gouvernement allemand, appuyé par la France, retarde cette mise en oeuvre et tend à vider, sous la pression des lobbys chimiques, ce programme de son contenu.
 
Dr. Bernard Bluteau.
Union Santé Contre Pollution
 
 
 
NIMBY (1): tout à Chedde!
(Le Savoisien, novembre 2005)
Air immobile sur Chedde, printemps 2005.
 
 
Les habitants de la riante commune de Passy, sur les coteaux ensoleillés de la rive droite de l’Arve, ont une vue magnifique sur la chaîne du Mont-Blanc, le mont Joly et les Aravis. Enfin, pas tous, car ceux du hameau de Chedde n’en profitent guère! Chedde, c’est un peu le dépotoir où se trouve ce qu’on ne supporterait pas dans les riches communes touristiques des alentours: Megève, Saint-Gervais, Chamonix et autres… Chedde c’était la cheddite, et c’est toujours le graphite, les déchets, les usines et les retombées du viaduc de l’autoroute du tunnel du Mont-Blanc: pollution industrielle et par les camions, dans un fond de vallée entouré de hautes montagnes où les fumées se concentrent et stagnent du fait de l’effet de vallée et de l’inversion de température en hiver.
C’est donc à Chedde qu’a eu lieu le 7 octobre la cinquième réunion publique de l’Union Santé Contre Pollution (USCP) (2) à l’invitation de Michel Duby, conseiller municipal, membre de l’Association Citoyenne de Passy (3), sur le thème "Les maladies causées par la pollution. Pourquoi incinérer les déchets?"
Par pure coïncidence l’hebdomadaire Le Messager (4) du 6 octobre titrait en première page sur 4 colonnes "Incinération: mauvais plan pour le four de Marignier" et y consacrait une page intérieure. L’évènement, c’était la requête en annulation du Plan Départemental d’Élimination des Déchets, présentée au Tribunal administratif de Grenoble par Me. Thierry Billet au nom de l’association "Les Amis de la Terre 74". L’incinération des déchets a été souvent mise en question dans cette rubrique Environnement et Santé et Le Savoisien a publié en mai dernier une interview de Me. Billet à propos du scandale de Gilly sur Isère. Ce qui motive cette requête c’est la non-conformité du PDED 74 vis-à-vis de la circulaire "Voynet" de 1998 qui préconise de limiter le recours à l’incinération des déchets (dont on sait bien maintenant qu’elle n’est qu’une forme trompeuse, dangereuse et inefficace de prétendue valorisation des déchets) alors que le PDED 74 repose sur le doublement de l’incinérateur de Marignier par la construction d’un deuxième four.
Cette information était bien de nature à renforcer la perplexité des habitants de Chedde vis-à-vis de l’unité de valorisation énergétique du SITOM des Vallées du Mont-Blanc qu’ils côtoient tous les jours! D’un côté les déclarations trop rassurantes des responsables du traitement des déchets et de l’autre les réclamations trop inquiétantes des écologistes et maintenant du corps médical. Trop c’est trop! La trentaine de personnes présentes va donc presser de questions les représentants de l’USCP… qui tenteront bénévolement de compenser des carences du Plan National Santé Environnement de juin 2004. Celui-ci ne considérait-il pas comme un "objectif majeur" de faciliter l’accès à l’information en Santé Environnement et de favoriser le débat public? Il est vrai qu’avec un budget ridicule de 80 millions d’euros pour 2005 l’Administration n’a pas dû pouvoir faire grand-chose…
A fortiori, que peut faire un citoyen isolé et sans moyens face aux puissants groupes industriels qui contrôlent le lucratif traitement des déchets en France? (5)
Il peut adhérer à une association qui avec d’autres associations pourra constituer un groupe de pression qui fera valoir les droits des citoyens à un environnement sain, comme l’atteste l’article 1er de la Charte de l’Environnement: "Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et favorable à la santé". Auprès de qui? Des maires et des conseillers généraux, puisque ces derniers sont responsables depuis le 1er janvier 2005 du Plan Départemental d’Élimination des Déchets.
À partir du 28 décembre 2005 tous les incinérateurs devront être en conformité avec la norme européenne de 2002 sous peine de fermeture par le Préfet…
Au fait, c’est quand les prochaines élections?
 
Pierre Ottin Pecchio,
Union Santé Contre Pollution
(1) "Not In My Back-Yard", littéralement "pas dans ma cour". En français: "allez faire vos saletés ailleurs!"
(2) USCP, 98 route de Corbier, 74650 Chavanod, uscp_savoie@yahoo.fr
 
(3) Association Citoyenne de Passy, BP 7, 74190 Passy
(4) Dans son édition "Faucigny".
(5) Par exemple, l’incinérateur de Passy-Chedde, propriété du SITOM des Vallées du Mont-Blanc, est géré par la SET Mont-Blanc, filiale du groupe Novergie qui est rattaché au groupe SITA, contrôlé par Suez Environnement. Le chiffre d’affaire de SITA était de 5,77 milliards d’euros en 2002 (source www.sitagroup.com)
 
 
 
 
Le Round up, un herbicide pas OK… risque le KO!
(Le Savoisien, novembre 2005)
 
Il suffit d’avoir un bout de terrain ou un pot de fleurs sur son balcon pour que les mauvaises herbes se l’approprient. Comme elles sont souvent plus vigoureuses que les bonnes… la culture tourne au désastre. Comme le désherbage est fastidieux et comme il est tentant d’acheter un herbicide sélectif qui tuera les mauvaises herbes sans faire trop de mal aux plantes et aux fleurs! Quand l’herbicide est efficace et de plus biodégradable pourquoi s’en priver? Alors, comme des millions de cultivateurs et de jardiniers vous devez avoir quelque part un bidon de ce produit inoffensif...
Désolé! Le glyphosate, principe actif du Roundup vendu par Monsanto, la firme américaine géante de l’agrochimie, n’est probablement ni inoffensif ni biodégradable (1). C’est ce que prétendent démontrer les auteurs des plaintes déposées depuis 2002 par trois associations: AUDACE (2), Eaux et rivières de Bretagne et UFC-Que choisir. Pour elles, le glyphosate n’est pas biodégradable car depuis 1999 les prélèvements d’eau dans les rivières de Bretagne détectent la présence de glyphosate à forte dose. Il n’est pas non plus inoffensif car il a été classé par l’Europe parmi les produits "toxiques pour les algues et pour la faune aquatique" et "dangereux pour l’environnement". Des travaux de recherche publiés par le CNRS en 2004 auraient enfin montré un caractère potentiellement cancérigène du glyphosate.
D’abord le défoliant à la dioxine au Vietnam, maintenant l’herbicide cancérigène… Merci bien oncle Sam!
Bien entendu Monsanto nie en bloc mais si les plaintes pour publicité mensongère sont fondées, comment le croire? Il sera dit sans aucun doute, une fois encore, que les preuves ne sont pas suffisantes, qu’il faudrait des études épidémiologiques portant sur des milliers de personnes durant des années pour avoir une certitude… C’est sans doute vrai mais en attendant que les tribunaux délibèrent et sachent comment utiliser le Principe de précaution décrit dans la Charte de l’environnement, qu’est-ce qu’on fait quand on est un agriculteur ou un jardinier savoisien? On met un masque, des gants et des lunettes ou mieux une combinaison étanche pressurisée pour désherber? À mon avis, il vaudrait mieux désherber à la main ou ne pas désherber du tout plutôt que de risquer sa peau pour faire gagner une poignée de dollars à Monsanto!
 
Jean Aymard.
(1) voir l’article paru dans Libération du 4 juin 2004 où le site www.mdrgf.org
(2) Association des utilisateurs et des distributeurs de l’agrochimie européenne
 
 
 
 
Le risque nucléaire concerne aussi la Savoie.
(Le Savoisien, octobre 2005)
 
Par Bertrand Lefebvre.
Nous n’avons pas de centrales, mais nous en partageons quand même les risques!
Les autorités françaises citent nommément la centrale du Bugey (Ain, environ 30km à l’est de Lyon) dans une note aux parents d’élèves des établissements scolaires de Savoie.
Cette note concerne l’utilisation de pastilles d’iode en cas d’accident nucléaire dans cette centrale. Les pastilles devraient être mises à disposition des chefs d’établissements suivant le plan de distribution de la commune pour les écoles, ou auprès des pharmacies hospitalières pour les établissements du second degré. Si l’on comprend bien la note, il semble qu’aucun stock ne soit disponible directement dans les écoles, mais qu’il y aurait une distribution en cas de problème.
Est jointe une "procédure" qui décrit les directives générales en cas d’accident, soit la "mise à l’abri", et la "prise d’iode" (extraite des recommandations et posologie de la notice du médicament).
Ainsi il aura fallu 27 ans avant que les "autorités" décrivent des mesures à prendre en cas de problème au Bugey! Rappelons en effet que cette centrale a été mise en service en 1978. L’État le plus nucléarisé au monde reconnaît implicitement que l’incident ou l’accident est possible.
 
 
La centrale du Bugey est déjà vétuste, et accumule les problèmes.
Régulièrement l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), ainsi que la DRIRE Rhône-Alpes (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement), épinglent la Direction de la centrale. Le rapport de synthèse souligne l’existence de "défaillances occasionnelles et d’un manque de transparence". Parmi les dysfonctionnement relevés: "une importante fuite détectée depuis Novembre 2003 et non réparée sept mois plus tard, des procédures erronées, incomplètes ou mal réalisées". Des informations erronées ou carrément non transmises aux services de contrôle; insuffisance d’effectif qui a contribué à un climat préjudiciable à la qualité des interventions; manque de rigueur dans le respect des règles en matière de radio-protection. La situation est telle que l’autorité de contrôle exige des "actions correctives dans un délai de deux mois". En marge de mouvements de grève, le 12 juin 2003, un acte de malveillance a entraîné l’arrêt d’urgence de la centrale. Il y a un an , un responsable de l’ASN soulignait en outre que le risque sismique avait été sous-évalué. Les associations écologistes s’inquiètent aussi de l’arrêté ministériel du 11 Juin 2004 qui autorise la centrale à dépasser les normes jusque là en vigueur du niveau des rejets thermiques (suite à la canicule de 2003). Le service de presse de la centrale répond qu’il tiendra compte des observations qui lui ont été faites et qu’un "processus correctif pour progresser" sera mis en œuvre…
 
 
La note aux parents, volontairement rassurante, a ceci d’ambigu qu’elle sous-entend que ces pastilles d’iode sont l’antidote miracle à un accident nucléaire. Qu’en est-il exactement?
 
 
 
La boîte de 10 comprimés dosés à 130 mg d'iodure de potassium, vendue 6,15€ en pharmacie (sur commande), est produite par la Pharmacie centrale des armées à Orléans. Elle porte la mention "À NE PRENDRE QUE SUR INSTRUCTIONS DES AUTORITÉS COMPÉTENTES".
La directive est claire quant à l’administration des pastilles d’iode: il faut les prendre au bon moment! Ni trop tôt, ni trop tard: il faut attendre le signal des "autorités compétentes", l’idéal étant de les prendre, d’après la directive, "de 6 heures avant le passage du nuage (!!) jusqu’à 3 heures après". D’après le réseau SdN, c’est plutôt 1 à 3 heures AVANT le passage du nuage. Car l’action est préventive: la thyroïde se sature rapidement en iode et il n’y a plus guère de place pour l’iode radioactif, qui ne peut plus alors s’y concentrer. En Pologne, une mobilisation sans précédent des pouvoirs publics a permis l’administration à 10 millions d’enfants de 0 à 16 ans d’iodure de potassium dans les premiers jours après Tchernobyl. Il y a eu moins d’un cas sur 10 millions d’effets secondaires graves imputables à l’iode chez ces enfants. Pas mal pour un pays "en voie de développement"!
Selon les conclusions de l’OMS tirées de l’exemple polonais après Tchernobyl:
— Le niveau d’intervention pour les enfants de moins de 18 ans doit être abaissé à 10mGy (1 RAD), au lieu de 100mGy (10 RADS): c’est dix fois plus sévère que précédemment.
— Pour les adultes de plus de 40 ans la prise d’iode stable n’est pas utile, sauf si les niveaux d’iode radioactif sont très élevés. Les moins de 40 ans en prendront utilement, les femmes enceintes représentent un groupe à risque très menacé.
— L’OMS constate que peu de régions en Europe sont situées assez loin d’un réacteur nucléaire (…); l’OMS recommande que les plans d’intervention prévoient un stockage ou une distribution à domicile d’iode stable jusqu’à 500 km d’un réacteur. Ce qui veut donc dire que toute la population française est concernée, (et pas seulement les écoles!), ainsi que nos voisins proches…
 
 
Voulant en avoir le cœur net, habitant à environ 100km du Bugey, je suis allé à ma pharmacie à Novalaise; effet de surprise garanti, autant pour les clients présents que pour le personnel! L’apothicaire ne peut que me répondre par la négative: il n’a pas de pastilles d’iode, il ne sait pas comment s’en procurer! Mais, intéressé par ma requête originale il consulte son Vidal; une seule adresse: la pharmacie centrale des Armées. Il se souvient alors d’une collègue pharmacienne pas très loin de Creys-Malville qui "a dû faire un travail sur le sujet", et la joint au téléphone. Celle-ci lui répond qu’à sa connaissance seule la population dans un rayon de 20 à 30km autour d’une installation nucléaire est concernée, et peut disposer d’un stock gratuit de pastilles… Et pour les autres? Finalement, quelques jours plus tard mon pharmacien m’a dégotté une de ces précieuses boîtes, gratuitement! Donc c’est difficile mais pas impossible!
Je vous livre un extrait de la notice de l’antidote (terme officiel):
"Le risque de contamination de la thyroïde par l’iode radioactif est tel que les mesures de prévention sont d’autant plus indispensables que les sujets sont plus jeunes. Les femmes enceintes sont prioritaires, quel que soit l’âge de la grossesse. Le médicament doit être pris dès l’alerte donnée.
 
Les limites de la prophylaxie à l'iode stable.
Il faut absolument noter que, s’il est donc indispensable que chaque Français et chaque Savoyard ait de l’iode stable chez lui, ce produit ne protège nullement des autres radioéléments également présents dans un nuage radioactif, inhalés et ingérés en même temps que l’iode radioactif. Il s’agit essentiellement du Césium 137, dont la demi-vie est de près de trente ans, mais aussi du Strontium 90, du Ruthénium et d’autres, comme le Plutonium (demi-vie de plusieurs milliers d’années), "émetteur alpha" excessivement dangereux, qui peut sous forme d’aérosol à l’échelle du micron se loger dans les poumons et engendrer des foyers cancéreux dévastateurs.
En plus de l’administration d’iode stable, il faut se confiner chez soi pendant le passage du nuage (fermer les fenêtres, arrêter les systèmes de ventilation, ne pas sortir les enfants), en attendant une éventuelle évacuation.
Il faut aussi, et la directive scolaire ne le dit pas, s’abstenir de toute consommation de produits frais (lait et légumes verts) pendant environ six semaines. Il est également impératif de tenir les vaches laitières et tout le bétail à l’intérieur pendant six semaines, leur donner du foin ou de l’ensilage stocké à l’abri et récolté avant l’accident. Ces mesures ne prétendent pas tout régler, elles peuvent limiter les dégâts.
Français, Savoyards, Savoisiens, ayez confiance en nos "autorités compétentes", en EDF "qui a tout prévu"! Mais faites quand même vos stocks de pastilles, écoutez quand même Radio France Bleu Pays de Savoie (radio "agréée" en cas d’alerte), sachez quand même observer le sens des vents! Mais surtout priez pour que cela n’arrive jamais.
Source: Réseau Sortir du Nucléaire, lettres d’information n°14 (juillet 2001), n° 16 (Décembre 2001) et n° 26 (Février 2005).
 
 
 
 
L'affaire de la dioxine de Gilly sur Isère sera jugée à Albertville.
(Le Savoisien, juin/juillet 2005)
Le projet de délocaliser à Marseille le procès de l'incinérateur de Gilly (sur lequel Le Savoisien vous alertait en mai dernier en donnant la parole à l'avocat Thierry Billet) a échoué. Cet échec, salué avec joie et soulagement par les victimes de la dioxine, est doublement exceptionnel:
— madame Hélène Lastéra, jeune juge d'instruction dont la compétence est reconnue, a refusé d'obéir à son procureur, lui-même en fin de carrière;
— et la Cour de cassation n'a pas fait droit aux souhaits du ministre de la Justice.
Dominique Perben a été déchargé d'un ministère où il avait d'ailleurs accumulé les échecs. Notons qu'il n'est pas plus chanceux au ministère des Transports: à peine nommé il a dû aller constater l'incendie et la fermeture du tunnel du Fréjus...
Le Savoisien salue le courage de madame Lastéra, et se réjouit de la bonne progression de son instruction, qui permettra que le procès de la dioxine se tienne à Albertville en 2006. De là à ce que la lumière et la justice soient faites...
Un avocat marseillais nous a adressé son commentaire, relevé au sel de l'esprit d'impertinence:
Il est de bon ton de se gausser des magistrats français.
On a bien tort de le faire. Les magistrats français sont, à de très rares exceptions près, pétris du sens de l’intérêt général et scrupuleusement attachés à la manifestation de la vérité.
Ainsi, contrairement à ce que certains esprits chagrins ont laissé entendre, le procureur de la République d’Albertville, en demandant le dépaysement de l’affaire de l’incinérateur de Gilly-sur-Isère, n’avait pour seul objectif que de remettre l’instruction d’un dossier complexe à des magistrats extrêmement compétents, ceux du pôle santé publique de Marseille. Le fait que des personnalités politiques de premier plan (préfets, ministres et maire) aient été mises en cause dans le cadre de l’instruction conduite à Albertville est évidemment sans incidence aucune sur cette démarche.
L’attitude de la jeune juge d’instruction préalablement saisie de cette affaire paraît en revanche beaucoup plus discutable: pourquoi cette réticence à reconnaître l’évidente supériorité intellectuelle de ses collègues marseillais?
En tant qu’auxiliaire de justice, j’imagine sans peine le dépit du procureur de la République d’Albertville, si justement pressé de voir l’affaire confiée à des magistrats instructeurs talentueux spécialement formés à traiter des dossiers de ce type, et qui doit aujourd’hui se résigner à la voir traitée au milieu des goitreux exophtalmiques et des crétins des Alpes si nombreux dans ces lointaines terres de Savoie.
J’imagine son dépit et je le partage.
Cette affaire savoyarde méritait un procès marseillais.
Au demeurant, il serait urgent, afin de traiter les affaires relatives aux zones franches aujourd’hui pendantes en Savoie, où se donne libre cours la démagogie séparatiste, de créer un pôle douanier dans le Midi.
Les juridictions marseillaises ayant déjà beaucoup à faire, en raison de la présence des différents pôles déjà constitués en leur sein, il pourrait être envisagé d’installer ce pôle dans un tribunal proche de la Grande Cité phocéenne.
Je suggère, pour ce faire, le Tribunal d’instance de Tarascon, localité fluviale au charme indéniable et aux attraits innombrables, ancienne ville frontière entre le royaume de France et l’Empire germanique dont relevait la Provence médiévale, patrie de Tartarin, qui pourrait constituer la référence et le modèle incontournables des procureurs de la République de ce beau pays de France que le monde entier nous envie.
 
Un avocat marseillais.
 
 
 
 
Ne jetez pas vos piles à la poubelle!
(Le Savoisien, juin/juillet 2006)
(Suite de l'article paru dans notre n°4 page 5)
 
Depuis janvier 2001, selon la législation française en vigueur, les fabricants, importateurs, commerçants, distributeurs détaillants ou grossistes sont tenus de collecter gratuitement les piles que rapportent les consommateurs, et d'en organiser ensuite le tri et le recyclage.
La grande distribution (comme Auchan ou Leclerc) gère le plus souvent ses propres filières, mais tous les magasins distributeurs ne "jouent pas le jeu". Les fabricants de piles préfèrent quant à eux déléguer la collecte et le recyclage en acquittant une cotisation financière à COREPILE. Et pourtant deux piles sur trois finissent encore à la poubelle! Pourquoi?
"Que choisir" a fait une enquête en mars 2004 et constate que trois ans après l'obligation de collecte et de recyclage, les vendeurs de piles sont encore loin de posséder une logistique performante.
Les constats: trouver le réceptacle de collecte des piles usagées relève du parcours du combattant, 40% des points de collecte sont peu ou pas visibles, ou l'aspect artisanal du réceptacle ne le rend pas identifiable; il faut se renseigner pour le trouver et le personnel n'est pas toujours sensibilisé à la nécessité du recyclage. Et pas la moindre affichette pour inciter le consommateur à une démarche de préservation de l'environnement.
L'usage d'appareils à piles est en croissance rapide (jouets, photo, video, téléphone...), donc le gisement de piles et d'accus usagés continue de grossir... alors que les sites de traitement ont la capacité de recycler la totalité de ces déchets.
L'Union Européenne a adopté une nouvelle directive qui imposera, à partir de 2006, la collecte et le recyclage des piles mises sur le marché, avec l'objectif de recycler 90% des piles vendues. C'est mieux qu'aujourd'hui en France, mais comment admettre encore que, si une pile sur 10 part à l'incinération ou à l'enfouissement, la filière sera considérée comme pleinement efficace?
À suivre, mais déjà pensez à ne pas jeter vos piles: elles sont très dangereuses pour la nature.
 
Marie-Françoise Mestrallet
Union Santé Contre Pollution
 
 
 
 
Un grand verre de Belpomme c’est bon pour la Santé!
(Le Savoisien, juin/juillet 2005)
 
image 6-12 sans légende
Depuis la sortie de son livre (1) au printemps 2004, le Professeur Dominique Belpomme est venu deux fois en Savoie: à Chambéry en novembre et à Annecy le 22 juin dernier, pour évoquer "Cet environnement qui nous rend malade". Le message des deux conférences était identique à celui du livre et je l’ai déjà longuement analysé et commenté(2): la plupart des maladies actuelles proviennent de la dégradation de notre environnement et progressent d’une manière très préoccupante. Le nombre des cancers, par exemple, a doublé depuis cinquante ans.
Si le message reste le même et fait appel à une prise de conscience de la société civile, le ton du Pr. Belpomme a changé. L’an dernier c’était celui d’un notable qui faisait confiance aux politiques et en premier lieu au Président Chirac pour prendre en mains l’avenir de la planète. Mais cette confiance a visiblement été trahie: ni le Plan National Santé Environnement (mai 2004), ni la Charte de l’Environnement (février 2005) n’ont répondu à ses attentes. La stratégie de communication tient lieu de politique, la gesticulation médiatique remplace l’action. Cancre et persévérante dans l’erreur, la France continue à occuper, mais avec panache (!?), la dernière place de la classe Europe pour la protection de l’environnement.
Nous souhaitions l’an dernier au Pr. Belpomme de réussir dans ses fonctions "sans oublier que dans le monde politique, et en France en particulier, les promesses n’engagent que ceux qui y croient"(2). Maintenant, c’est fait, il n’y croit plus!
Mais que faire? Quand on est convaincu, comme Belpomme, que notre Société creuse la tombe de l’Humanité en continuant à tout miser sur le développement économique, que les politiques à la barre vont droit sur les écueils, shootés à mort par les lobbies industriels et financiers, et qu’on veut, comme Belpomme, croire en l’Homme et rester optimiste...
Il n’y a que deux solutions, à mon avis, et je vous conseille d’y réfléchir pour de bon:
—rester ou devenir schizophrène: "Je ne veux pas polluer mais je pollue quand même, je ne veux pas mourir du cancer mais je continue à fumer ou à laisser incinérer mes déchets, je veux avoir des enfants en bonne santé mais je continue à rouler en diesel, etc."
—retrouver la liberté de dire: "Non, ça suffit! J’en ai marre! Je ne fais plus confiance! Je veux savoir où on me mène et je veux comprendre pourquoi! Je veux décider moi-même de ce qui me concerne et de ce qui concerne mes enfants!"
Bien sûr il est plus facile de se dire qu’on est malade, ou qu’on est une victime, ou les deux à la fois(3) que de se rebeller contre le politiquement correct et la pensée unique. C’est un pas difficile à faire, qui vous engage à agir à découvert, à donner l’exemple pour encourager les hésitants.
Belpomme, tout notable qu’il est, a fait ce pas. Il dit que ça ne va pas continuer, qu’il va se passer quelque chose de grave, que c’est pour bientôt.
Les deux ou trois cents Annéciens réunis le 22 février à Bonlieu par les Amis de la Terre ont dû l’entendre comme moi. Ils ont dû être un peu secoués. Certains ont même pu être guéris de leur schizophrénie: Belpomme, c’est bon pour la Santé! Merci aux Amis de la Terre(4)!
"Soyez résolus de ne plus servir et vous serez libres" (La Boétie)
 
Pierre Ottin-Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1)Pr. Dominique Belpomme, Ces maladies créées par l’Homme, Ed. Albin Michel S.A.,Paris 2004
(2) L’Écho de Savoie n°74, août 2004 et n°75, septembre 2004
(3) Voir dans Le Savoisien les extraits de Libérer Sa Voie du Dr Fontaine
(4) Les Amis de la Terre, 2812 route des vignes, 74370 Villaz, www.amisdelaterre.org,
 
 
 
Les maladies causées par la pollution. Pourquoi incinérer les déchets?
(Le Savoisien, juin/juillet 2005
À l’invitation de l’Adret, association de Saint-Gervais Le Fayet, les membres de l’Union Santé Contre Pollution (USCP) sont allés à la rencontre d’un public exposé aux risques créés par la pollution. Beaucoup d’habitants ne se doutent pas qu’au pied du Mont-Blanc la basse vallée de l’Arve concentre les polluants du fait de l’effet de vallée et de l’inversion des températures en hiver. Ces polluants proviennent de deux sources principales: le trafic autoroutier et l’usine d’incinération des ordures ménagères implantée à Chedde sur la commune de Passy.
La lutte contre la pollution par les camions ayant déjà été illustrée depuis des années par l’ARSMB (1) c’est à la pollution causée par l’usine que l’USCP s’est attaquée le 15 avril. Cette usine, baptisée "unité de valorisation des déchets", est gérée par le SITOM (2) des Vallées du Mont-Blanc, dont le président est M. Bernard Ollier, maire adjoint de Chamonix. Elle traite environ 50.000 tonnes de déchets par an, ce qui en fait la plus grosse unité de Haute-Savoie après celle du SILA (3) à Chavanod, près d’Annecy.
Après avoir remercié la municipalité et salué les personnalités présentes le Dr. Bernard Bluteau, Président de l’USCP, rappelait les dernières avancées dans le domaine de la protection de l’environnement.
L’article 1 de la Charte de l’environnement promulguée le 1er mars 2005 affirme que "Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et favorable à la santé". Ce qui devrait s’appliquer aussi dans la vallée de l’Arve!
Le Plan national santé environnement, entré en vigueur en juin 2004, part du recensement des impacts multiples de la pollution sur la santé et il conclut "Face à un tel constat, il y a urgence à agir, pour empêcher que ces impacts aillent à l’encontre de l’espérance de vie" (4). Ce constat a été établi par une Commission d’orientation, composée d’experts officiels, qui à propos des incinérateurs écrit: "...les pathologies observées autour des incinérateurs (...) peuvent être rattachées aux substances émises (dioxines, furanes, mais aussi plomb, mercure, divers hydrocarbures...)"(5). Ce qui s’applique aussi à l’incinérateur de Passy!
C’est de ces maladies causées par les incinérateurs que le Dr Bluteau a parlé ensuite, d’abord pour leur personnel, puis pour les personnes vivant à proximité, c'est-à-dire jusqu’à plusieurs kilomètres: des cancers, des malformations congénitales; des troubles de la reproduction.
Puis la question "Pourquoi incinérer les déchets?" a été abordée en prenant des exemples à l’incinérateur de Passy.
On peut comparer un incinérateur à une énorme chaudière qui fournit de la vapeur d’eau sous pression à un turboalternateur qui produit de l’électricité. Dans le foyer brûlent les ordures ménagères, les boues des stations d’épuration et les incinérables provenant des déchetteries, soit au total 50.000 tonnes par an; il est produit environ 24.000 mégawatts/heure d’électricité par an. C’est ce qu’on appelle la valorisation énergétique des déchets, terminologie utilisée dans la littérature officielle et volontiers reprise par la presse. C’est le bon côté, dont on parle, mais il y en a de moins bons dont on ne parle pas.
En effet, une chaudière fabrique aussi des gaz émis dans l’air, des cendres et des suies dont il faut pouvoir se débarrasser. Avec un incinérateur tout ce qui sort est dangereux et d’abord les dioxines et les furanes, des substances chimiques extrêmement toxiques qui n’existent pas dans les déchets et qui sont fabriquées dans le four par la combustion des matières organiques. On les retrouve dans les gaz sortant du four avec d’autres produits très nocifs, les métaux lourds. Il est donc obligatoire de traiter les fumées, pour éliminer le plus possible des dioxines, des furanes et des métaux lourds, qui se retrouvent avec la suie dans les résidus de filtration, les REFIOM (6), véritables concentrés de poisons. Le SITOM Vallées du Mont-Blanc en produit 1.600 tonnes par an, qui doivent être transportées par camion jusqu’en Haute-Saône pour être enfouis dans une décharge spéciale.
L’incinérateur produit aussi 12.000 tonnes de cendres appelées mâchefers, qui sont également imprégnés de produits toxiques et doivent être traités avant d’être en partie "valorisables" puisque le SITOM doit payer pour s’en débarrasser (7). La partie non valorisable doit être également mise en décharge.
En résumé, la "valorisation" de 50.000 tonnes de déchets par le SITOM produit des émissions toxiques, plus 15.000 tonnes par an de produits dangereux pour la santé et l’environnement, plus de l’électricité vendue à l’EDF pour un montant qui représente moins de 10% des recettes du SITOM, les 90% restant étant à la charge des communes, donc des contribuables locaux.
Le public a donc bien compris que l’incinération n’est pas un moyen acceptable de traiter les déchets. Il reste cependant la question suivante, posée par les élus municipaux présents: "Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre?" La réponse mérite d’être étudiée, ce que l’USCP va faire en évaluant les possibilités offertes par la méthanisation et le compostage des déchets, méthodes ignorées par la France mais développées à l’étranger(8) en complément de la réduction des déchets à la source. Cela pourrait être le sujet d’autres réunions publiques auxquelles l’USCP pourrait participer bénévolement à l’invitation des associations locales.
 
Pierre Ottin-Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1) Association pour le respect du site du Mont-Blanc
(2) Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères
(3) Syndicat intercommunal du lac d’Annecy
(4) Résumé du Plan national santé environnement 2004-2008, page 2.
(5) Rapport de la Commission d’Orientation du Plan National Santé Environnement, Agence française de sécurité sanitaire environnementale, page 50, 12 février 2004
(6) Résidus d’épuration des fumées d’incinération des ordures ménagères
(7) 11 euros la tonne, versés par le SITOM à des entreprises de travaux publics qui, dans certaines conditions, peuvent utiliser les mâchefers comme remblais routiers.
(8) Par exemple dans le canton de Genève.
 
 
 
 
Il y a une volonté politique d'étouffer le scandale de Gilly sur Isère!
(Le Savoisien, mai 2005)
Entretien avec Me. Thierry Billet,
Avocat des parties civiles au procès de l'incinérateur de Gilly sur Isère (1).
 
 
Aujourd'hui (6 avril 2005) le Canard Enchaîné publie un article intitulé "Comment Perben a écarté une juge trop impétueuse" (2). Est-ce que vous confirmez que l'ordre de dépayser l'affaire de Gilly sur Isère d'Albertville à Marseille a été donné par le ministre français de la justice?
 
— Ça ne peut pas être autrement. Depuis que la droite est revenue au pouvoir, il est très clair que les ordres individuels au Parquet sont redevenus à la mode (la gauche les avait exclus). Bien entendu sur un dossier comme celui-là, qui met en cause en particulier Michel Barnier, le procureur d'Albertville n'a pas pris la décision tout seul! Il a très clairement dit qu'il a eu des contacts avec le Parquet général, avec la Chancellerie, et il se s'en cache pas du tout: il reconnaît qu'il a agi sur ordre mais qu'il a pris la décision tout seul, ce qui fera sourire tout le monde. Bien entendu la requête est signée par le procureur, mais il est tout à fait clair qu'elle a été négociée en haut lieu.
 
Comment allez-vous organiser la défense des victimes de l'incinérateur de Gilly dans ces nouvelles conditions?
 
— Si l'affaire est renvoyée au tribunal de Marseille ce serait d'une gravité particulière: il ne s'agit pas seulement de l'instruction mais aussi du jugement, c'est-à-dire toute l'audience. Pendant plusieurs semaines on renverrait à Marseille le jugement d'un dossier qui ne concerne que Gilly sur Isère. On favoriserait ainsi les mis en examen. Pour eux cela ne pose aucune difficulté d'aller à Marseille. C'est bien plus simple pour monsieur Gibello d'aller à Marseille aux frais du contribuable, et de même pour son avocat: vos impôts paient les frais de défense des mis en examen, les déplacements ne leur coûtent rien. Pour les victimes de la pollution, c'est très différent: elles doivent prendre à leur charge l'ensemble des frais de déplacement, transports, hébergement, etc. C'est une situation d'inégalité totale!
Il faut donc d'abord se battre pour que le dossier ne soit pas transféré. L'ACALP (Association Citoyenne Active de Lutte contre les Pollutions) mène campagne à bon droit pour que la juge d'instruction (madame Lastéra) et le tribunal d'Albertville ne soient pas dessaisis. On ne sait pas encore si la juge d'instruction va accepter ou refuser son dessaisissement. Si par hasard elle l'accepte, ce sera vraiment contrainte et forcée, et alors nous attaquerons sa décision (avec son accord) devant la chambre criminelle de la Cour de Cassation; si elle refuse de se dessaisir, c'est le procureur qui pourra saisir la chambre criminelle. Ce n'est pas couru d'avance. Nous essayons d'expliquer au public comment on en arrive là: une instruction judiciaire qui a énormément avancé et dont on veut tout à coup confier la conduite à une magistrate qui travaille à mi-temps dans une "pôle de santé publique" à Marseille où il n'y a personne! C'est pour étouffer ce dossier qu'on fait ça.
 
Dernière heure:
 
Le 20 avril, madame Lastéra, juge d'instruction, a refusé de se dessaisir du dossier. Affaire à suivre...
 
 
Est-il possible à madame Lastéra de refuser son dessaisissement? Quelles conséquences pour sa carrière?
 
— Elle peut le refuser, et alors elle est "grillée", c'est clair. Dans un cas comme celui-là, c'est plus que du courage: elle se trouvera au ban de toutes les promotions du ministère de la justice, au moins pendant tout le temps où la droite sera là. La pression sur madame Lastéra est très forte: non seulement de sa hiérarchie, mais aussi de la plupart de ses collègues qui préfèreraient qu'elle ne vienne pas embouteiller le tribunal d'Albertville avec son dossier.
 
Pourtant le tribunal de Bonneville, qui n'est pas plus grand, a été capable d'organiser le procès de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc. Alors?
— Bien sûr, mais le maire de Bonneville n'était pas poursuivi pénalement par le parquet de Bonneville.
 
Mais le maire de Chamonix l'était!
— C'est là que l'on voit le traitement de faveur promis à monsieur Gibello, c'est tout à fait scandaleux. Il n'y a pas de commune mesure: le coût d'un procès à Albertville serait bien moindre que celui de Bonneville, ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas besoin de traductions. On aurait pu imaginer un dépaysement de l'affaire du Mont-Blanc sans grande difficulté puisque les familles des victimes viennent de partout, cela n'aurait gêné personne. Pour Gilly, toutes les victimes habitent à proximité d'Albertville!
Il y a donc une volonté politique. Pour la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc on n'a pas mis en examen les préfets alors qu'ils avaient une part de responsabilité évidente. À Albertville madame Lastéra a exprimé son intention de mettre en examen les préfets: pour éviter cela, d'une part on n'a pas renouvelé sa greffière depuis septembre 2004 de façon à la "coincer" au niveau de la procédure, et maintenant qu'il y a une greffière on veut dessaisir la juge! Parce que, derrière les préfets, il y a Michel Barnier, c'est ça qui est visé.
 
Pour élargir le sujet, que pensez-vous du PDED 74 (Plan Départemental d'Élimination des Déchets de la Haute-Savoie) qui a fait l'objet d'une récente enquête publique?
— Ce plan est piloté par la DRIRE (Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement) sous le contrôle du préfet. C'est un plan du 19e. siècle! Le plan de 1996 a été annulé par Dominique Voynet parce que la part de l'incinération était trop forte et qu'il n'y avait pas assez de recyclage, et on nous refait exactement le même plan aujourd'hui avec quelques phrases sur la réduction des déchets à la source. L'essentiel de ce plan, c'est de "vendre" le doublement de l'incinérateur de Marignier et une décharge de classe 2. Gérer les déchets de classe 2 en Haute-Savoie est une nécessité dans le département, mais faire une seule décharge le plus loin possible des habitations pour que les camions puissent y déposer tout ce que l'on veut, à commencer par les mâchefers des usines d'incinération que l'on ne sait pas traiter...
C'est un plan qui ne tire pas les conséquences de la circulaire Voynet de 1998, qui n'a aucune ambition en matière de réduction à la source, et qui ne tire aucune conséquence d'une catastrophe sanitaire aussi grave que celle de Gilly sur Isère. Pour les fonctionnaires, l'incinération est encore la voie royale, comme s'il n'y avait rien d'autre à faire en matière de gestion des déchets. Ils sont encore dans le mythe du feu purificateur.
Continuer à produire toujours plus de déchets et les incinérer, c'est un gaspillage délirant!
L'incinération réduit un peu le volume des déchets, mais libère dans l'atmosphère des métaux lourds et des dioxines qui sont la cause de cancers, on en a maintenant la certitude à Gilly.
 
 
L'État est-il responsable?
— Il faut que vos lecteurs le sachent: la personne que le gouvernement a nommée secrétaire général des DRIRE, c'est-à-dire celui qui organise le travail des directions régionales, celui qui a le contrôle de la police de toutes les installations classées pour la protection de l'environnement et en particulier des incinérateurs, s'appelle Alain Vallet. Il a été mis en examen pour ne pas avoir fait respecter la réglementation à Gilly sur Isère. On est dans une situation où le pyromane est le chef des pompiers! Et on voudrait nous faire croire que la réglementation va être appliquée...
 
Propos recueillis par Patrice Abeille le 6 avril 2005, relus et amendés par Thierry Billet.
(1) Thierry Billet est Conseiller municipal (opposition) à Annecy.
(2) Le Canard Enchaîné publiait le 13 avril un nouvel article encore plus affirmatif sur la volonté du ministre de la Justice de protéger Michel Barnier, Hervé Gaymard et deux anciens préfets de la Savoie du sud (Paul Girod de Langlade et Pierre-Étienne Bisch) très proches de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin.
 
 
 
La justice aveugle et la juge trop clairvoyante d’Albertville.
(Le Savoisien n°5, mai 2005)
Ce n’était pas le jaune vif des forsythias qui égayait le Palais de justice d’Albertville le mercredi 30 mars, mais les tracts de même couleur distribués par l’ACALP (1) à une centaine de manifestants. On y lisait "La vérité est là, pourquoi la chercher ailleurs?". On aurait pu lire aussi sur une pancarte tenue par un aveugle "Le printemps est là mais je ne le vois pas".
La Justice, elle aussi, est aveugle. Son allégorie a une balance dans une main pour peser le pour et le contre, un glaive dans l’autre main pour punir le coupable, et les yeux bandés pour rester insensible à la superbe des puissants. À Albertville aussi elle a les yeux bandés, mais c'est pour ne pas voir ce qui déplairait à ses amis. Ses amis au pouvoir, bien sûr!
En Savoie autrefois, au temps des ducs et des rois, il y avait séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. En France une séparation est difficile à apercevoir. En Chiraquie on n'a plus aucun scrupule, on dessaisit, on dépayse. On nomme un nouveau juge à Marseille plutôt que de laisser travailler une juge compétente mais trop clairvoyante à Albertville. Elle pourrait mettre en examen nos beaux ministres savoyards! On préfère gagner du temps, quelques années... c’est toujours ça de pris!
Si c’est ça, c’est ignoble. Deux cent quarante victimes de l’incinérateur ont porté plainte. Combien seront encore en vie, combien auront encore la force d’aller témoigner à Marseille, disons dans cinq ans, le temps que le procès s’y tienne? Déjà que toutes n’ont pas pu venir manifester devant le Tribunal d’Albertville...
 
Jean Aymard
(1) Association Citoyenne Active de Lutte contre les Pollutions
 
 
 
 
 
Incinérateurs: info et débat à Marignier.
(Le Savoisien n°5, mai 2005)
 
De g. à d. Pierre Trolliet, Dominique Frey
Bernard Bluteau, Pierre Ottin Pecchio.
 
Incrédules, les habitants de Marignier (Faucigny) invités à une réunion sur les "Maladies causées par la pollution" un premier avril, ont cru à une blague et sont restés chez eux. Pas tous, quand même, car il y avait une trentaine de personnes dans la salle.
La participation du Maire, Conseiller Général, Président du SIVOM Raymond Mudry se réduisit à quelques minutes. Après son départ, le niveau de l’auditoire ne tomba pourtant pas à zéro puisqu’il restait dans la salle M. Chavanne, maire de Mieussy, M. Rubin, maire-adjoint de Marignier, des conseillers municipaux et le Directeur de l’UIOM (1) de Marignier. S’ils étaient venus là pour s’instruire, ils n’ont pas dû être déçus!
Le Dr. Bluteau, président de l’USCP (2), commençait par la présentation des autres membres de la tribune: Dominique Frey et Pierre Trolliet, coprésidents de l’ACALP (3) et Pierre Ottin Pecchio, vice-président de l’USCP. Il rappelait les principales initiatives internationales pour limiter les conséquences de la pollution.
Les principaux polluants de l’air sont le gaz carbonique (effet de serre, réchauffement du climat), les gaz d’échappement (destruction de la couche d’ozone), les particules produites par les moteurs diesel (asthme, allergies), les métaux lourds et les dioxines (effets CMR) (4).
Les dioxines sont des poisons redoutables à des doses infinitésimales. Elles sont générées par toutes les combustions et principalement par les foyers industriels (1/3) et les incinérateurs d’ordures ménagères (2/3). Pour éviter que les fumées de ces usines contiennent trop de dioxines il faut installer des systèmes de filtration très complexes, donc très coûteux et peu fiables. Tous les incinérateurs devront en être équipés avant la fin de décembre 2005. Celui de Marignier dont les émissions en dioxines sont encore très supérieures à celles d’un incinérateur moderne (5) devra en disposer avant cette date au prix d’une augmentation de 54% du budget 2005.
Comment les responsables du SIVOM vont-ils faire pour respecter la Charte de l’environnement, promulguée en 2005 avec la force d’une loi constitutionnelle, dont l’article 1 affirme que "Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et favorable à la santé"? Le public attend toujours la réponse...
 
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
(1) Usine d’Incinération des Ordures Ménagères.
(2) Union Santé contre Pollution, 98 route de Corbier, 74650 Chavanod, e-mail: uscp_savoie@ yahoo.fr
(3) Association Citoyenne Active de Lutte Contre les Pollutions, Mairie, cd 925, 73200 Grignon, www.acalp.org
 
(4) Cancérigène : provoque le cancer ; Mutagène : provoque des mutations, maladies ou malformations transmises à la descendance ; Reprotoxique : nocif pour la reproduction.
(5) Dépassement de 38 fois (en 2002) et de 14 fois (en 2003) du taux de 0,1 ng/m3.
 
 
 
 
Ne jetez pas vos piles à la poubelle!
(Le Savoisien n°4, avril 2006)
Depuis janvier 2001 la collecte des piles électriques usagées par les points de vente est obligatoire.
Ces objets usuels sont, après usage, des déchets dangereux. C'est pourquoi la loi impose aux fabricants et distributeurs (grandes surfaces, photographes, magasins de jouets, de bricolage, de hi-fi et vidéo...) de mettre gratuitement à la disposition des consommateurs des conteneurs destinés à la récupération des piles usagées.
Les piles contiennent des métaux lourds toxiques: nickel, cadmium, mercure, plomb, fer, zinc, calcium, aluminium, magnésium, lithium. C'est pourquoi elles constituent les déchets les plus polluants parmi nos ordures ménagères.
Entreposées dans les décharges et exposées aux intempéries, les piles usagées sont soumises à des dégradations entraînant l'infiltration des composants dans les sols et les cours d'eau: ils risquent de se retrouver dans la chaîne alimentaire. Une seule pile "bouton" au mercure pollue ainsi un mètre cube de terre pendant 50 ans...
On estime que sur 20 000 tonnes de piles vendues annuellement, 14 000 finissent dans les décharges, soit les deux tiers, autrement dit 114 piles à la minute partent à la poubelle!
Or le traitement de 100 tonnes de piles usagées permet la récupération d'environ 60 tonnes de métaux, dont 150 kilos de mercure. Le recyclage permet donc la récupération de matières premières et la fabrication de nouvelles piles, économisant ainsi les ressources naturelles (la plupart des composants des piles sont des matériaux non renouvelables). Si la totalité des piles usagées étaient retraitées, ce serait 10 000 tonnes de métaux et 10 tonnes de mercure au moins qui pourraient être réutilisées.
Alors, par respect pour l'environnement et les générations futures, pensons à mettre de côté nos piles et accumulateurs électriques, et déposons-les dans les déchetteries ou dans les conteneurs présents dans les magasins.
 
Marie-Françoise Mestrallet,
Union Santé Contre Pollution.
 
 
 
 
 
La France nuit à l’Europe (1)… et à la Savoie!
(Le Savoisien n°4, avril 2005)
 
 
"La France nuit aux efforts déployés pour préserver la faune et la flore d’Europe et sape les actions en faveur d’une meilleure gestion des risques pour l’environnement et la santé humaine" (Communiqué de la Commission Européenne, 12 janvier 2005).
On savait déjà que la France est un mauvais élève, qui néglige ses devoirs et les rend toujours en retard. Mais cette fois ça barde! L’Europe en a ras-le-bol, après le deuxième avertissement ça va être maintenant la punition…
Une punition pour qui? Pas pour le Président Chirak, pas pour Raffarin, pas pour les ministres ni pour l’Administration, non, bien qu’ils soient responsables de ne pas respecter ou faire respecter les engagements signés par la France! Pas non plus pour les députés et sénateurs de la majorité qui auraient dû voter de nouvelles lois. Non, la punition sera pour les contribuables de payer les amendes infligées par l’Europe: plusieurs dizaines de millions d’euros. C’est peinard d’être politicien ou fonctionnaire en France: responsable peut-être, mais jamais coupable!
Au fait, qu’est-ce qu’elle lui reproche, l’Europe, à la France? De ne pas avoir transposé en lois françaises plusieurs directives européennes sur l’environnement. Celles de 1979 sur les oiseaux sauvages, de 1990 sur l’accès à l’information sur l’environnement, de 1990 sur les OGM, de 1992 sur les habitats d’espèces végétales ou animales, de 2003 sur le déversement de substances dangereuses dans l’eau et de 2004 sur les déchets des véhicules hors d’usage.
Nous sommes dans la situation invraisemblable d’avoir à payer des amendes parce que l’État français ne nous protège pas!
Mais, dites-moi, si la France est un État nuisible, pour l’Europe et pour nous en Savoie, qu’est-ce qui nous oblige à la supporter indéfiniment?
 
Jean Aymard
(1) "Le Monde" du 14/01/2005 et le "Canard Enchaîné" N°4395 du 19/01/2005
 
 
 
 
Traitement des déchets: Dieu recycle, le diable brûle!
(Le Savoisien n°4, avril 2005)
 
On ne sait plus quoi faire des ordures, des détritus, des déchets: chaque Savoisien en produit plus d’un kilo par jour, plus de 365 kg par an. Il y plus d’un million de Savoisiens et donc beaucoup plus de 365.000 tonnes de déchets par an dans les Pays de Savoie, car il n’est pas fréquent que les touristes emportent leurs poubelles, au contraire!
C’est un casse-tête pour nos maires et nos conseillers généraux et un casse-tirelire pour ceux qui payent, c'est-à-dire nous: vous et moi.
La loi du 15 juillet 1975 a attribué aux communes la responsabilité de la collecte et de l’élimination des déchets ménagers. La taxe pour les ordures ménagères a d’abord servi à payer les bennes qui ramassaient les poubelles et emmenaient les déchets dans une décharge. Dans les villes surtout, la place a vite manqué pour les décharges. Alors on s’est mis à brûler les ordures et autres déchets dans des chaudières d’usine puis dans des usines spéciales, les Usines d’Incinération des Ordures Ménagères ou UIOM.
Les décharges et la valorisation matière.
Les décharges ça puait, ça polluait les sources et les rivières. Bref, si l’on peut dire, ça n’a duré que dix-sept ans. La loi du 13 juillet 1992 a fixé un ultimatum aux communes en interdisant à partir de 2002 la mise en décharge des déchets bruts. Ce qui signifie que les communes doivent désormais trier (ou faire trier) leurs déchets afin de récupérer tout ce qui peut l’être et le valoriser, soit en le recyclant, soit en fabricant du compost, soit en l’incinérant pour récupérer de la chaleur ou de l’électricité.
Les déchets ménagers, par exemple, se composent d’environ 30% de matières organiques végétales et animales qui peuvent servir d’engrais après compostage (comme le font les jardiniers), de 50% de matières recyclables (papier, carton, verre, matières plastiques, métaux) et de 20% seulement de matières non recyclables. Après avoir été triés, le compost et les produits recyclés peuvent être vendus et il ne reste que 20% des déchets à mettre en décharge. C’est par la valeur des produits vendus qu’on valorise les déchets.
Les incinérateurs et la valorisation énergétique.
L’autre valorisation possible, la valorisation énergétique, passe par l’incinération dans les UIOM. Cela consiste à brûler les déchets dans une chaudière spéciale en évitant, dans la mesure du possible, de polluer l’environnement car toute combustion produit des fumées et des cendres. En plus de tous les polluants qui se trouvent déjà dans les déchets et qui sont libérés par leur combustion (1) (2), celle-ci fabrique des dioxines et des furanes extrêmement toxiques (3). Tout ces produits nocifs, dangereux ou toxiques se retrouvent dans les déchets produits par l’UIOM sous forme de fumées et de cendres et sont nocifs pour la santé et l’environnement.
Les fumées doivent donc être filtrées pour ne faire passer dans l’air qu’une dose "acceptable" de polluants par rapport aux normes (4). Ces doses très faibles réclament une technologie d’épuration complexe, donc coûteuse et aléatoire (les pannes sont fréquentes). Les résidus de filtration des fumées (5) qui concentrent les toxiques, sont dangereux à manipuler pour le personnel et ne peuvent être mis que dans des décharges spéciales (6).
Les cendres des chaudières contiennent aussi des produits dangereux mélangés à des métaux et à des matériaux inertes qui constituent le mâchefer. Les métaux sont lavés (7), triés et récupérés. Le mâchefer doit également être lavé (7) et stocké avant d’être "valorisé" (8).
On comprend donc que l’incinération des déchets requiert une technologie poussée et qu’elle est potentiellement dangereuse pour les employés des incinérateurs, ainsi que pour les habitants alentour et l’environnement. Ces risques vaudraient peut-être la peine si la valorisation énergétique donnait des résultats probants, mais son bilan n’est pas du tout convaincant (9). À environ 100 euros la tonne de déchets incinérés la "valorisation énergétique" coûte cher aux communes et plombe les impôts locaux!
Pourquoi avoir fait un pacte avec le diable?
La loi de 1975 ayant posé le principe des plans d’élimination des déchets, la loi de 1992 en précisant le contenu (interdiction de la mise en décharge et valorisation) la circulaire "Voynet" du 28 avril 1998 insiste sur la nécessité d’augmenter la part du recyclage et de la valorisation matière et, ainsi, de limiter le recours à l’incinération et au stockage. Comment se peut-il, par conséquent, que les plans départementaux d’élimination des déchets (PDED) pour la Savoie et la Haute-Savoie prévoient de ne recycler qu’une petite partie des déchets (10) et d’incinérer la quasi-totalité du reste? Pourquoi polluer en brûlant ce qui pourrait être recyclé ou valorisé par compostage? Les maires et conseillers généraux auraient-ils vendu leur âme au diable pour s’être laissé entraîner sur la voie périlleuse du tout incinération?
L’explication est moins rocambolesque: ils ont seulement mis le doigt dans un engrenage.
Que faut il pour incinérer des déchets ? Une UIOM, plus le personnel compétent pour la faire fonctionner, ce qui n’est pas à la portée d’une commune. Ce ne sont donc que des groupements de communes qui ont pu rassembler les fonds (11) nécessaires à la construction des UIOM par les entreprises spécialisées qui en assurent l’exploitation. Ces entreprises ne font des profits suffisants qu’à la condition d’incinérer des quantités énormes de déchets ce qui "oblige" à limiter le plus possible la valorisation matière. C’est un système vendu "clés en mains", ce qui est bien pratique pour les élus, mais coûte très cher aux électeurs, qui payent les taxes et les impôts locaux…
Si, encore, il suffisait de payer pour être débarrassé une bonne fois de ces satanés déchets !
Avec l’incinération, ça n’est vraiment pas le cas et les Plans d’élimination des déchets ne méritent vraiment pas leur nom puisqu’ils ne font que transformer des déchets en d’autres déchets qui concentrent les produits nocifs et en fumées qui les dispersent dans l’air que nous respirons.
Qui plus est, les Plans concoctés par les administrations préfectorales de Savoie et de Haute-Savoie ne tiennent aucun compte du principe de précaution (12) énoncé dans la Charte de l’environnement, bien que celle-ci fasse partie maintenant de la Constitution de la République française. Ils ne valent pas plus que leur poids de papier recyclé.
 
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
 
 
 
 
Santé et travail: Et un plan de plus!
(Le Savoisien n°4, avril 2005)
La production de plans serait-elle devenue la principale activité du gouvernement français? Rien que pour la Santé, voici le troisième en un an: après le plan Cancer et le plan Santé-Environnement, voici le plan Santé-Travail (PST).
Il est vrai que le travail pose des problèmes de santé publique: les accidents de travail sont repartis à la hausse (1) ainsi que les maladies professionnelles (2). Mais celui qui est à l’origine de ce plan, annoncé en avril 2004, c’est plutôt le Conseil d’État qui, en mars 2004, avait reconnu la responsabilité de l’État dans l’affaire de l’amiante, catastrophe sans précédent dans l’histoire des maladies professionnelles (3), en soulignant que les pouvoirs publics n’avaient entrepris "aucune recherche afin d’évaluer les risques".
Qu’à cela ne tienne! Le plan Santé-Travail prévoit de créer une nouvelle "agence publique" qui répondra de l’évaluation des risques pour les ministères, en plus de charger l’Institut de Veille Sanitaire (INVS) du suivi des travailleurs.
Pour le contrôle de l’application des règles de prévention (4) le PST prévoit diverses mesures mais ne finance que 30 nouveaux postes, alors qu’il en faudrait 800 pour que la France rejoigne la moyenne européenne! À quoi bon de nouveaux inspecteurs puisque leurs rapports sont souvent classés sans suite, ce que déplorent les médecins du travail (5).
On s’attend maintenant à la prochaine sortie d’un plan Santé-Coiffure qui annoncera triomphalement: Demain on rase gratis!
 
Jean Aymard
  1. 760.000 accidents avec arrêt de travail et 700 morts en 2002.
  2. 35.000 cas, soit +14%, en 2001.
  3. Voir l’article "Amiante: économie ou santé publique? Le choix qui tue" dans Le Savoisien n°2, février 2005.
  4. Règles insuffisantes, tardives et peu observées pour l’amiante.
  5. Selon le Syndicat professionnel des médecins du travail "il faut des condamnations plus fréquentes et plus sévères" des employeurs.
 
 
 
 
Les riches heures du projet REACH.
(Le Savoisien n°3, mars 2005)
La législation européenne des substances chimiques comportant de nombreuses lacunes, la Commission Européenne a adopté le 29 octobre 2003 un projet de règlement intitulé Registration Evaluation and Authorisation of Chemicals, plus connu sous le nom de projet REACH.
Destiné à réglementer les quelques 30.000 substances chimiques fabriquées ou importées sur le territoire de l’Union Européenne, le projet REACH avait une portée considérable:
— Il rendait obligatoire l’enregistrement des produits concernés auprès d’une Agence européenne des substances chimiques.
— Il soumettait à une autorisation préalable l’utilisation des produits les plus dangereux tels les cancérigènes et les PRT (produits persistants, bio-accumulatifs et toxiques).
— Il obligeait les industriels à apporter la preuve de l’innocuité des produits avant de les commercialiser.
— Il donnait à la Commission le pouvoir d’interdire les utilisations comportant des risques "inacceptables".
— Il autorisait la publication des informations non confidentielles sur les produits enregistrés.
L’application de ces mesures permettrait de connaître les risques liés à l’utilisation de produits chimiques, dont la plupart (plus de 90%) n’ont jamais fait l’objet d’une étude de leur impact sur l’environnement ou de leur nocivité pour la santé. Ces substances entrent pourtant dans la composition de la plupart des produits de consommation courante comme les cosmétiques, les produits ménagers, les peintures, les vêtements, etc. etc. Ces mesures permettraient aussi de mieux prévenir les maladies professionnelles dont sont victimes plusieurs millions de travailleurs européens.
Cependant une démarche conjointe (1) des chefs de gouvernements ou d’État d’Allemagne, d’Angleterre et de France auprès du président de la Commission européenne, se disant "préoccupés" par le projet REACH en raison de son approche "trop bureaucratique et inutilement compliquée", aura pour effet de repousser en 2006 la promulgation d’une version édulcorée de la directive.
Il est vrai que cette réglementation coûterait aux industries chimiques entre 0,1% (évaluation des associations) et 1,35% de leur chiffre d’affaires (évaluation du lobby chimique). Elle coûterait probablement des emplois, mais combien? Le Dr. Geneviève Barbier pose ainsi cette question: "Personne ne s’est-il jamais demandé combien la généralisation des tests créerait d’emplois ou éviterait de cancers, d’infertilités et de maladies chroniques?" (2)
 
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
 
(1) Lettre du 20 septembre 2003 signée T. Blair, J. Chirac et G. Schröder.
(2) Geneviève Barbier, La société cancérigène, p. 136, Éditions de La Martinière (2004)
 
 
 
Chimie shame... (1)
(Le Savoisien n°3, mars 2005)
Il n’a pas de vergogne le président de l’Union des Industries Chimiques, pour avoir osé appeler "Chimie Pride" les premiers états généraux de la chimie qui ont eu lieu le 6 décembre à Paris! On peut comprendre que les homosexuels qui ont inventé la Gay Pride en aient eu plus qu’assez de vivre dans l’ombre pour vouloir revendiquer en plein jour leur différence… mais s’agissant de chimistes? Sont-ils victimes de discrimination, de chimiophobie? Sont-ils victimes d’agressions? De vexations? Pas à ma connaissance! Mais ne seraient-ils pas tentés d’en rajouter, par mauvaise conscience?
Quand Madame Michèle Rivasi, présidente de Greenpeace-France et députée européenne, constate que sur les deux cent mille produits chimiques commercialisés en Europe il n’y en a que deux mille dont la toxicité a été étudiée, elle ne montre pas d’un doigt accusateur les chimistes qui ont fabriqués ces produits! Elle déplore les insuffisances de la réglementation.
Quand Monsieur Serge Lepeltier, actuel ministre de l’écologie de la République française, apprend qu’une analyse de son propre sang montre qu’il contient 35 substances chimiques qui n’ont rien à y faire, il ne porte pas plainte pour empoisonnement contre l’industrie chimique! Peut-être déplore-t-il les insuffisances de la réglementation?
Mais quand la Commission Européenne adopte un projet de règlement appelé REACH(2) qui s’appliquerait aux 30.000 substances chimiques produites ou importées sur le territoire de l’Europe en quantité supérieure à une tonne par an, que se passe-t-il?
Eh bien, les industries chimiques déclenchent l’offensive de leur groupe de pression à Bruxelles pour contrer ce projet! Elles font jouer à plein leurs relations auprès de leurs amis politiques à Berlin, à Londres et à Paris ce qui déclenche l’intervention de leurs amis Blair, Chirac et Schröder auprès de la Commission Européenne, forçant celle-ci à revoir sa copie pour en limiter la portée.
Ce n’est qu’un nouvel épisode du combat sans merci que livrent, au nom du Profit, les groupes industriels aux instances européennes qui se préoccupent de la protection de la santé publique. Il a l’intérêt de mettre en évidence, même pour le public le moins averti, la collusion qui existe entre nos dirigeants politiques et le pouvoir industriel. Combien de bons Français croient encore que la Maffia c’est en Italie?
Cet accroc a eu pourtant une heureuse conséquence: déclencher l’intervention d’un quatrième protagoniste, l’opinion publique, alertée par la Déclaration internationale sur les dangers sanitaires de la pollution chimique, connue sous le nom d’Appel de Paris.(3)
Avec déjà 100.000 signataires l’Appel de Paris est beaucoup plus qu’un appel au secours lancé par quelques médecins et scientifiques inquiets. C’est la preuve d’une mobilisation de gens comme vous et moi qui ont compris que leur santé est en danger et qu’ils ont eu tort de faire confiance à des hommes et à des partis qui les trahissent.
C’est aussi une bonne raison pour que la Chimie soit moins fière d’elle-même et qu’elle convainque ses dirigeants de rabattre leur caquet.
 
Jean Aymard.
(1) Mot anglais signifiant honte, le contraire de pride qui signifie fierté.
(2) Abréviation de Registration Evaluation and Authorisation of Chemicals, soit Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques.
(3) Voir Le Savoisien, n° 1, p.11, janvier 2005.
 
 
 
 
Amiante: économie ou santé publique? Le choix qui tue.
(Le Savoisien n°2, février 2005)
L’amiante est un produit naturel d’origine minérale qui a été largement utilisé dans l’industrie et le bâtiment: le fibrociment (mélange de fibres d’amiante et de ciment) pour les toitures et le flocage à l’amiante pour isoler et ignifuger les immeubles.
Pourtant, dès 1945 l’amiante figurait dans le tableau des maladies professionnelles. En 1970 le CNRS avait alerté les pouvoirs publics sur les risques de cancer par inhalation de particules d’amiante. En 1977 l’amiante était classée comme cancérigène par l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC).
On sait donc depuis 60 ans que c’est un produit dangereux et depuis presque 30 ans que l’inhalation des poussières d’amiante est à l’origine de cancers de la plèvre et des poumons. Comment est-il possible que ce produit, dangereux mais bien connu depuis longtemps, puisse faire 100.000 morts en France et représenter près de la moitié (48%) des 372 millions d’euros d’indemnités versés en 2001 pour les maladies professionnelles du secteur privé?
Les victimes sont connues et les milliers de témoignages recueillis par l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) montrent qu’elles travaillaient dans des entreprises où la réglementation n’était pas respectée.
 
 
 
Qui sont les responsables, où se cachent les coupables?
(Le Savoisien n°2, février 2005)
Ces questions restent sans réponses bien qu’une vingtaine de plaintes aient été déposées depuis plus de huit ans par les victimes et l’Andeva. Pourtant la liste des fautes commises est longue et les responsables faciles à identifier pour M. François Desriaux, Président de l’Andeva : ce sont les industriels de l’amiante, les employeurs des victimes et les pouvoirs publics.
 
"Les premiers à avoir gravement manqué à leurs responsabilités sont les industriels de l’amiante. Dès 1971 (…) les industriels vont s’organiser pour que la réglementation qu’ils pressentent soit la moins contraignante possible. Ils vont faire appel à des experts en relations publiques et en communication pour contrer les attaques venant du corps médical ou des épidémiologistes. Les industriels français créeront le Comité permanent amiante (pour) tromper l’opinion publique sur les dangers réels de ce matériau.
Les employeurs également ont commis de nombreuses fautes caractérisées. Des milliers de témoignages (…) montrent que dans certaines entreprises (…) les aspects les plus élémentaires de la réglementation n’étaient pas appliqués. (…)
Les pouvoirs publics, enfin, ont failli à leur mission de protection de la santé des populations, et notamment des salariés. (…) Le Conseil d’État a sanctionné en avril de cette année, les pouvoirs publics. (…)
Comment peut-on admettre que ceux qui ont privilégié les intérêts économiques au détriment de la santé publique n’aient pas à rendre des comptes à la justice?"
Le ministre de la justice dispose pourtant, avec la loi Perben II, du pouvoir de donner des instructions aux procureurs sur les poursuites qu’ils doivent engager. Mais les magistrats peuvent s’abriter derrière la loi Fauchon sur les délits non intentionnels pour ne pas poursuivre… Ce qu’ils ont fait à Dunkerque, où les "Veuves de l’amiante" ont manifesté en vain en décembre dernier pour réclamer un procès contre les employeurs de leurs défunts maris. Ce qu’ils n’ont pas encore fait à Paris —mais on peut s’y attendre— où les universités Paris VI, Paris VII et l’Institut de physique du globe ont été mis en examen le 12 janvier en tant que personnes morales.
Pour résumer, est-il excessif de dire que les industriels ont sciemment dissimulé la dangerosité de l’amiante? Que les employeurs ont sacrifié la santé et la vie de leur personnel au profit? Que l’État français a été leur complice et n’a pas fait son devoir? Que la Justice ne s’attaque qu’aux responsables qui ne pourront être pas être déclarés coupables?
Le procès de l’amiante, qui rappelle celui du sang contaminé, débouchera-t-il sur des non-lieux comme cela pourrait être le cas en 2005 pour le procès du tunnel du Mont-Blanc et celui des dioxines à Gilly-sur-Isère?
 
Pierre Ottin Pecchio 
Union Santé Contre Pollution
(1) Voir le rapport annuel du Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels rendu public le 13 avril 2004 et son analyse par Michel Delberghe dans Le Monde du 20 avril 2004.
(2) Cf. son article dans Le Monde daté des 28-29 novembre 2004, p. 15.
(3) Il s’agit de l’année 2004.
(4) Des plaintes ont été déposées depuis 1996 par des enseignants et des employés de l’université atteints de maladies respiratoires attribuées à l’amiante.
 
 
 
Environnement et Santé, Conférence du Pr. Dominique Belpomme le 30 novembre 2004 à Chambéry
(Echo de Savoie, décembre 2004)
Pour sa première conférence à Chambéry, le Pr. Belpomme a déplacé la foule. Le centre de congrès Le Manège était trop petit pour accueillir les 300 à 400 personnes qui ont répondu à l’invitation de la mutuelle Radiance.
Le Pr. Belpomme fait-il déjà partie des stars qui cartonnent ? Son dernier livre (1), paru en mars, n’a pourtant pas fait beaucoup de bruit dans les Pays de Savoie, l’Echo de Savoie ayant été la seule publication à lui consacrer quatre pleines pages (2) Est-ce le parrainage de sa conférence par le Conseil Général de Savoie et la Ville de Chambéry qui a attiré l’attention des Chambériens ?
 
Les sponsors dans la galère
Le Conseil Général, qui est maintenant responsable du Plan Départemental d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (plan qui prévoit la construction d’un énorme incinérateur pour remplacer celui de Gilly-sur-Isère, de sinistre mémoire), pourrait se trouver mal quand on lui rapportera les propos du Pr. Belpomme : les dioxines, produites par les incinérateurs, font partie des poisons les plus toxiques… Ce sont des mutagènes puissants qui provoquent des cancers… Et qui voudra de cet incinérateur près de chez lui, maintenant que le Pr. Belpomme a recommandé, pour éviter le cancer, de ne pas habiter près d’un incinérateur !
La Ville de Chambéry avait également accordé son parrainage avec quelques uns de ses satellites comme Ville de Chambéry Développement Durable, l’Office du Tourisme Chambéry Promotion… et même la SCDC Chauffage Urbain dont on pouvait –naïvement- se demander ce qu’elle venait y faire. Parmi toutes les mauvaises raisons qui pourront être avancées, il y en a au moins une bonne : l’unité d’incinération des ordures ménagères de la ville est à la fois le plus gros et le plus polluant des incinérateurs de Savoie ! On risque de vous dire à la Mairie : " Circulez, il n’y a rien à voir " bien qu’il suffise de circuler sur l’autoroute pour voir le panache de fumée qui s’en échappe jour et nuit, surtout la nuit d’ailleurs car il se voit moins… On risque de vous dire aussi que ça n’est pas de la fumée mais seulement de la vapeur d’eau, que ça n’est pas dangereux !
C’est là que vous pourrez rapporter à vos élus les propos du Pr. Belpomme ! Vous pourrez aussi leur rappeler les derniers chiffres publiés par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable en octobre 2003 pour l’incinérateur de Chambéry : 1,72 grammes de dioxines ont été émis en 2002 soit plus de 28 fois la limite autorisée pour les incinérateurs modernes. Il ne reste plus qu’un an pour mettre aux normes cet incinérateur puisque l’Etat français a différé (3) jusqu’en décembre 2005 l’application de la directive européenne du 4 décembre 2000, ce qui a fait cinq ans de gagnés pour la Ville de Chambéry mais cinq ans de perdus pour ses administrés vivant sous la menace des dioxines.
Alors, faute de pouvoir s’opposer au Pr. Belpomme, responsable national du Plan Cancer et expert auprès de la Commission Européenne, le Conseil Général de Savoie et la Ville de Chambéry ont dû appliquer le proverbe arabe " La main que tu ne peux couper, baises-là " !
Ils peuvent commencer à trembler les élus qui ont seulement essayé d’éponger les débordements de la pollution alors qu’ils auraient dû en fermer les robinets. L’opinion publique se réveille : le Pr. Belpomme a déjà recueilli 80.000 signatures pour l’Appel de Paris et il en espère un million pour bientôt. Combien de milliers de signatures à Chambéry ?
 
Un professeur désobéissant
Pendant plus d’une heure le public a été soumis à une perfusion accélérée de connaissances sur le cancer et les autres les maladies causées par la pollution de l’environnement, puis sur les mesures à prendre pour s’en sortir, individuellement et collectivement. Il s’agissait pour le Pr. Belpomme, en reprenant la démonstration faite dans son livre, de détruire un par un les foyers de désinformation qui infectent la pensée unique, de convaincre aussi qu’il n’est pas trop tard pour agir.
L’Appel de Paris (voir encadré), lancé le 7 mai dernier par l’ARTAC a marqué le début d’une véritable croisade contre la dégradation de l’environnement qui met l’espèce humaine en danger. Cet Appel a déjà été signé par plus de 400 scientifiques dont plusieurs Prix Nobel, par 250 associations et par environ 80.000 personnes. Le but est d’atteindre un million de signataires.
Les questions du public ont permis ensuite au Pr. Belpomme de préciser son point de vue.
Le Plan National Santé Environnement, lancé en juin par le Gouvernement français, est très critiquable pour son manque d’ambition. Il ne s’attaque pas aux causes de la pollution et vise seulement à en limiter les effets. " Ce plan n’est pas bon ! " a dit le Pr. Belpomme, " On fait l’inverse de ce qu’il faudrait ! "
Attaquer de front les industriels serait pourtant une erreur car nous avons besoin du progrès. Seulement, c’est d’un progrès au service de l’Homme que nous avons besoin, non pas d’un progrès qui met l’Homme au service de l’industrie.
Dans la lutte contre les O.G.M. le Pr. Belpomme n’hésite pas à donner raison à José Bové. Il avoue être favorable à la désobéissance civique comme moyen de pression… mais ne le dirait pas à la télévision !
Encore beaucoup de questions dont certaines très pratiques et d’autres plus scientifiques trouveront des réponses avant que le Pr. Belpomme n’aille dédicacer son livre et recueillir des centaines de signatures sur l’Appel de Paris.
 
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
 
(1) Ces maladies créées par l’Homme, comment la dégradation de l’environnement met en péril notre santé, Editions Albin Michel S.A., Paris, 2004
(2) Echo de Savoie n°74, août 2004, p.6-7, et n°75, septembre 2004, p.4-5
(3) Par son arrêté du 20 septembre 2002
 
 
 
 
Respirer, Boire, Manger nuit gravement à la santé
(l’Echo de Savoie n°75, 2004 )
 
On pouvait chanter " Les Allobroges " sans inquiétude il y a cinquante ans, mais ce n’est plus possible maintenant. C’est le passage " Et j’aime à respirer l’air pur de nos montagnes " qui pose problème : on peut encore respirer, les montagnes sont toujours là, mais où est l’air pur ?
Il n’y a plus d’air pur, il n’y a plus que de l’air pollué dans nos montagnes et ailleurs c’est pire. Mais comme on ne peut pas s’arrêter de respirer, que faire ?
Je propose de commencer par savoir comment on en est arrivé là et de comprendre comment on peut espérer s’en sortir, en lisant le livre intitulé " Ces maladies créées par l’Homme " du Professeur Dominique Belpomme (1) qui explique " Comment la dégradation de l’environnement met en péril notre santé ".
Si vous voulez respirer à nouveau l’air pur de nos montagnes, lisez ce livre… ou au minimum cet article… même si la réalité n’est pas vraiment agréable à découvrir.
Qui est Dominique Belpomme ?
Il faut commencer par cette question car dans le domaine de la pollution de l’environnement n’importe qui peut écrire n’importe quoi. Malgré son nom l’écologie n’est pas encore vraiment une science. Si beaucoup d’ " écolos " barbus et chevelus se sont pris pour des savants ou des prophètes, ça n’est pas le genre du Pr. Belpomme !
Médecin cancérologue, professeur de Médecine, chef de service des Hôpitaux de Paris, fondateur en 1984 de l’ARTAC (2), le Pr. Belpomme est chargé de mission pour le Plan Cancer qui vient d’être lancé par le gouvernement français. Son livre, paru en mars 2004, montre comment la dégradation de l’environnement par la pollution est maintenant à l’origine de la plupart des maladies et de la pire d’entre-elles : le cancer.
 
Le cancer causé par la pollution ?
Pour le Pr. Belpomme " il faut combattre l’idée fausse mais qui a toujours cours, y compris dans le corps médical, que l’augmentation du nombre de cancers est liée à la vieillesse, autrement dit que le cancer est une maladie de vieillesse. Ce n’est pas parce qu’on est âgé et qu’on a des défenses immunitaires (3) diminuées qu’on a une plus grande probabilité de faire un cancer. C’est en réalité parce qu’on a eu une durée d’exposition plus grande aux facteurs de risque cancérigène présents dans l’environnement. De la même façon, plus on passe de temps sur la route et plus le risque d’avoir un accident est grand. "
Tout le monde sait que fumer nuit gravement à la santé et cause le cancer du poumon. Mais " tous les cancers ne sont pas liés au tabac. De très nombreux cancers sont secondaires aux facteurs de cancérisation physiques (4) et surtout chimiques (5), que nous introduisons dans l’environnement ". Alors que " sur 150 000 morts par an en France par cancer on admet qu’il y a 30 000 morts par cancers liés au tabac. Il reste 120 000 morts à expliquer par des causes autres. Où les trouver, si ce n’est dans l’environnement, pris au sens large, c’est à dire en considérant qu’il inclut aussi notre mode de vie ? "
 
Le cancer causé par le stress ?
" Depuis les vingt dernières années, la situation a terriblement changé. Les aliments que nous ingérons, l’eau que nous buvons et l’air que nous respirons sont beaucoup plus pollués. En outre, les recherches toxicologiques actuelles concluent indiscutablement à l’effet cancérigène de nombreux polluants. Ce ne sont donc pas seulement 10% ou même 40% des cancers qui sont induits par la pollution (6) mais très probablement 60 à 70% d’entre eux, au minimum ". Le Pr. Belpomme ajoute que " même le tabagisme témoigne d’un certain type de pollution, si on admet qu’il est dû au stress induit par notre société, comme le sont aussi en très grande partie les autres pratiques additives (7). Le stress est en réalité la conséquence neuropsychologique de la dégradation de l’environnement, pris au sens large du terme. On peut donc considérer que ce sont 80 à 90% des cancers qui sont causés par la dégradation de notre environnement ".
 
Le cancer, ça se soigne ?
Alors que notre environnement est de plus en plus dégradé, alors qu’il n’y a jamais eu autant de cancers, peut-on au moins compter sur les progrès de la médecine en thérapie anti-cancéreuse ? La réponse du Pr. Belpomme est d’autant plus crédible qu’il s’est consacré depuis vingt ans à la recherche de médicaments anti-cancéreux avec l’ARTAC (8) : " Où en sommes-nous dans notre lutte contre le cancer ? Cette question mérite une réponse nuancée. Il est vrai qu’on a amélioré la qualité des soins en découvrant de nouveaux médicaments et en standardisant les protocoles de traitement. J’ai fait le bilan des bénéfices réellement obtenus grâce aux médicaments anticancéreux mis au point depuis ces quinze à vingt dernières années. Le constat est amer : les nouveaux médicaments anti-cancéreux n’augmentent pratiquement pas le taux de guérison à cinq ans, et très modestement l’espérance de vie des malades ". Et pourtant… " Le cancer est la maladie la plus étudiée dans le monde " !
Ce constat ne marque t’il pas la fin d’une croyance encore très répandue ?  Le progrès scientifique n’est plus capable de résoudre les problèmes causés par l’évolution de notre société vers " un système économique aveugle, ayant exclu de ses objectifs la nature, la morale et même l’éthique ".
Mais puisqu’on court des risques graves en respirant, en buvant et en mangeant, que faut-il faire pour avoir une chance de s’en sortir ?
 
Arrêter de respirer, de boire et de manger ?
On peut, on doit ou on devrait, déjà, commencer par arrêter de fumer. Arrêter nous même, si ce n’est pas encore fait, et arrêter aussi les autres. C’est l’intérêt de tous, c’est d’utilité publique. Tout le monde sait que fumer nuit gravement à la santé, c’est écrit sur tous les paquets de cigarettes. C’est écrit de manière à ne pas trop choquer car on devrait lire " Fumer provoque le cancer ", une évidence pour le Pr. Belpomme qui écrit " Le tabac est avec certitude l’un des facteurs ou le facteur responsable ".
On ne doit pas laisser les fumeurs se suicider de cette manière là ! " Sur les 150 000 morts par an en France par cancer, on admet qu’il y a 30 000 morts par cancers liés au tabac " assène le Pr. Belpomme… qui n’en a malheureusement pas chiffré le coût pour l’Assurance Maladie !... Mais rappelez-vous qu’il ajoute aussi : " Il reste 120 000 morts (9) à expliquer par des causes autres. Où les trouver, si ce n’est dans l’environnement, pris au sens large du terme, c'est-à-dire en considérant qu’il inclut aussi le mode de vie ? Il faut dons lutter contre l’utilisation des produits cancérigènes que nous introduisons dans l’environnement ".
La solution n’est donc pas d’arrêter de respirer, de boire et de manger (elle serait pire que le mal) mais de finir par comprendre que la santé dépend de l’environnement, car l’environnement est dégradé par la pollution et la pollution nuit gravement à la santé.
La pollution, ces sont d’abord des produits polluants qui sont fabriqués et dispersés un peu partout.
 
Les polluants qui dégradent l’environnement
" Hormis le tabagisme, les causes chimiques à l’origine des cancers sont de très loin les plus fréquentes. En deux générations -10), nous avons déversé plusieurs millions de produits toxiques dans l’environnement, le plus souvent en l’absence de contrôle et de réglementation suffisante ". Seules quelques milliers de ces molécules ont été étudiées pour leurs effets toxiques : " certaines sont mutagènes (11), d’autres des perturbateurs hormonaux (12), et un certain nombre d’entre-elles cancérigènes ou tératogènes (13).
Les produits cancérigènes appartiennent à trois catégories : les produits naturels résultant de l’activité humaine ; les intrants agricoles utilisés pour fertiliser le sol ou combattre les nuisibles, mauvaises herbes et parasites ; les produits synthétiques introduits dans l’alimentation, ou à usage domestique, ou utilisés pour nous soigner. " C’est donc nous qui fabriquons les cancers, soit parce que nous utilisons des produits naturels en trop grande quantité, soit que nous les transformons en déchets cancérigènes, soit parce que nous fabriquons de nouveaux produits que nous introduisons intentionnellement dans notre environnement ".
Les produits naturels cancérigènes sont produits essentiellement par l’industrie sous forme de fumées et goudrons par la combustion des produits fossiles : pétrole, charbon, gaz naturels. " On les trouve en grande quantité dans les gaz d’échappement des voitures, mais aussi dans ceux des tracteurs et des avions (14). On les trouve dans les fumées des usines. Elles sont à l’origine de la pollution de l’air et de l’eau dans nos villes et plus particulièrement dans les zones industrielles ". C’est ainsi que le taux de cancers est plus élevé dans les villes qu’à la campagne. Le risque cancer du poumon lié à la pollution atmosphérique serait dû à la présence de fines particules d’hydrocarbures (15) en suspension dans l’air " produites dans les fumées d’usine et par le trafic routier, en particulier les voitures diesel. " Le tabagisme potentialise cet effet ".
Les dioxines sont également des produits naturels de la combustion des substances organiques en présence de chlore. Elles sont principalement émises dans l’air par les usines d’incinération des ordures ménagères "  et la France détient un triste record : celui de posséder le plus grand parc européen d’incinérateurs, et le plus grand dans le monde après le Japon ". Or, " il est maintenant clairement démontré que les dioxines sont cancérigènes chez l’homme " et " de nombreuses études épidémiologiques ont révélé l’augmentation du nombre des cancers au voisinage des incinérateurs (16) ". Comme les pesticides, " les dioxines sont des composés non biodégradables qui polluent pendant longtemps l’environnement " et " leurs effets cancérigènes ne sont pas les seuls à considérer : maladies du système nerveux, déficits immunitaires et stérilité le sont tout autant ".
Bien que certains composants des matières plastiques soient directement cancérigènes c’est parce qu’on les incinère qu’elles produisent des dioxines et des métaux lourds. " De nombreux métaux lourds, tels que le plomb et le cadmium, mais aussi l’arsenic, le chrome et le nickel, sont cancérigènes ".
L’amiante a été très utilisée pour ses propriétés isolantes et ignifuges, en particulier dans le Bâtiment. " Dans tous les cas, ce ne sont pas tant les fibres que les poussières d’amiante qui sont à l’origine de cancers, essentiellement de cancers de la plèvre (17) et des poumons. (…) D’ici à l’an 2020 un total de 50 000 à 100 000 morts pourraient être provoqués par l’amiante "!
" Les engrais nitratés font partie des intrants agricoles hautement cancérigènes ". Les champs ne sont plus fertilisés par du fumier d’origine animale puisque la spécialisation des agriculteurs en fait soit des éleveurs, soit des cultivateurs. "  L’utilisation des engrais nitratés est aujourd’hui devenus excessive. Or les plantes traitées ne fixent que 10% des fertilisants. Quatre-vingt-dix pour cent des nitrates se dispersent donc dans l’environnement, c'est-à-dire dans les sols et l’eau, et en particulier dans les nappes phréatiques. (…) Et c’est surtout l’eau de boisson contaminée qui apporte à notre organisme des nitrates qui se transforment dans notre gros intestin en produits cancérigènes. "
De très nombreux pesticides sont utilisés dans l’agriculture ou à la maison comme herbicides, insecticides, raticides, vermicides, fongicides, etc. Parmi les plus connus : le DDT, l’aldrine, la dieldrine, les dérivés de la thiourée, des thiocarbonates, de l’uréthane. " L’effet cancérigène de plusieurs pesticides est certaine, probable ou possible " suivant les listes publiées par le CIRC (18) et ils persistent dans l’environnement car peu biodégradables. " Le DDT est interdit en France depuis 1972 mais il est toujours décelé dans l’environnement, donc y compris dans l’organisme de nombreux individus. (…) Les effets toxiques des pesticides, comme ceux des dioxines, ne concernent pas seulement l’induction des cancers, mais aussi celle de maladies dégénératives du système nerveux, de malformations congénitales et surtout de stérilité chez les hommes ". Et pourtant… environ 100 000 tonnes de pesticides sont utilisées chaque année en France dans l’agriculture et la viticulture pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros ! Et pourtant… la France reste le troisième utilisateur de pesticides après les Etats-Unis et le Japon !
Les produits synthétiques utilisés à la maison ou dans l’alimentation forment le troisième groupe décrit par le Pr. Belpomme. " La liste est longue et tous les produits potentiellement cancérigènes ne sont pas connus à ce jour, malgré les efforts de l’IARC (19). (…) Compte tenu de la multitude de ces produits et de leur mise sur le marché sans que l’ensemble des tests adéquats aient été réalisés ", ils ne sont étudiés qu’a posteriori lorsqu’un drame survient.
" L’affaire est beaucoup plus grave encore dans l’alimentation, car c’est intentionnellement que l’industrie agro-alimentaire ajoute des additifs aux aliments et boissons, afin de les rendre plus attrayants". Ce sont des colorants, des modificateurs de goût, des conservateurs et des antioxydants. Pour ces derniers, le Pr. Belpomme explique que " l’industrie alimentaire dispose de nombreux conservateurs capables de retarder ou d’arrêter la fermentation ou l’acidification des aliments, liées à la pullulation microbienne, et aussi d’autres substances anti-oxydantes, capables de s’opposer au rancissement des graisses. Or, les composés nitrés, bien qu’indiscutablement cancérigènes sont toujours utilisés en charcuterie. Quant aux antioxydants, la situation n’est pas meilleure. Ceux de la classe des tocophérols et certains dérivés phénolés (…) devraient être retirés du marché ".
Dernière catégorie : les médicaments et les matériels médicaux. Un seul exemple : " l’utilisation d’œstrogènes, pour retarder artificiellement la ménopause, multiplie par trois le risque de cancer de l’utérus ". Ces molécules sont classées comme cancérigènes par l’IARC.
 
Sommes-nous des assassins ?
Le lien entre environnement et santé étant établi, existe t’il d’autres risques que le cancer ? Le Pr. Belpomme répond : " On découvre qu’il y a aussi grave, voire plus grave que le cancer : la fréquence croissante des problèmes de stérilité, en particulier masculine, et celle des malformations congénitales de l’enfant, dans les pays industrialisés. "
Des espèces sauvages ont déjà disparu : des insectes, des oiseaux, des poissons et même des mammifères. " Il a été démontré que cette disparition n’est pas naturelle (…) mais qu’elle est causée par les modifications que nous infligeons à la nature, et en particulier par les produits toxiques que nous déversons dans l’environnement. " Des polluants chimiques sont mutagènes, d’autres sont des perturbateurs hormonaux qui modifient le comportement sexuel et induisent des malformations chez les nouveaux-nés ou la stérilité des adultes.
Déjà en 1991 la déclaration de Wingspread indiquait que la stérilité et le cancer sont deux menaces importantes pour l’humanité. Bien que signée par des scientifiques américains elle a été ignorée aux Etats-Unis et étouffée par les lobbies industriels qui ont continué à polluer leur propre environnement. Les goélands ont disparu du lac Ontario pollué par les dioxines.
Qu’observe t’on maintenant pour l’homme ? La menace des pesticides sur la santé. Dispersés dans le sol, dans l’eau et dans l’air ils circulent sur toute la Terre, jusqu’au Pôle Nord où ils se concentrent dans les poissons et les phoques, pour contaminer les Esquimaux qui s’en nourrissent. Ceux-ci connaissent maintenant des problèmes de stérilité. Avec le Pr. Belpomme " on est fondé à se demander si les pesticides déversés dans l’environnement ne provoqueront pas à long terme leur disparition pure et simple. "
En fait " l’effet féminisant des pesticides et autres substances chimiques à effet œstrogène concerne toutes les espèces, et en particulier l’homme. "
Après les goélands et les Esquimaux, ce sera notre tour, celui des habitants des pays fortement industrialisés, car dès aujourd’hui "  les stérilités d’origine masculine sont en fréquence croissante. A la diminution de spermatozoïdes s’associe souvent une augmentation de la croissance de leurs malformations. "
 
Vers la fin de l’Humanité ?
Auparavant, on pourrait assister au déclin du monde occidental, à moins que la France ne réagisse d’urgence et fortement et réussisse à entraîner l’Europe ? Il faudrait déjà que les médecins et les médias prennent conscience de leurs insuffisances car, comme l’écrit le Pr. Belpomme, "  les médecins sont le plus souvent engrammés dans une vision purement curative des maladies qui exclut l’étude de leurs causes, et les médias reprennent dans ce domaine, de préférence, les bonnes nouvelles, pas forcément les moins bonnes, surtout lorsque celles-ci s’attaquent à des lobbies industriels et économiques puissants. "
Avec des médecins inconscients, des journalistes et des politiciens soucieux de plaire ou contrôlés par une industrie menée par le profit… quelles chances avons nous d’éviter le pire ? " Ma conclusion est malheureusement sans ambiguïté " dit le Pr. Belpomme, " c’est la dégradation de l’environnement qui est à l’origine de la plupart des maladies actuelles, et ces maladies risquent de conduire demain l’humanité à disparaître. "
 
Vers l’écologie sanitaire ?
En tant qu’individu biologique nous sommes reliés à l’environnement par trois types de fonctions..
Les fonctions de subsistance apportent à l’organisme ce dont il a besoin pour vivre : l’air que nous respirons, les aliments que nous ingérons, les rayonnements -dont la chaleur- que nous absorbons par la peau.
Les fonctions neurosensorielles nous font sentir, percevoir et ressentir ce qui nous entoure, que ce soient des objets inertes ou des êtres vivants. Elles assurent les relations psychiques que nous avons avec eux et les sentiments que nous éprouvons pour eux.
Les fonctions cognitives telles que le raisonnement logique, l’entendement, l’intelligence, l’imagination, la morale, la mémoire… permettent les relations avec la société où nous vivons.
Ces trois fonctions nous permettent aussi de modifier notre environnement naturel, voire de le détruire pour le reconstruire autrement, de le polluer par les produits et les objets que nous fabriquons. " Ainsi, (…) la pollution naturelle que nous induisons directement et la reconstruction environnementale que nous opérons ont pour conséquence inéluctable notre propre pollution et pour facture à payer, les maladies que nous induisons. "
La pollution a des impacts sur nos fonctions. D’abord, un impact matériel sur les fonctions de subsistance, surtout sur la nutrition et la respiration ; ensuite, un impact sur les fonctions sensorielles comme la vision, l’audition, etc. ; enfin, un impact sur les fonctions de connaissance et de reconnaissance.
 
La pollution matérielle
Elle est la cause de la modification physique, chimique ou microbiologique de notre environnement et de nos ressources naturelles. Tout le monde connaît des exemples de cette pollution : la contamination radioactive (Tchernobyl), les marées noires (Erika, Prestige), l’amiante, la contamination des aliments par les pesticides, les dioxines produites par les incinérateurs, l’épidémie de vache folle causée par l’utilisation d’une alimentation animale contaminée… Cette pollution intervient sur la santé par trois voies possibles : alimentaire, respiratoire ou cutanée.
Dans notre assiette, ce sont des substances chimiques, naturelles ou non, qui sont des contaminants, des additifs ou des produits de transformation culinaire. Les contaminants, ce sont par exemple les nitrates, des pesticides ou des rejets industriels (PCB) " qui se retrouvent non intentionnellement dans l’eau de boisson, les fruits ou légumes et même les viandes. Les additifs alimentaires sont ajoutés aux aliments afin de les rendre plus attractifs ou de mieux les conserver. Ils sont insuffisamment connus et réglementés et " en fin de course, dans tous les cas, ce sont les consommateurs que nous sommes qui en sont les victimes. " Les produits de transformation culinaire dépendent de la manière dont sont préparés nos aliments. Les produits fumés dans l’industrie agroalimentaire ou grillés chez soi, peuvent contenir des HAP hautement cancérigènes.
La " mal-bouffe " s’y ajoute encore : tromperies sur la qualité, abus de certains aliments qui déséquilibrent les régimes. " Nous ne pouvons connaître l’origine de ces aliments, et surtout les conditions de leur culture et de leur conservation. (…) Nous ne savons jamais la teneur en pesticides, nitrates, ou autres molécules chimiques contenus dans les aliments que nous achetons. Or ce sont justement ces molécules chimiques qui induisent aujourd’hui nos maladies. Nous sommes dons trompés. "
" Une mauvaise alimentation, un régime alimentaire déséquilibré, sont à la base de certains cancers, en particulier digestifs. "
Le deuxième type de pollution matérielle est le pollution respiratoire. Un seul exemple : " l’inhalation de poussières d’amiante provoque des cancers. "
Le troisième type de pollution matérielle, la pollution cutanée, est due essentiellement aux rayonnements, mais aussi à certains produits chimiques. Les accidents nucléaires ont certainement été à l’origine de cancers, de stérilité et de malformations congénitales mais les preuves scientifiques font défaut car du fait des intérêts en jeu " on tend à minimiser l’affaire, au détriment des victimes. ". Autre rayonnement dangereux, les U.V. (20), causent deux types de cancers (21) qui sont en nette augmentation en raison de la détérioration de la couche d’ozone qui entoure le Terre. Parmi les produits chimiques dangereux pour la peau on retrouve les HAP parmi d’autres produits naturels ou synthétiques déversés dans l’environnement.
 
La pollution neurosensorielle
Elle attaque les organes de sens : la vue, l’audition, l’odorat, le goût et le toucher qui nous permettent de vivre dans notre environnement. Les traumatismes d’origine lumineuse (écrans d’ordinateurs) ou sonore (bruit excessif), par exemple, détériorent nos organes.
Or, " la surdité, ainsi que les troubles visuels retentissent bien évidemment sur le psychisme et modifient notre comportement. (…) Toutes les perturbations neurosensorielles modifient le cadre de nos capacités cognitives (22).
 
La pollution cognitive
Notre santé peut aussi être mise en danger par des " informations polluées, excessives, dirigistes ou même trompeuses, qui nous parviennent et qui peuvent être à l’origine de perturbations de nos facultés mentales. Les stress renouvelés interviennent aussi. (…) A l’extrême ces sollicitations peuvent induire des maladies mentales graves : des névroses et des psychoses. "
" La pollution intellectuelle ou morale peut provenir de la publicité : on conditionne les gens à penser ou même à agir. A l’extrême, les images de violence peuvent inciter à tuer. " Au delà de la publicité commerciale, des procédé analogues peuvent déformer notre vision de la réalité, diriger nos pensées et déterminer nos tendances, ce qui conduit le Pr. Belpomme à conclure " J’ai souligné que nous étions conditionnés à un certain type d’alimentation et même parfois à l’intempérance par la publicité. Il en va de même pour le bulletin de vote que nous mettons dans l’urne. Résister (…) est devenu extrêmement difficile. "
 
Victoires et défaites de la médecine
La croyance dans le Progrès voudrait que la Médecine triomphe un jour de toute les maladies. La réalité est différente : le progrès de la médecine a fait disparaître de nombreuses maladies mais de nouvelles sont apparues. Une maladie qui disparaît peut être remplacée par une autre (les maladies virales ont remplacé les maladies bactériennes) et surtout l’homme en fabrique de nouvelles. " Les épidémies d’hier, la peste, la variole, la diphtérie, la syphilis, la tuberculose ont certes disparu ou presque " mais la situation a changé. " C’est nous qui fabriquons nos maladies. Celles-ci ne sont, en effet, plus naturelles comme jadis, mais artificielles car elles sont liées à notre civilisation, ou plus exactement à la pollution environnementale que nous induisons. "
Les maladies artificielles sont classées schématiquement en cinq groupes par le Pr. Belpomme :
  1. maladies d’origine génétique ou hormonale
  2. Certains produits chimiques mutagènes, ou perturbateurs endocriniens, ou les deux, sont à l’origine du cancer, de certaines stérilités et de maladies congénitales, de la majorité des maladies héréditaires.
    " Le cancer était jadis très peu connu (…). Il est à peu près certain qu’il n’existait dans l’Antiquité que sous la forme de quelques cas isolés. " Au XIXème siècle les cancers sont encore extrêmement rares " et il ne fait donc aucun doute que le cancer est une maladie des temps modernes et que l’augmentation de fréquence observée depuis l’après-guerre soit liée à l’industrialisation de notre pays. "
    Plus grave que le cancer, la stérilité masculine, n’apparaît jamais chez les médecins de l’Antiquité grecque et romaine. Elle croît régulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale dans les pays industrialisés. " Ce qui veut dire que, dans certaines populations actuelles, on peut concevoir que les hommes n’ont plus que 50% des spermatozoïdes qu’ils avaient avant la guerre. " Chez la femme la stérilité est presque toujours d’origine infectieuse " mais le problème se pose de l’effet nocif des pesticides ou autres substances chimiques. "
    Les malformations congénitales sont souvent induites par des facteurs environnementaux qui perturbent la grossesse. Il a été démontré qu’il y avait " un lien statistique entre l’exposition aux pesticides et la survenus de certaines malformations de l’appareil uro-génital chez l’enfant. "
  3. maladies d’origine infectieuses
  4. Certaines nouvelles maladies sont bactériennes ou virales (sida, sras), ou à prions (vache folle). Le sida est une maladie des temps modernes et la mondialisation favorise la propagation du virus. Mais d’où vient le VIH (23) ? Pour le Pr. Belpomme ce n’est pas une mutation qui aurait rendu le VIH pathogène mais des modifications du comportement humain. " Un virus proche du VIH aurait été longtemps latent, inoffensif, et pour une raison quelconque (…) ce virus serait devenu actif. (…) D’où la pandémie actuelle créée par l’homme et amplifiée par la mondialisation. "
    " Le sras est peut-être aussi une maladie créée par l’homme. " Elle est causée par un virus de la civette, un mammifère traditionnellement consommé par les Chinois. " Il est probable qu’il y a eu une rupture de barrière d’espèce, expliquant que le virus, présent normalement chez l’animal, ait pu contaminer l’homme et s’y développer. (…) Il y a t’il eu un déficit immunitaire chez les premiers individus contaminés, expliquant que le virus soit devenu pathogène ?  (…) En fait, cette affection qui n’était pas connue antérieurement a probablement été fabriquée par l’homme. "
    " Vache folle, ou folie humaine ? " interroge le Pr. Belpomme. On ne sait pas comment est apparu le prion, qui n’est pas un virus mais une protéine anormale qui infecte les cellules. Mais " on sait, en revanche, avec certitude que le fait d’avoir nourri des bovidés avec des protéines animales a provoqué son apparition " et causé une maladie grave du système nerveux. C’est " parce qu’on a transgressé les lois naturelles (…) que la maladie est survenue. "
  5. maladies d’origine métabolique
  6. Les maladies cardiovasculaires sont liées à l’athérome , une maladie métabolique qui comprend plusieurs facteurs : le cholestérol, l’hypertension artérielle, l’obésité, le diabète. Le tabagisme et le déséquilibre alimentaire, les perturbateurs hormonaux, pourraient en être la cause. " Au XIXème siècle, l’athérome était inconnu. (…) Les maladies cardiovasculaires actuelles sont donc, à l’évidence, nouvelles et intégralement induites par nous. "
  7. maladies d’origine toxique ou allergique
  8. Elles représentent la majorité des maladies respiratoires chroniques (asthme), certaines maladies de peau. Connues depuis longtemps, " ce qui est nouveau n’est donc pas les allergies et la crise d’asthme, mais leur fréquence accrue. On admet que dans notre pays l’asthme touche 3,5 millions de personnes, dont essentiellement des enfants et des adultes jeunes. " Pour l’expliquer on doit admettre que " d’une part, c’est la pollution atmosphérique qui, en fixant les allergènes naturels, les rendent plus offensifs et, d’autre part, que ce sont les allergènes chimiques introduits dans l’environnement qui provoquent de nouveaux cas d’allergie  "
  9. maladies neurosensorielles ou neuropsychiques
Pour le Pr. Belpomme ce sont des maladies qui " dans de nombreux cas sont induites par notre société. "
 
La fin des certitudes et l’imposture de la médecine
" L’impression générale est que notre médecine est toujours très puissante. Demain tel ne sera plus le cas. Car les maladies générées par l’homme sont beaucoup plus redoutables et difficiles à contrôler que celles qui existent naturellement. " Entre la puissance supposée de la médecine et l’extrême difficulté des recherches actuelles il y a un abîme dont le public n’est pas conscient. " Il s’agit d’une grave erreur, imputable à le fois à une croyance aveugle, démesurée dans le progrès et à l’imposture de certains chercheurs ou médecins qui, trop souvent, pensent détenir des clés scientifiques qui se révéleront, en réalité, un petit plus. "
La médecine contemporaine bénéficie encore de quelques succès mais son efficacité tend vers une limite, mal comprise ou même niée par les médecins, alors que la société exige toujours plus de découvertes. " Poussée par cette demande, la médecine est inconsciemment amenée à tromper les malades et les citoyens, parfois même à aller jusqu’au mensonge, à la fraude scientifique ou à l’escroquerie. " Car la principale découverte des cent dernières années est amère : " ni la biologie ni la médecine ne seront demain en mesure d’éradiquer toutes les maladies, de guérir tous les malades. Et c’est là le constat d’échec ou de semi-échec de la médecine contemporaine qu’il faut faire et la raison de l’imposture actuelle qu’il faut dénoncer. "
 
La santé publique en crise
" Partout dans le monde, la santé est menacée. " Dans les pays en voie de développement elle dépend des organismes internationaux et des ONG mais leur action n’est pas à la mesure de la gravité et de l’ampleur des problèmes sanitaires. Dans les pays riches le problème dominant est celui de son financement. En France les dépenses de santé ont augmenté continuellement depuis la dernière guerre pour atteindre maintenant 10% du PIB (24). Sécurité sociale et assurance maladie sont en déficit permanent et les gouvernements successifs s’y cassent le dents. Mais, pour nos concitoyens, la santé est la priorité !
Les dépenses de santé augmentent parce que " nos maladies augmentent en nombre, le nombre de malades augmente, les maladies actuelles sont de plus en plus difficiles à traiter et que, pour y remédier les traitements qui sont mis en œuvre s’apparentent de plus en plus à des prouesses médico-techniques et donc que celles-ci coûtent de plus en plus cher, alors que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur de ce que ces traitements coûtent. La boucle est bouclée, on est dans un cercle vicieux. "
Pour le Pr. Belpomme il faut  distinguer le " sanitaire " du " social ", (…) séparer du point de vue financier et structurel le remboursement des soins et de la prévention de ce qui relève du secteur " social ". Il y a trois mesures à prendre : " être beaucoup plus strict pour la mise sur le marché de nouvelles thérapeutiques, (…) réorganiser notre système de santé, développer la prévention, et plus particulièrement la prévention primaire. "
 
Prévenir les maladies
" Il n’existe pas de réelle politique de prévention dans notre pays. (…) On continue à privilégier la médecine de soins à visée curative au détriment de la prévention. (…) Ce qui signifie qu’en perpétuant cette politique, on persiste à ne pas vouloir prendre le mal à la racine, c’est à dire à ne pas entreprendre une politique environnementale d’envergure. On continue à fabriquer de nouvelles maladies. " Le Pr. Belpomme pense que cela serait possible en " associant de façon plus étroite les actions du ministère de l’Environnement à celles du ministère de la Santé, car environnement et santé sont liés ". Ce rapprochement irait dans le sens du concept de l’écologie sanitaire qui étudie les effets de l’environnement sur la santé.
" L’écologie n’est ni de droite ni de gauche, mais l’énorme responsabilité des partis de droite est qu’ils se trouvent (…) liés aux lobbies industriels et que, pour des raisons essentiellement politiques, ils continuent à soutenir ces lobbies qui n’ont pourtant d’autre objectif que de défendre leurs intérêts financiers. " Le concept de développement durable, né en 1972 à la conférence de Stockholm, cherche à rendre compatible la croissance économique avec le respect de l’environnement. Mais pour le Pr. Belpomme " le développement durable tel qu’il est appliqué aujourd’hui est un leurre, pas une solution. " La politique reste en effet basée sur la croissance économique. " Produire plus, augmenter la consommation de biens matériels, épuiser toujours plus les ressources naturelles, polluer sans égard pour l’effet de serre ni la santé, on ne veut pas percevoir qu’un jour il y aura une limite. "
 
Croissance ou décroissance économique ?
S’il est difficile d’admettre la décroissance, il devrait être possible de faire évoluer la croissance actuelle dont le critère est la quantité de biens produits. " Le plus tôt possible, il faudra que ce soit la qualité des biens. Ce qui revient à fixer le prix en fonction de la qualité de ce qu’on achète. "
 
Polluer, un crime contre l’humanité ?
" Le nouveau code pénal français de 1994 stipule que sont punis de la réclusion criminelle à perpétuité les actes suivants : le génocide, l’atteinte volontaire à la vie, l’atteinte grave à l’intégrité physique ou psychique, les actes entravant les naissances, le transfert forcé d’enfants, la déportation, l’esclavage, la torture… Il faut faire évoluer le droit et inclure la pollution comme crime contre l’humanité, puisque celle-ci, en attentant à la santé, attente à la vie, entrave les naissances et finalement risque de conduire l’humanité à sa perte. "
 
Comment s’en sortir ?
La situation serait désespérée sans le déclenchement des mécanismes de défense d’un corps sociétal qui réalise enfin qu’il est en danger. Le Pr. Belpomme croît dans la force de la société civile pour pousser les gouvernants à faire les réformes nécessaires.
Les intellectuels, les associations écologistes, les femmes feront évoluer les médias qui mettront la pression sur les hommes politiques et c’est l’Europe, pas les Etats-Unis, qui élaborera le monde de demain.
Enfin, et surtout, Le Pr. Belpomme mets sa confiance dans Jacques Chirac, " qui a une responsabilité politique sans précédent " puisqu’il s’agit de sauver l’espèce humaine.
Ce dernier chapitre suffira t’il à ruiner dans l’esprit du lecteur les 320 pages qui précédent ?
Ce serait dommage car, en fait, le Pr. Belpomme ne fait que se changer de vêtement : il quitte la blouse du médecin pour enfiler le costume cravate du notable ! Il essaie de faire face avec conviction à ses responsabilités d’expert auprès de la Commission européenne et à celle du " plan cancer " lancé pour marquer le présent quinquennat présidentiel. Nous lui souhaitons de réussir dans ces fonctions sans oublier que dans le monde politique, et en France en particulier, " les promesses n’engagent que ceux qui y croient ".
 
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
  1. Pr. Dominique Belpomme, Ces maladies créées par l’Homme, comment la dégradation de l’environnement met en péril notre santé, Editions Albin Michel S.A., Paris, 2004
  2. Association pour la Recherche en Thérapie Anti-Cancéreuse (ARTAC)
  3. Système de protection de l’organisme contre les infections
  4. Par exemple les radiations ionisantes
  5. Par exemple certains pesticides
  6. Estimation faite en 1981 aux Etats-Unis
  7. Par exemple l’alcool et la drogue
  8. Voir la note (2) ci-dessus
  9. Par cancer
  10. Soit environ cinquante ans, en gros depuis la seconde guerre mondiale
  11. Elles causent des mutations de nos chromosomes
  12. Elles perturbent le fonctionnement de l’organisme, la sexualité et la reproduction
  13. Elles provoquent des avortements ou des naissances anormales
  14. D. Belpomme oublie les camions dont le nombre se multiplie avec le développement anarchique du transport routier
  15. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP sont particulièrement nocifs
  16. Rappelons que pour les Pays de Savoie des incinérateurs fonctionnent pour le 73 à Aime (Bourg St Maurice), Chambéry, Macot (La Plagne) et pour le 74 à Chavanod (Annecy), Marignier (Cluses), Passy, Thonon-les-bains, plus Bellegarde qui bien que dans l’Ain traite des déchets du Faucigny et du Genevois.
  17. Membrane qui enveloppe les poumons
  18. Centre International de Recherche Contre le Cancer (CIRC)
  19. Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC)
  20. Les rayons ultraviolets
  21. Les épithéliomas communs et les mélanomes
  22. Capacité d’acquérir des connaissances sur les êtres et les objets de notre environnement
  23. Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH)
  24. Produit Intérieur Brut (PIB)
 
 
Qualité suisse.
Même si c’est indiscret, je ne peux pas m’empêcher de jeter un coup d’œil de temps en temps chez les voisins! J’y vois parfois des choses qui me font envie et d’autres qui font réfléchir. C’est ce qui arrive aux Savoisiens qui ont la curiosité de regarder ce qui se passe en Vallée d’Aoste ou en Suisse. L’autonomie régionale d’un côté, la démocratie participative de l’autre, ça fait trop envie pour ne pas regretter, par moment, d’être de ce côté de la frontière…
La Suisse, "ça en jette"! Les banques pleines de lingots, les boutiques de montres en or et de chocolat au lait, les grands voiliers blancs sur les lacs bleus… des images d’Épinal pour les petits Savoyards, d’accord, mais les Suisses ont bien d’autres raisons d’être fiers (un peu trop quelquefois) de leur pays. Même pour les poubelles, ce sont les meilleurs: champions du monde du tri des déchets, comme Roger Federer est champion du monde de tennis!
Les Suisses trient mieux…
Les 19 et 20 mai ils viennent de faire les "Journées coup de balai", deux jours pour se perfectionner dans la gestion des déchets: portes ouvertes dans les déchetteries, cours de compostage, fêtes populaires… avec gobelets recyclables. Pour entretenir les bons réflexes et améliorer encore les performances. Comme en sport. Résultat: la Suisse a rejoint l’Autriche en tête en atteignant le taux record de 50% de recyclage des déchets. L’Allemagne et les Pays-Bas dépassent les 40%... et la France plafonne à 18%. La conséquence est bien connue: tout ce qui n’est pas trié et recyclé doit être incinéré (42%) ou mis en décharge (40%) et contribue à la pollution de l’environnement. Bravo la France!
En France le taux de 50% de recyclage est un objectif pour dans 10 ans, selon le Directeur de l’Agence de l’environnement (Ademe)… mais quelle politique soutient encore des objectifs à 10 ans? "Après moi le déluge" n’est-il pas le mot d’ordre de nos gouvernants?
Mais comment font-ils, les Suisses? Rien de compliqué: les municipalités organisent des actions de sensibilisation, des interventions dans les écoles, des permanences téléphoniques. En outre plusieurs cantons font payer 1 franc plus cher les sacs (obligatoires) destiné aux déchets non triés, qui ont depuis diminué de 30%. C’est tout et ça suffit pour un peuple attentif depuis longtemps aux problèmes écologiques, sauf que… il reste un problème!
Les Suisses jettent plus!
C’est un problème de pays riche: plus on est riche plus on produit de déchets. La Suisse est l’un des premiers producteur de déchets d’Europe: 695 kg par habitant et par an, contre 580 kg en moyenne pour l’Europe et 560 kg pour la France qui fait (pour une fois) mieux que la moyenne. Ce qui fait déborder les poubelles en Suisse, comme ailleurs, ce sont les emballages, à cause de fabricants peu motivés par leur réduction ou l’utilisation de matériaux biodégradables. Même la taxe de deux centimes d’euros payée par les fabricants en France pour chaque emballage est inopérante: ils représentent 40% des déchets.
À moins que la baisse du niveau de vie des Français soit suffisante pour réduire les déchets… il faudra bien trouver une autre solution, car comme les champions du recyclage ne s’en sortent pas, dans 10 ans la France se retrouvera au même niveau que la Suisse maintenant!
Recycler ET réduire.
Pour en sortir, il faudra attaquer les emballages par les deux bouts de la chaîne: par les fabricants et par les consommateurs.
Taxer les entreprises qui commercialisent les emballages, comme c’est fait en France, ne sert à rien d’autre qu’à financer une petite partie du coût de la destruction (polluante) des emballages. La taxe devrait, pour être efficace, conduire les fabricants à utiliser des matériaux recyclables ou biodégradables (ils en seraient alors exemptés) ou leur faire payer le coût réel de la destruction et de la dépollution suivant le principe du pollueur-payeur.
Répartir également entre tous les ménages le coût du traitement des déchets par l’impôt, comme c’est fait aujourd’hui en France, est scandaleusement injuste et n’incite pas à réduire les déchets, en particulier les emballages. Quand on paye la même chose, qu’on trie ou pas, qu’on jette beaucoup ou peu, pourquoi se compliquer la vie? Là aussi le ménage pollueur doit payer plus que celui qui limite ses achats de produits emballés et qui fait l’effort de trier ses déchets. Le procédé suisse est simple et efficace, pourquoi ne pas l’adopter dans votre commune? Parlez-en à votre Maire...
Pierre Ottin Pecchio
 
 

 

 

 

 

ÉCOnomies: chasse au Gaspi!
 
Avec l’augmentation vertigineuse du prix de l’essence et du gazole depuis un an, personne ne peut plus ignorer qu’il y a un problème d’approvisionnement en énergie. Les prix montent car la demande augmente fortement alors que les ressources sont limitées, comme pour toutes les sources d’énergies dites fossiles (pétrole, gaz, charbon). Les experts sont d’accord: il s’agit d’une crise durable car ce n’est pas avant longtemps que les énergies renouvelables seront capables de prendre le relais. Le dérèglement climatique, par ailleurs, imposera une réduction de la consommation des énergies fossiles.
La solution proposée par Jean-Marc Jancovici et Albert Grandjean dans leur livre Le plein s’il vous plaît! est de faire baisser progressivement la consommation par l’augmentation régulière de la taxe sur l’énergie non renouvelable (voir Le Savoisien n°13, p.12). Donc d’augmenter les prix encore plus vite, alors que les revenus stagnent ou régressent!
Qu’on l’aime ou pas, la chasse au Gaspi va devenir un sport obligatoire, sauf pour quelques rares privilégiés. Comme tout le monde n’est pas chasseur, voici quelques conseils aux débutants…
 
Gaspi voiture.
 
Marcher ou pédaler plutôt que de prendre la voiture pour 5 minutes: 40% des déplacements font moins de 2 km et 95% des conducteurs sont seuls à bord.
Prendre le bus: un bus plein remplace 40 voitures et économise 100.000 litres de carburant par an… alors qu’un bus vide vous coûte de l’argent en impôts locaux.
Moins de carburant consommé = moins de pollution = moins de dépenses.
 
Gaspi électricité.
 
Éteindre la lumière dans les pièces où il n’y a personne: trois pièces éclairées consomment autant d’électricité qu’un réfrigérateur.
Remplacer les ampoules ordinaires, les ampoules à décharge consomment 5 fois moins.
Éteindre la télé et l’ordinateur au lieu de les laisser en veille quand ils sont inutilisés.
Débrancher le chargeur des batteries du téléphone portable s’il est inutilisé.
Fermer les plaques électriques avant la fin de la cuisson: elles chauffent encore pendant un quart d’heure.
Mettre un couvercle sur les casseroles: 30% d’énergie en moins pour le même résultat.
Laver le linge seulement quand la machine est complètement remplie, à basse température avec le programme court.
Moins d’électricité consommée = moins de pollution = moins de dépenses.
 
Gaspi eau.
 
Prendre une douche (30 litres d’eau) plutôt qu’un bain (200 à 300 litres): une douche tiède coûte 20 fois moins qu’un bain brûlant.
Équiper votre WC d’une chasse d’eau avec économiseur.
Fermer le robinet pendant que vous faites la vaisselle ou que vous vous brossez les dents.
Récupérer l’eau de pluie pour arroser le jardin ou utiliser un arrosage goutte à goutte.
Moins d’eau consommée = moins d’eau polluée = moins de dépenses.
Gaspi chauffage (pour cet hiver).
Isoler le toit, les combles et les murs extérieurs: 10 à 20% d’économie de chauffage.
Faire la chasse aux courants d’air par les portes et les fenêtres: calfeutrez-vous.
Installer un double vitrage aux fenêtres.
Chauffer moins : 19° maximum, moins en s’habillant davantage.
Fermer les volets pendant la nuit pour réduire la déperdition de chaleur par les fenêtres.
Moins de combustible ou d’électricité = moins de pollution = moins de dépenses.
Manifestez votre solidarité avec les Savoisiens en adressant au Journal vos recettes de chasse au Gaspi. Merci pour eux!
 
Pierre Ottin Pecchio
Union Santé Contre Pollution
 
 
 
 
 
 
Pesticides: un nouveau plan très médiatique.
 
Le gouvernement Villepin continue à avoir de l’audace pour fixer des objectifs ambitieux et faire des annonces fracassantes… qui n’ont aucune chance d’être suivies d’effets autres que médiatiques. Faire des titres dans les journaux: voilà le but recherché!
Depuis des années la France tient la place peu enviable de troisième consommateur de pesticides au monde, des produits chimiques destinés à améliorer le rendement des cultures, qui sont utilisés principalement par les grandes exploitations agricoles. Ils sont malheureusement nocifs: ils représentent 50% des risques en santé-environnement (la santé des agriculteurs en premier) et sont très persistants. La conséquence de leur utilisation massive depuis des années c’est qu’il y en a partout: dans les aliments, le sol, l’air et l’eau. Rappelons les chiffres officiels: 80% (quatre-vingts pour cent!) des eaux de surface sont contaminées et 57% (seulement!) des eaux souterraines, qui nous fournissent l’eau de boisson.
Mais que fait le gouvernement? Un nouveau plan interministériel présenté le 28 juin par les ministres de l’agriculture et de l’écologie pour réduire de moitié d’ici à 2009 (en seulement trois ans?) la vente des substances les plus dangereuses. C’est la preuve pour le directeur de l’eau au ministère de l’écologie que les pouvoirs publics "cessent de se voiler la face" bien qu’il déplore d’avance que le prochain bilan montrera une nouvelle détérioration. À part quelques petites mesures bienvenues (renforcement des contrôles de résidus, réforme de la procédure d’autorisation des nouveaux pesticides, etc.) une taxe devrait être votée avec la future loi sur l’eau… mais son examen a été une nouvelle fois reporté.
Pour l’essentiel ce "nouveau" plan Pesticides ne fait que prolonger les mesures en vigueur qui ont déjà montré qu’elles étaient inefficaces. Pire, il laisse tout le pouvoir de décision au ministère de l’agriculture, toujours plus soucieux de défendre les intérêts du lobby agricole que de protéger l’environnement! Il n’est absolument pas question d’un partage de la tutelle des pesticides avec les ministères de la santé et de l’écologie… À votre santé!
Pierre Ottin Pecchio.

 

 

 
 
 
 
La vallée de l’Arve mobilisée sur les déchets.
Par Pierre Ottin Pecchio, Union Santé Contre Pollution
 
Les efforts de quatre associations et l’appui de la FRAPNA ont permis la réunion à la mairie de Cluses d’une assistance nombreuse pour la conférence donnée par M. Dany Dietmann le 12 octobre.
Mr Dietmann est biologiste et maire d’une petite commune alsacienne qui côtoie une énorme décharge à ciel ouvert. Comme lui-même, ses administrés sont donc sensibilisés depuis longtemps à des nuisances, ce qui leur a permis de conduire depuis 1991 une expérience exemplaire pour le tri, la collecte et le traitement des déchets.
Tout commence par le tri à domicile qui permet de séparer facilement, dès l’origine, ce qui ne peut plus l’être que difficilement et coûteusement ensuite. La collecte séparée des produits triés permet par la pesée des poubelles de ne faire payer à chaque ménage que le traitement de ce qu’il jette. Le traitement consiste à valoriser tout ce qui a une valeur et à n’incinérer ou mettre en décharge que le minimum. Tout comme Arnold Schwartzeneger, gouverneur de l’Etat de Californie… Mr Dietmann recycle à 80% tandis que l’État français (et la vallée de l’Arve) plafonne à un très médiocre 20%.
Cette priorité au tri est devenue une nécessité impérieuse pour réduire du même coup le coût et la pollution : jusqu’en 2000 on se croyait dans une société d’abondance où l’on pouvait gaspiller des produits, par exemple en les brûlant dans des incinérateurs ; depuis 2002 on a compris qu’on vivait dans une société de pénurie où il faut réutiliser et récupérer tout ce qui peut l’être. Pourquoi brûler du plastique quand il peut servir à fabriquer du pétrole, comme cela se fait déjà en Allemagne ?
Du coup, il n’y a plus de déchets ! Ce sont des " matières secondaires " qui prendront de plus en plus de valeur au fur et à mesure de l’augmentation des matières premières qui se raréfient : le cours du plastique récupéré à partir des bouteilles en plastique est passé en six mois de 106 €/t à 191 €/t.
Du coup il y a moins de pollution par les incinérateurs dont l’activité est réduite de 60%, il y a réduction de l’effet de serre, et donc du réchauffement climatique. Il y a moins de pollution par les rejets dangereux des incinérateurs dans l’air, par les mâchefers et refioms dans les décharges.
Du coup les ménages font des économies car le bénéfice du recyclage se déduit des coûts de collecte et de traitement, eux-mêmes en diminution.
Moins de pollution et moins de dépenses inutiles : voilà le message de M. Dietmann à Cluses " Trier c’est économiser la matière plutôt que de payer pour la détruire ".
Souhaitons que ce message ait été reçu 5/5 par M. Martial Saddier, député-maire de Bonneville, ainsi que par M. Raymond Mudry, Conseiller général, maire de Marignier et Président du Sivom qui gère l’incinérateur de Cluses-Marignier. Ils avaient la chance d’être présents au milieu de 150 à 200 habitants de la vallée de l’Arve qui, eux, n’oublieront pas la leçon du Professeur Dietmann.
 
 
C.E.C. = 3015
POP 13/10/2006
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